"Les ours n'ont pas de problème de parking" est un recueil de nouvelles publié en 2001 et signé par l'écrivain belge Nicolas Ancion, également auteur de "Nous sommes tous des playmobiles", "Ecrivain cherche place de concierge" ou encore "L'homme qui valait 35 milliards".
Dans "Le grand méchant Marc", l'auteur traite de la difficulté à porter le même nom qu'un personnage tristement célèbre (en l'occurrence ici, Marc Dutroux...) et les ravages que cette assimilation peut causer sur la vie de quelqu'un et sur son entourage.
"L'album de foot" évoque le courage d'un petit garçon à défier sa peur pour retrouver l'objet auquel il tient plus que tout. "Pascal et ses pensées" raconte l'épopée d'un homme parti trouver un prêtre afin d'administrer les derniers sacrements à un mourant.
"Pas de vacances pour le chien brun" nous entraîne dans une enquête menée par un chien en peluche pour retrouver le meurtrier de 3 de ses amis les jouets. "Nettoyage à sec" évoque le vol d'un ours en peluche lors du braquage d'un nettoyage à sec. " L'affaire Smilodon" parle de la cruauté d'une ourse en peluche à l'égard d'un chat. "Tête de turc" brosse le portrait d'un Père Noël donneur de leçons. "La traversée de la place" raconte les péripéties d'un homme pour échapper à la retraite. "Le chien brun et la fleur jaune de Chine" nous fait partager la quête identitaire d'un chien en peluche.
9 nouvelles qui, vous l'aurez compris, donnent majoritairement la vedette à tous ces héros à poils ayant bercé notre enfance.
Sauf que...dans mes souvenirs, mes peluches restaient bien gentiment à l'endroit où je les avais laissées plutôt que de jouer à Toy Story. Enfin je crois...
"L'ambassadeur aurait aimé qu'on le pince. Soit il venait d'être la victime d'un grave délire alcoolique, soit il venait d'être agressé par trois peluches, encagoulées comme des gangsters.
Un gros ours gris au volant, un chien brun sur la lunette arrière et un cochon rose, habillé d'une salopette mauve, qui le menaçait avec une aiguille à tricoter." p.115
L'auteur s'est amusé à imaginer une seconde vie à tous ces personnages peuplant les chambres d'enfant mais tout en leur donnant des préoccupations et des comportements d'adultes.
Des personnages humains peuplent également quelques-unes de ces nouvelles et donnent ainsi l'occasion à l'auteur de glisser certaines réflexions sur l'enfance.
" Je ne sais pas ce qui se passe, peut-être que je vieillis - même si je n'ai pas encore tout à fait trente ans- j'ai l'impression que les gosses changent. Ils ont l'air trop sérieux avec leurs vêtements d'adultes pleins d'étiquettes, de tirettes et de bandes fluorescentes. On dirait qu'ils s'ennuient ou qu'ils en ont déjà marre.
A leur âge, je passais des heures à jouer au foot et je souriais tout le temps. Je ne savais même pas comment on faisait pour être triste. " p.87
L'univers qui caractérise ces nouvelles est donc ambivalent, une sorte de monde transitoire, à mi-chemin entre l'enfance et le monde adulte et dans lequel cohabitent des êtres loufoques vivant des situations pour le moins cocasses.
Les histoires sont tantôt drôles, tantôt beaucoup moins et il n'est pas rare non plus qu'un passage a priori tragique n'incite le lecteur à sourire malgré lui, comme c'est le cas dans la description du parcours d'Andrzej (à côté de lui, les participants de l'émission "Striptease" peuvent aller se rhabiller).
" Nous étions six enfants au départ, mais le malheur a frappé six fois et la vie a fait de moi l'unique survivant de la famille. Lorsque j'ai échappé à l'incendie de la maison, c'était pour assister impuissant à l'agonie de mes deux soeurs aînées et de mon père qui tentait de les tirer de la fournaise. Ma mère avait été emportée l'hiver précédent par la tuberculose roumaine, une maladie atroce que mon frère jumeau avait contractée sur le front russe en soignant les victimes du scorbut et du choléra." p.100Pas de doute, Nicolas Ancion aime l'humour grinçant, ne se soucie guère de choquer en évoquant l'actualité (comme c'est le cas dans "Le grand méchant Marc") et ponctue ses récits d'expression bien à lui telles que "plus discret qu'un cheveu sur le carrelage d'un salon de coiffure".
Au fait, je vous ai dit qu'il était belge?
" Tout ce qui lui reste en tête c'est cette phrase qui le coupe plus net qu'un couteau ne tranche une patate jaune pour la transformer en frites" p.97Ca n'est pas l'ami Poelvoorde qui le contredira...
" Un pigeon. Il n'y a que ça en Belgique, songe le vieil homme, des oiseaux ternes qui salissent les rues." p.94
Bref...Un petit recueil savoureux et un auteur que je n'ai pas fini de découvrir !
J'ai vu ce film de Poelvoorde : excellent ! (Quand on apprécie le grinçant...)
RépondreSupprimerUn auteur que je suis aussi, avec qui je suis en contact et que j'interview de temps en temps. Charmant et dispo. Mais je suis loin d'avoir lu toute sa prose, j'ai encore du boulot devant moi !
RépondreSupprimerCa a l'air sympa! Ouh la la, il faut que je le note dans un coin. Merci pour la découverte!
RépondreSupprimerOh je sens que ça va me plaire ça :-D Je note pour après notre lecture commune ;-)
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