"Mise en bouche" est une nouvelle principalement centrée autour de deux personnages : Carole, une institutrice fraîchement plaquée par son mari et mère de deux enfants, et Mr X (son nom ne nous est pas indiqué), père célibataire et narrateur de l'histoire.
Le narrateur nous confie à quel point il souhaiterait se rapprocher de Carole laquelle, encore trop fragilisée et en colère contre son mari, repousse ses invitations.
Un matin, alors que tous deux accompagnent tardivement leurs enfants à l'école maternelle, ils se retrouvent coincés au beau milieu d'une prise d'otages orchestrée par un homme recouvert d'explosifs.
Commence alors un huis clos qui sera peut-être l'occasion idéale pour Carole et le narrateur de faire face à leurs sentiments.
L'histoire se terminera-t-elle bien pour tout le monde?
"Mise en bouche" fut rédigée sur base d'un fait réel dont beaucoup se souviennent sans doute, bien que datant de 1993 : la prise d'otage d'une école maternelle à Neuilly sur Seine par un homme surnommé "Human Bomb".
Or, la différence majeure qui distingue cette fiction de la réalité est que le preneur d'otages ne revendique absolument rien si ce n'est de l'argent, ce qui permet à l'auteur d'éliminer l'aspect politique de son récit pour le centrer uniquement sur l'intimité naissant entre le narrateur et l'institutrice.
En cela, on pourrait dire que la prise d'otages n'est en fait qu'un prétexte visant à montrer à quel point les situations extrêmes peuvent faciliter le rapprochement entre individus.
Mais ce que je n'ai pas aimé dans cette nouvelle, c'est la façon dont l'auteur tourne le preneur d'otages au ridicule, faisant de lui un homme très coulant pour ce qui est des allées et venues des otages, peu méfiant finalement vis-à-vis des autorités et qui se laisse attraper facilement (voir extrait 1).
Et puis, soyons logiques deux secondes, je serais preneuse d'otages (oui on ne sait jamais ce que la vie nous réserve), jamais je ne penserais à préparer des sandwiches à l'avance sachant que les flics seront mes livreurs officiels de pizzas pour les heures à venir!
Je n'ai pas non plus perçu comme crédible la trop grande liberté accordée au narrateur et à l'institutrice. C'est tout juste si ils ne pouvaient pas s'envoyer en l'air sous le nez du preneur d'otages alors que les enfants et les autres profs dormaient juste à côté.
Le changement d'attitude de Carole est, selon moi, trop expéditif. Celle-ci passe en effet, en l'espace de quelques heures, de la résignée à la nymphomane pour le grand plaisir du narrateur. Tous deux échangent des paroles souvent dignes des plus grands Harlequin au point que j'ai pensé renommer cette nouvelle "Mise en bouche (voire plus si affinités)" (voir extrait 2)
L'écriture est assez familière mais cet aspect ne m'a pas semblé dissonant compte tenu de la tension ambiante et des agissements des personnages.
La fin est, malgré une légère surprise, assez téléphonée. L'auteur se "suicide" d'ailleurs par sa dernière phrase : " Ce film-là aussi, je l'avais déjà vu cent fois".
Bref, je n'ai pas vraiment eu le temps de m'ennuyer avec un récit aussi court mais j'ai été dérangée par plusieurs éléments qui ont rendu cette lecture quelque peu surréaliste.
Extraits :
" Le jour baissait et j'observais deux types qui installaient un projecteur sur le toit voisin lorsque, accompagné d'un Ribeiro affichant un air sombre, le journaliste qui présentait le journal du soir a fait son apparition.
Il était très excité. D'emblée, au premier coup d'oeil, il a trouvé que le décor était parfait, que tout était encore mieux qu'il ne l'imaginait, les enfants, leurs souliers défaits, nos têtes d'otages aux traits tirés, nos teints blêmes et l'effrayante cagoule de l'homme derrière laquelle dansaient des yeux noirs et une bouche que la tension pinçait.
