"La moustache" est le troisième roman, paru en 1986, de l'écrivain et réalisateur français Emmanuel Carrère, également auteur de "La classe de neige", "L'Adversaire" et plus récemment du roman "D'autres vies que la mienne".
Un homme curieux de connaître les réactions de sa femme et de son entourage se rase la moustache. Mais l'effet de surprise manque cruellement de surprise puisque personne ne semble apercevoir le changement.
A moins que cet homme ne se soit fait prendre à son propre jeu? Retournement de situation ou pire... complot?
Seul contre tous, voilà un homme qui devra faire des pieds et des mains pour que triomphe sa vérité...
"Que dirais-tu si je me rasais la moustache?" C'est sur cette suggestion pour le moins banale que débute ce récit.
Agnès et son mari forment un couple solide, sans nuages. Tous deux se connaissent bien et ont apprivoisé leurs défauts. Ou du moins le croyaient-ils avant que leur quotidien ne tourne au vinaigre suite à un événement qui aurait pu être ordinaire et qui pourtant sera le point de départ d'un drame.
Voyant que sa femme et ses amis n'adoptent pas la réaction espérée, l'homme songe à une énorme machination. La confiance se perd, le doute s'installe, des détails autrefois insignifiants apparaissent comme autant de failles capables de faire voler en éclats ce quotidien qu'il croyait maîtriser.
Cet homme se fait-il suffisamment confiance que pour aller à l'encontre de tous ses proches?
Emmanuel signe là un autre roman sur le thème de l'aliénation. Mais contrairement à "L'Adversaire"où celle-ci était présentée comme consciente, elle est ici beaucoup plus insidieuse.
Le lecteur la ressentira de l'intérieur, comme plongé dans le corps de cet homme confus qui semble ignorer jusqu'à sa propre identité. Il tournera les pages, avide de savoir qui a tort et raison, suivant cet homme dans ce qui lui apparaîtra comme une crise de paranoïa aïgue, et partageant ses interrogations et ses craintes.
Il assistera, impuissant, à l'effondrement progressif de toutes ses certitudes et, tout comme lui, ignorera jusqu'à la fin qui possède la vérité.
Une question subsistera toutefois à l'issue de la lecture : pourquoi?
Un récit très habilement mené sur un sujet qui fait froid dans le dos. Qui aurait pensé qu'une simple histoire de rasage se terminerait de la sorte?
" En y réfléchissant, dans l'eau qui refroidissait, il comprenait avec déplaisir ce qui l'avait le plus troublé dans la scène de la veille : pour la première fois, Agnès avait introduit un des numéros de son cirque mondain dans leur sphère protégée. Pire encore, afin de lui donner plus de poids, elle avait exploité pour faire ce numéro le registre de voix, d'intonations, d'attitudes, réservé au domaine tabou où cessait en principe toute comédie.
Violant une convention jamais formulée, elle l'avait traité comme un étranger, inversant les positions en sa défaveur avec toute la virtuosité acquise à force de pratiquer ce sport, et de façon presque haineuse : il se rappelait son visage chaviré d'angoisse, ses larmes.
Elle avait vraiment paru effrayée, elle l'avait vraiment, en toute conviction, accusé de la persécuter, de l'effrayer délibérément, sans raison. Sans raison, justement...Pourquoi avait-elle fait cela? De quoi voulait-elle le punir? Pas d'avoir rasé sa moustache, tout de même." p.41
"La moustache" était une lecture choisie dans le cadre d'un hommage à Emmanuel Carrère, proposé par Pimprenelle.
Clara avait également opté pour ce titre. D'autres peut-être?
Je viens de lire l'avis de Clara et elle est aussi enthousiaste que toi. J'en suis ravie car j'ai très envie de poursuivre ma découverte de l'auteur et que j'ai justement ce titre sur ma PAL!
RépondreSupprimerJ'ai adoré!!!
RépondreSupprimerC'est vrai que cette histoire de folie fait réfléchir... la fin est peut-être un peu frustrante ? Je n'ai vu que le film et il me semble que j'étais restée un peu preplexe à la fin.
RépondreSupprimerça à l'air bien comme livre !
