"L'enfant sans nom" est le premier roman de l'américaine Amy MacKinnon, publié en 2008 aux USA et paru cette année aux éditions 10/18.
Clara Marsh exerce la mystérieuse profession de thanatopractrice. Mais la mort n'est pas seulement son métier, c'est tout un univers dans lequel elle a trouvé refuge et qu'elle ne quitte que pour retrouver son jardin qu'elle entretient avec passion.
La jeune femme passe donc le plus clair de son temps entre les plantes et les morts auxquels elle administre les derniers soins de rigueur : habillement, maquillage, coiffure, sans oublier le petit bouquet choisi par elle avec attention. Une sorte de dernier hommage.
Clara respecte à ce point la mort qu'elle ne souffre qu'on la dérange, estimant là qu'il ne sert à rien de déterrer des êtres ayant suffisamment souffert de leur vivant.
Aussi, quand l'inspecteur Sullivan vient à lui reparler du meurtre d'Aimée X, une petite fille retrouvée morte 3 ans auparavant, la jeune femme décide de ne pas lui révéler qu'une tache de naissance dont elle seule eut connaissance aurait pu facilement identifier "l'enfant sans nom".
Mais la petite Trecie disparaît à son tour dans les mêmes circonstances. Clara est bien décidée à la retrouver, quitte à revoir certains de ses principes...
Découvrir "L'enfant sans nom" c'est accepter d'entrer dans un univers singulier où les morts tiennent une place de choix parmi les vivants. Clara Marsh fait partie de ces êtres qui se partagent entre deux mondes : la mort symbolisée par le funérarium, lieu de travail et domicile (elle vit à l'étage du dessus), et l'autre formé par son jardin et sa serre, "cette pièce (qui) est du côté de la vie".
Hormis le propriétaire du funérarium et son épouse qui lui tiennent lieu de famille, la jeune femme laisse peu de place aux vivants dans son quotidien. Clara est une femme mystérieuse qui traîne derrière elle un lourd passé. Elle nous apparaît comme extrêmement sensible et angoissée et l'on devine au fil des pages que de terribles événements l'ont traumatisée et littéralement éteinte.
" Tous les jours, au boulot et dans ma vie, je dois en quelque sorte redresser les torts commis par d'autres. Et la plupart du temps, ce monde, mon monde, est tellement accablé de maux que parfois j'ai du mal à faire confiance aux gens bien." p.256
Le quotidien de Clara va basculer le jour où la petite Trecie, qui lui fait étrangement penser à elle plus jeune, disparaît. Commence alors une enquête qui fera ressurgir en Clara beaucoup de souvenirs enfouis et des angoisses, autant de démons intérieurs contre lesquels elle peine à lutter.
Au delà de l'enquête sur la disparition de Trecie, ce roman nous entraîne dans la quête de Clara et nous fait comprendre pourquoi cette jeune femme s'est tant repliée sur elle-même.
Mais malgré le portrait dressé ici, je ne parlerais toutefois pas de roman macabre. Voilà une femme anesthésiée par la mort dont elle a fait son univers mais pour laquelle elle n'éprouve aucune fascination. Il y a cette part de vie en elle, son désir de sauver cette petite fille, ses fleurs (dont elle détaille chacune des significations) et son attirance pour un homme qui nous laissent croire qu'elle dispose encore d'une chance d'être heureuse pourvu que la bonne personne lui tende la main.
Finalement, j'ai trouvé l'enquête bien dérisoire et même très convenue. Je crois que ce roman vaut surtout la peine d'être lu pour la finesse apportée dans la psychologie du personnage de Clara.
Les chapitres se partagent entre l'enquête et les souvenirs de la jeune femme mais on ressent très vite quel aspect domine le roman, d'autant que le narrateur n'est autre que Clara.
Bref, si vous cherchez une intrigue avec gros rebondissements à la clé, passez votre chemin.
En revanche, si c'est un roman d'ambiance (particulière certes) qui vous fait envie, je vous le recommande chaleureusement !
" - Alors, vous croyez à quoi?
Je regarde de nouveau la boîte, puis par la fenêtre, l'entrée de service du funérarium, et plus loin le cimetière de Colebrook :
- Je crois que c'est important de respirer.
Mike relève tout à coup la tête, et ses yeux s'accrochent à moi. Je voudrais me retourner, mais il tire fermement sur le lien qui nous rattache.
- Respirer?
- Oui.
