Paru en 2008, "Madman Bovary" est un roman de l'écrivain français Christophe Claro, également auteur d'"Eloge de la vache folle", "Bunker anatomie" ou plus récemment de "CosmoZ".
Comme je l'ai signalé il y a quelques jours, j'avais prévu de clôturer mon "cycle Bovary" par la lecture de "Madman Bovary".
Hélas, dès les premières pages, j'ai rapidement senti que ce roman n'était pas du tout fait pour moi.
Pourtant l'idée de départ de ce détournement littéraire avait tout pour me tenter : l'histoire d'un homme qui, suite à sa rupture avec une certaine Estée, décide de se replonger dans une énième lecture de "Madame Bovary", avec l'espoir de se guérir de son chagrin d'amour.
" Tout prendre d'Emma, donc, lui faire payer Estée, l'étriller, la plier, l'engueuler, l'aider à ravaler jusqu'à mon nom. La sommer. Pardon, Emma, mais c'est comme ça, ici-là, que ça se passe, que ça va désormais se passer. Le choix, je ne l'ai pas." p.41
Une belle illustration du pouvoir de la lecture et des résonances que peuvent avoir certaines oeuvres dans nos vies, me disais-je.
Etant fraîchement sortie du roman de Flaubert, je m'attendais à retrouver certaines de mes impressions de lectrice.
Or rien ne s'est passé avec ce roman. Si j'ai bien compris que l'intention du narrateur était de se glisser dans les moindres recoins de "Madame Bovary", allant jusqu'à se substituer au chapeau de Charles, à la jambe fracturée du père Rouault ou à la cravache d'Emma, je suis restée complètement hermétique au "trip" de l'auteur.
J'ai buté sur chaque mot - incapable de suivre le fil de cette écriture vertigineuse - pour finalement jeter l'éponge page 74.
Il serait difficile et quelque part injuste de ma part de vous dissuader d'une lecture que je n'ai à l'évidence pas comprise ( et abandonnée de surcroît) ...
En revanche, je vous encourage vivement à feuilleter ce roman en librairie afin d'évaluer si son style particulier est en mesure de vous plaire...
"Le fait est que depuis quelques pages - faute de m'échapper enfin de ces flammes bovaryennes qui peinent à me réchauffer - je me découvre un talent nouveau, ou ancien, peu importe, car c'est un chouette talent : celui d'entrer dans le corps d'Emma et d'en sortir, à ma guise, afin d'y pondre des pensées que mon sperme spectral viendra féconder, ou d'y faire des vagues, en surfeur aveugle mais adroit, musclé, chic, c'est facile, le corps d'Emma n'est pas aussi étriqué qu'il y paraît, même s'il est vide et vain.
Il a en outre l'avantage de ne comporter ni proviseur ni pupitre ni casquette ni ridiculus sum.
Certes, j'y croise des vestiges de ses navrantes lectures, des crottes de Paul, des ongles de Virginie, des charbons laissées par une maisonnette en bambou, ainsi que le cri muet du nègre Domingo ou la queue pleine d'allégresse du chien fidèle mais surtout l'amitié douce de quelque bon petit frère qui va chercher pour vous des fruits rouges dans des grands arbres plus hauts que les clochers ou qui court pieds nus sur le sable - mais ce n'est rien, vraiment, en comparaison de la bande-son qui y braille.
Oui, le corps d'Emma est une discothèque de province, c'est le Louxor, le Tremplin, le Wake Up ou le Pim's, bref, un de ces night-clubs où il fait bon s'ébattre et suer sans pour autant recommencer les guerres du Péloponnèse. " p.45
" Charles refile sa bimbo à un boyz givenchysé et va se commander un london breeze (50ml de vodka 02 givrée, 15ml de vin muscadet, raisins sans pépins blancs svp !), puis, un pouce pressé contre une narine, fait signe à Emma de le suivre aux toilettes, ça tombe bien, elle connaît le chemin, cinq minutes plus tard les voilà tout empoudrés du cervelet, leurs cell-phones Vertu à boîtier platine sertis d'armoiries en rubis (dont la composition en céramique est similaire à celle des navettes spatiales) se sont allègrement bloothoothé la fente APN, il lui plaît, elle lui plaît, ils retournent au bar, exigent en reniflant deux quarter deck (2cl de crème de cerise, 1cl de cointreau, 2cl de rhum, 10cl de jus d'orange + 3 traits de citron vert, frappez le tout svp !) et s'entre-tâtent. Autour d'eux on cause affaires, on se fait des niches dans le dos, on s'excite d'avance à la gaieté, on rit sur Nirvana." p.49
Un peu "space" en effet, je ne connaissais pas, alors merci pour les extraits...
RépondreSupprimerEt pour moi, claro est celui qui traduit certains volumes de la collection lot49 au cherche midi (il s'en occupe aussi, j'ai oublié). Donc voilà.
j'ai l'impression que nous sommes nombreuses en ce moment à peiner sur certains livres ! serions-nous devenues trop exigeantes ?
RépondreSupprimerJe vais feuilleter oui, sur ton conseil puisque je ne connais pas ce livre, mais pas franchement emballée par le principe.
RépondreSupprimerce roman m'intrigue grâce à ton billet, je l'ajoute à la LAL ;)
RépondreSupprimerJe vais m'écarter de ce livre alors!
RépondreSupprimerJe préfère relire Flaubert!
Comme tu sais, j'attendais ton avis sur cette sortie en poche. Et bien malgré tes bémols, tu me donnes envie de le lire ; il ne me reste plus qu'à l'acheter.
RépondreSupprimerAnne (De poche en poche)
Euh drôle de publication des éditions Actes Sud ! Je crois qu'il n'est vraiment pas fait pour moi, et déjà que j'ai une histoire compliquée avec Emma, je n'ai pas intérêt à tenter le diable :)
RépondreSupprimerJe dois dire que l'idée ne me plaisait pas des masses mais alors là le style ... Je comprends que tu aies abandonné, j'ai eu du mal à tenir pour lire les extraits en entier :-D
RépondreSupprimerJe me souviens de ce livre un peu space, à la mise en page, disons... particulière! Est-ce que l'édition Babel a pu reprendre cela? Je me souviens aussi d'avoir renoncé à en parler sur mon blog: trop tordu... A noter que l'auteur est aussi traducteur.
RépondreSupprimer@Keisha : il est effectivement traducteur pour cette collection.
RépondreSupprimer@George : peut-être, qui sait ;) En tout cas et vu tout ce qu'il me reste à lire dans ma bibliothèque, je ne m'acharne plus à terminer un livre qui ne me plaît pas un minimum.
@Emmyne : j'aimais bien l'idée de départ mais l'écriture est trop laborieuse.
@Niki : pense quand même à le feuilleter avant achat, je dis ça je dis rien ;)
@Mango : moi aussi au final !
@Anne : même remarque que pour Niki ;)
@Lou : oui j'ai omis de le préciser mais pour pouvoir un minimum entrer dans ce livre, il vaut mieux avoir apprécié "Madame Bovary" ou au moins l'avoir lu ^^
@Manu : et encore, là j'ai mis des extraits que j'avais compris ^^
@Daniel : tu penses au chapitrage inégal et parfois dans le désordre ? Rien d'autre à signaler à part ça.
Tu me vois soulagée de constater que je ne suis pas la seule à m'être égarée dans ce roman ;)
Je viens tout juste de l'acheter, donc je ne lis pas ton billet pour ne pas être influencée. Mais je viendrai le lire dès que je l'aurai lu de mon côté !
RépondreSupprimerJe me suis laissée avoir par le titre. Les méfaits de la lecture globale....
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