RépondreSupprimerSuite à l'avis de Clara et toi, je le mets définitivement dans ma swish list !!!!!
RépondreSupprimermerci ! ;)
J'ai aimé "L'adversaire" et "La classe de neige" parce que je les trouve bien construits et que les personnages sont vraiment complexes, torturés... on dirait donc que celui-ci a tout pour me plaire aussi.
RépondreSupprimerOui, pourquoi ? Qui ? Comment ? Je me suis posee beaucoup de questions en refermant ce livre. Je n'ai toutjours pas le/les reponse(s).
RépondreSupprimerC'est un bouquin que j'ai adoré aussi. Malheureusement lu en bibliothèque parce que je le relirais volontiers pour le plaisir de revivre tout ça...
RépondreSupprimerCela m'intrigue...
RépondreSupprimerIl a l'air vraiment vraiment super! Maintenant vous m'intriguez sur la fin!
RépondreSupprimerConcernant la fin, est-elle plus explicite que dans le film ? Car le film m'avait laissée perplexe et je lirais bien le livre pour m'éclairer.
RépondreSupprimerComme quoi, parfois, une toute petite chose, insignifiante au premier abord, prend une ampleur inimaginable... Les billets qu ej'ai lus dans le cadre de ce Découvrons un auteur de Pimprenelle sont enthousiastes. J'ai donc rajouté Carrère à la liste des auteurs à lire cette année!
RépondreSupprimer@Pimprenelle : Ah ce sera donc l'occasion de le déterrer sous peu ;)
RépondreSupprimer@Clara : moi aussi même si je pense que "L'adversaire" me marquera davantage...
@Kathel : oui, il y a effectivement de quoi rester perplexe.
Une fausse fin en quelque sorte, dans la mesure où l'on connait l'issue mais pas les raisons qui la justifient...
@Lilibook : ah ben voui !
@Cacahuète : c'est quoi ça une swish list? ^^
Tu fais bien, je ne pense pas qu'on puisse en être foncierement déçu !
@Ys : si tu cherches à nouveau du complexe et du torturé, je pense qu'il te plaira ^^
@L'Ogresse : c'est un roman qui laisse les pistes ouvertes.
Mais il faut aussi pouvoir accepter de ne pas toujours avoir les réponses ;)
@Nicolas Ancion : il y aurait une autre façon de revivre tout ça, en commençant par se laisser pousser la moustache par exemple ? ;)
@Calypso : et tu as raison d'être intriguée...
@Everthokrus : le teasing est voulu ^^
@Caro : difficile de te répondre en n'ayant pas vu le film.
Mais si tu t'attends à recevoir des explications sur la fin, je pense que tu risques de te retrouver devant une seconde porte close...
Tout ne s'explique pas malheureusement ;)
J'ai vu l'adaptation cinématographique et je n'avais pas trouvé cela terrible
RépondreSupprimerC'est le titre à lire prochainement que je garderais de cette journée.
RépondreSupprimerJ'avais adoré la classe de neige , celui-ci moins mais il m'a tout de même marquée ! Quelle histoire de dingue ! ;-))
RépondreSupprimerRien à voir avec une quelconque moustache , mais une anecdote sympa aujourd'hui chez moi : http://livresarrajou.blogspot.com/2010/04/le-monde-est-petit.html
nouvelle retombée , inattendue et agréable celle-là de toute l'histoire : fer contre papoua !
;-))))))
J'ai un mauvais souvenir de "La classe de neige".
RépondreSupprimerJe note, le thème me plait et je n'ai encore rien lu de cet auteur.
RépondreSupprimerJ'avais aimé le film... peut-être pour Vincent Lindon surtout, rires !
RépondreSupprimerJe l'avais lu il y a un moment mais j'ai envie de le relire, j'ai lu les autres mais pas le dernier,
RépondreSupprimerJe me souviens que lorsque le film est sorti, je me disais que l'ambiance devait être assez étrange. Et je suis toujours plutôt intriguée (puisque je n'ai pas vu le film).
RépondreSupprimerUne lecture perturbante ! Et un poil (de moustache bien sûr) frustrante. Mais à recommander, à coup sûr.
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