Nouvelle rédigée en 1941 alors que Zweig s'était exilé au Brésil, "Le Joueur d'échecs" dresse le portrait de deux hommes foncièrement différents qui s'affrontent lors d'une partie d'échecs.
Le narrateur, sans aucun doute Zweig lui même, embarque pour une croisière de 5 jours à destination de Buenos Aires.
Ayant eu vent de la présence à bord de Mirko Czentovic, champion du monde des échecs, il tente tant bien que mal d'approcher cet homme intriguant dont la vie tourne exclusivement autour de l'échiquier et de ce qu'il peut lui rapporter.
C'est grâce à la proposition de MacConnor, un homme riche et vaniteux, que le narrateur parvient à attirer l'attention de Czentovic disposé à jouer une partie pour autant qu'elle soit monnayée.
Alors que le champion mondial semble gagner la partie, un homme surgissant de nulle part intervient en faveur de MacConnor et réussit à mettre les deux hommes à égalité.
Mais une autre partie s'organise alors.
Qui est ce Mr B.? Quelle est son histoire? Comment cet homme, qui dit n'avoir plus côtoyé un échiquier depuis 20 ans, pourrait-il battre le meilleur joueur du monde?
Stefan Zweig s'est toujours fortement intéressé à la psychologie humaine. Dans "Lettre d'une inconnue", il mettait en scène l'imaginaire féminin à travers les confidences d'une femme dévorée par une passion extrême.
On retrouve dans "Le Joueur d'échecs" ces thématiques si chères à Zweig que sont le secret et la passion.
" Les monomaniaques de tout poil, les gens qui sont possédés par une seule idée m'ont toujours spécialement intrigué, car plus un esprit se limite, plus il touche par ailleurs à l'infini." p.23Bien que le récit s'ouvre sur la description de Czentovic, c'est en glissant progressivement vers le portrait de Mr B. que l'auteur amorce le suspense de cette nouvelle.
Un témoignage qui dévoile au lecteur une autre facette des méthodes nazis que les camps de concentration. Une histoire d'enfermement, de solitude et de folie tantôt endiguée tantôt déclenchée par le jeu d'échecs.
Je suis décidément toujours aussi épatée par la capacité d'analyse de Zweig ainsi que par sa faculté à retranscrire aussi finement toutes les subtilités du genre humain.
Une magnifique nouvelle, à (re)lire si ce n'est pas encore fait!
Extrait :
" Je n'entendais jamais une voix humaine. Jour et nuit, les yeux, les oreilles, tous les sens ne trouvaient pas le moindre aliment, on restait seul, désespérément seul en face de soi-même, avec son corps et quatre ou cinq objets muets : la table, le lit, la fenêtre, la cuvette.
On vivait comme le plongeur sous sa cloche de verre, dans ce noir océan de silence, mais un plongeur qui pressent déjà que la corde qui le reliait au monde s'est rompue et qu'on ne le remontera jamais de ces profondeurs muettes.
On n'avait rien à faire, rien à entendre, rien à voir, autour de soi régnait le silence vertigineux, un vide sans dimensions dans l'espace et dans le temps. On allait et venait dans sa chambre, avec des pensées qui vous trottaient et vous venaient dans la tête, sans trêve, suivant le même mouvement.
Mais, si dépourvues de matière qu'elles paraissent, les pensées aussi ont besoin d'un point d'appui, faute de quoi elles se mettent à tourner sur elles-mêmes dans une ronde folle." p.52
D'autres avis sur Blog-O-Book
Un vrai coup de coeur :)
RépondreSupprimerJ'aime bien Stephan Zweig et je n'ai jamais lu cette nouvelle. A découvrir !
RépondreSupprimerJe rejoins Celsmoon : quelle histoire !
RépondreSupprimerMon préféré de cet auteur !
RépondreSupprimerJe me demande si ce n'est pas mon Zweig préféré! Je l'adore!
RépondreSupprimerEncore un incontournable que je n'ai jamais lu... Je ne m'étais jamais réellement penchée sur l'histoire mais ton résumé me donne vraiment envie d'en savoir plus.
RépondreSupprimer@Celsmoon : Pour moi aussi!
RépondreSupprimer@Marie : Tu ne seras pas déçue je pense!
@Bouh : Oui, très concise et pourtant tout y est!
@Leiloona et Mango: J'attends d'en lire d'autres avant de me prononcer ;)
@Emma : Je n'ai jamais lu d'avis négatifs sur cette nouvelle, elle est très bien écrite et qui plus assez courte donc tu ne prends pas grand risque ;)
Il faut que je le lise, j'adore la finesse psychologique de Zweig... Merci du rappel !
RépondreSupprimerUn Classique que je n'ai toujours pas lu!!!
RépondreSupprimerMon défi tombe à pic! ;)
Je viens d'alourdir ma PAL de deux nouveaux Folio 2€...
C'est sans aucun doute l'un de ses romans que je préfère chez Zweig ! Et je suis très subjective, car j'adore Stefan Zweig ... C'est l'auteur que je place au-dessus de tous les autres ! Il a un talent exceptionnel et unique pour capter la psychologie humaine et la retranscrire dans ses romans, biographies, essais.
RépondreSupprimerlacune, lacune...
RépondreSupprimer@kathelh : de rien ;)
RépondreSupprimer@Mariel : ils seront rapidement écoulés ;)
@Nanne : oui je dois dire que je n'ai pas encore été déçue!
@Choco : lecture, lecture...^^
C'est la seule oeuvre de Stefan Zweig que j'aie jamais lue, et elle m'avait beaucoup plu. A relire dès que j'ai l'occasion, merci de me la rappeler !
RépondreSupprimerJe l'ai lu il y a quelques années. C'est un bon auteur.
RépondreSupprimer@Nathalie : c'était une relecture pour moi aussi et je n'ai pas été déçue!
RépondreSupprimer@Loizo : effectivement et j'ai hâte de découvrir ses autres nouvelles!
Tout à fait d'accord! Mais je suis super vendue à Zweig de toute façon!!
RépondreSupprimer@Karine:) : comme je te comprends!
RépondreSupprimerJ'ai adoré ce titre ! Splendide !
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