Je ne sais pas pourquoi je continue, mais personne ne m'a jamais posé la question et c'est tout ce que je puis lui répondre.
- Quand on se concentre sur sa respiration, on a juste conscience de l'instant. Et c'est bien là tout le ce qu'on possède : un instant. Lorsqu'on cesse de respirer, on cesse d'exister.
Les yeux de Mike sont grands ouverts. Si je pouvais me détourner, je ne verrais pas sa lèvre qui tremble, mais il tire encore davantage sur le lien :
- Vous avez du mal à respirer parfois?
- Oui, c'est toujours difficile.
- Moi aussi. " p.106
D'autres avis : Clarabel - Laure - Mic - Stelou
Un grand MERCI à et aux éditions de m'avoir offert ce livre !
J'ai failli le choisir chez BOB, mais le sujet me semblait trop macabre... Je le note sur ma LAL...
RépondreSupprimerPar rapport au sujet, pour ma part je passe...
RépondreSupprimerce n'est pas un sujet qui m'inspire, la mort on a bien le temps d'y penser , on partira bien assez vite;;;
RépondreSupprimermerci pour ta contribution je mets le c1r à jour
Ce roman a l'air à la fois original et très beau.
RépondreSupprimerJe note le titre !
Ton billet m'intrigue suffisamment pour que je note.
RépondreSupprimer@Lili Galipette : noir sans doute mais pas macabre selon moi ;)
RépondreSupprimer@Lilibook : ah la mort n'est pas un sujet pour tous publics c'est certain !
@Pascale : prépare toi déjà pour le suivant ^^
@Marie : pas très original pour ce qui est de l'enquête mais j'ai apprécié l'ambiance et le personnage central
@Aifelle : tu m'en diras des nouvelles ;)
J'adore les romans à atmosphère, ce roman est pour moi ( rien que le détail des bouquets de fleurs choisis m'a conquise )
RépondreSupprimer@Emmyne : dans ce cas, tu vas pouvoir prendre des notes car ce roman est truffé de significations florales ;)
RépondreSupprimerJe l'ai noté sur ma LAL bis il y a peu (celle où j'attends de lire des avis mdr) et ce que tu en dis me plaît beaucoup !
RépondreSupprimerAh, encore une Clara !
RépondreSupprimerMalgré ce prénom, ce livre ne me dit rien...
Ouais ça a l'air pas mal du tout ce petit roman ! Je ne ferais pas comme certaines qui s'inventent des LAL bis (non mais où va-t'on ?! ^^) mais bon je me le garde dans un coin de cerveau !
RépondreSupprimerTu parles très bien du roman et de son personnage. Tu me donnes envie. Je note.
RépondreSupprimer@Manu : voilà peut-être un livre à propos duquel nous tomberons d'accord ^^
RépondreSupprimer@Clara : hé bien moi je crois qu'il pourrait te plaire justement...Clara ^^
@Choco : tu me vois ravie de te sortir de tes bols de riz :P
@Géraldine : YESSSS!!! GOGOGO !
J'ai lu récemment "Le complexe de Di" (Dai Sijie - ici : http://livraison.over-blog.com/article-l-attrape-reve-47014826.html) et l'un des personnages principaux s'appelle L'Embaumeuse. Tu devines son métier... Cela dit, lire un roman qui est tout entier plongé dans cette atmosphère, ce n'est peut-être pas pour tout de suite.
RépondreSupprimerLe contexte est original et donne envie de le lire mais le côté inexistant de l'enquête me dérange un peu.
RépondreSupprimerBonjour Cynthia,
RépondreSupprimerJe viens de finir la lecture de "l'enfant sans nom" avec grand plaisir. Bien sûr, on se doute bien vite que le suspense n'est pas la priorité de la romancière dans ce livre. Le réalisme de l'histoire, la vie d'une petite bourgade américaine m'a semblé intéressante à découvrir. Et puis, l'héroine Clara m'a beaucoup touché, personnage atypique, sa solitude, son regard acéré qu'elle porte sur son prochain et sa lucidité sont très bien "vu". Mais ce n'est qu'un avis personnel bien sûr, je respecte les billets de chacun. En tout cas, je te félicite pour la qualité de tes écrits, grâce à blog-o-book, je viens tout juste de découvir ton blog, ton français est impeccable, bravo la Belgique! A la prochaine chère Cynthia, porte-toi bien, amitiés, MIC.