Il envisageait d'employer plusieurs caméras, de faire venir des électros et une fille pour le repoudrer, mais l'homme a dit : "Ca va faire beaucoup de monde, votre histoire. Alors si c'est comme ça, j'en sais rien." " p.41
" Nous étions conscients, elle et moi, que rien ne serait réglé, que rien n'aurait une signification quelconque tant que nous ne serions pas sortis de cet enfer et n'aurions pas eu de vraie nuit à nous, de vraie nuit avec l'esprit tranquille.
" Parce que moi je ne me reconnais plus, m'a-t-elle avoué en tirant sur les boutons de ma braguette. Ca ne me ressemble vraiment pas."
A ces mots, comme si mon pantalon contenait des braises, elle a interrompu brusquement sa besogne et s'est recroquevillée sur une mousse en se mordant le poing.
Vous ne m'aidez pas, a-t-elle gémi. Vous n'avez pas pitié de moi." " p.55
Là par contre, je ne craque pas du tout ! Ton avis mitigé m'incite à passer mon tour pour ce livre.
RépondreSupprimerBonne journée Cynthia !
Le bouquin a l'air d'avoir pas mal d'incohérences et de bizarreries! Ça méritait peut-être d'en faire un livre, l'auteur aurait eu le temps de faire évoluer ses personnages.
RépondreSupprimerDe Philippe Djian, j'ai lu récemment et bien aimé "Impardonnables"... mais celui-ci, je ne le noterai pas, les extraits m'ont suffi ! ;-)
RépondreSupprimerCe n'est pas non plus avec ce récit-là que j'aimerai cet auteur dont le livre "Impardonnables" m'a ennuyée cet été!
RépondreSupprimer@Marie : je crois en effet que tu ne manques pas grand chose^^
RépondreSupprimer@Bouh : oui je ne l'ai pas trouvé très crédible...Un roman je ne sais pas mais la bd existe!
@Kathel : Oui, je n'en ai mis que deux mais j'aurais pu en ajouter.
Je me laisserai peut-être quand même tenter par "Impardonnables" pour autant que son contenu ne soit pas à l'image de son titre ;)
@Mango : bon je le lirai mais pas tout de suite^^
J'aime bien un Philippe Djian de temps en temps mais le problème, c'est que je ne les aime pas tous, et celui-là, vu ce que tu en dis, je ne pense pas qu'il me plaira...
RépondreSupprimerPas lu ce roman mais l'adaptation qui en a été faite en Bd et j'en garde un plutôt bon souvenir. Mais je ne saurais plus dire si l'auteur a gardé les qqs éléments qui t'ont dérangé...
RépondreSupprimerJe n'ai encore rien lu de cet auteur mais j'ai depuis peu un de ses livres dans ma PAL...
RépondreSupprimer@Ys : certains éléments ne sont vraiment pas crédibles selon moi donc je ne me verrais pas conseiller cette lecture.
RépondreSupprimerPour ma part, je n'ai pas d'autre point de comparaison avec un autre opus de l'auteur:/
@Choco : sans doute que oui mais peut-être passaient-ils mieux en bd (?)
@Géraldine : peut-être sera-t-il mieux que celui-ci ;)
Jamais lu Djian mais j'ai "Impardonnable" dans ma PAL. Je ne sais pas pour celui-ci. Tu soulèves des points intéressants.
RépondreSupprimerJ'ai lu l'adaptation BD et ouais bof bof. J'ai pas trop accroché. Pour le roman je ne sais pas mais la bd m'a découragé de toute manière. L'histoire de la prise d'otage me fait un peu trop penser à notre président... c'était énervant.
RépondreSupprimer@Manu : Je lirai ton billet sur "Impardonnables" dès que tu l'auras lu ;)
RépondreSupprimer@Kactusss : je me disais que l'histoire passait peut-être mieux en étant mise en images (pour distraire du texte) mais apparemment ça n'est pas le cas^^
Oui j'ai revu le jt de l'époque, il jouait vraiment au superhéros...
tu as HB de thierry lenain sur ce sujet. j'ai eu l'occasion d'écouter un conteur qui racontait cette histoire, j'en avais la chair de poule. si tu as l'occasion de jeter un oeil sur cet album!
RépondreSupprimer@Emeraldae : Je vais me renseigner, merci ;)
RépondreSupprimerJ'ai lu Doggy Bag saison 1 de cet auteur et j'ai détesté, de chez détesté!
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