13 novembre 2008
Et si c'était niark niark niark?
L'histoire de ce roman, une enquête sur la disparition de plusieurs écrivains, sert de prétexte à la caricature de célèbres auteurs contemporains.
Quand je connaissais l'auteur mentionné, je m'amusais à retrouver les passages clé relevant ses caractéristiques les plus marquantes ou pointant son style d'écriture particulier.
C'était amusant d'aller à la pêche aux détails et de retrouver de quel roman ils étaient inspirés.
Le jeu était tout aussi drôle lorsqu'il s'agissait d'auteurs que je n'avais pas lus car il permet de se faire une idée sur la personnalité du romancier et pique la curiosité de découvrir ce qui se cache derrière ses oeuvres.
Deux extraits. Le premier :
- Mais auparavant, peut-être voudriez-vous grignoter quelque chose, proposa la jeune femme.
- Vous me faîtes saliver, Mademoiselle.
- Hypéronimie?
- Non, je suis à jeun, c'est tout.
- Je crois que j'ai des croûtes de fromage dans le garde-manger.
- Il y en a des noires?
- Quelques-unes. De l'Etorki en corruption bactérienne...
- Splendide! Auriez-vous également un peu de poisson, j'ai une surfaim de loup.
- Cru et plusieurs fois recongelé, commissaire.
- Parfait, et avec une cuillère si ça ne vous dérange pas.
Quelques minutes plus tard, Seberg et la jeune femme étaient accoudés chacun devant un plateau repas à l'odeur entêtante de poubelle oubliée.
- Hé bien, Glandard, qu'est-ce qui vous arrive? demanda Adam. Ne faîtes pas cette tête-là mon vieux!
- Voulez-vous un petit suisse? proposa la voix gourmande de M******, redevenue invisible dans l'obscurité. J'en ai qui datent de 99. Le siècle dernier...Déjà! ajouta-t-elle avant de partir d'un rire de petite fille à nattes.
Le second :
Il y a si longtemps que j'attends que je ne sais plus depuis combien de temps j'attends.
Pourtant, j'attends.
Attablé au Mathis, devant un tartare de thon rouge à 23 euros*. Naufragé de L'île aux enfants, gavé de gloubiboulga post-soixante-huit ( avec de vrais morceaux de situationnisme), je patiente au bord de l'amer. Il va bien finir par se passer quelque chose.
Une soirée rouge au Man Ray. La guerre contre les Chinois. Une épidémie de légionellose à Canal. N'importe quoi, du lourd si possible. Une jeune serveuse passe. Felatia, Godinella ou un nom de 36 15 dans ce goût-là. Je crois que j'ai déjà couché avec elle. A Dauphine ou à Closer?
Pour passer le temps, je pourrais lui faire un bébé, ou tomber amoureux de ses coudes. Ou écrire un livre.
Où en suis-je de ma vie et de mon époque? En plein after? En before? In the middle? De temps en temps, entre deux vodkas ( à 12 euros l'une), je m'envoie discrètement trois ou quatre Cocaïna 5 CH.
Consolatrices petites boules blanches, fondez lentement sur ma langue, vrillez-moi infinitésimalement le cortex et donnez-moi la force nécessaire pour rester toujours bien oblique dans mes bottines ( 999 euros chez Loewe, place de la Madeleine, il faudrait être fou pour dépenser moins).
C'est ça, dé-pensons un peu, de temps en temps. Moi, j'attends devant le désert de mon tartare.
* seulement à la carte
En relisant ces deux extraits, j'ai l'impression que les caricatures sont tellement grossières que les identités se dévoilent sans recours aux romans des victimes.
Des suggestions?
Libellés :
21ème siècle,
lecture,
littérature française
Inscription à :
Articles (Atom)