"Le Combat ordinaire" est une série en 4 tomes - publiés entre 2003 et 2008 - écrite et illustrée par le français Manu Larcenet.
Cette série met en scène Marco, jeune photographe angoissé et volontairement sans emploi, qui décide de mettre fin à 8 ans de thérapie.
Il partage son quotidien entre sa maison de célibataire à Paris, son frère "Georges", fan de jeux vidéos et accro aux joints, et ses parents restés en Bretagne.
Aux prises avec de fréquentes angoisses, il redoute les autoroutes et la mort de ses parents (son père perd de plus en plus la mémoire), n'apprécie pas qu'on bouscule ses habitudes et se montre allergique à toute forme d'engagement.
Lorsque son chat Adolf est blessé par le chien de son voisin, Marco l'emmène dans un cabinet vétérinaire et y rencontre Emilie...
Ca doit bien faire 3 ans que l'Homme me presse de découvrir cette série, au point que la semaine dernière, il a fini par me la déposer en plein milieu de mon bureau ^^
Je ne suis pas étonnée du succès de cette série dont les sujets évoqués parleront à peu près à tout le monde.
A travers le portrait et l'évolution de Marco, Larcenet décrit les différentes étapes qui jalonnent la vie de gens ordinaires comme vous et moi : maladie, disparition d'un proche, perte d'ambition professionnelle, phobie de l'engagement, névroses, paternité,...
L'auteur nous rappelle que nous vivons dans une société dont le sens nous échappe souvent.
"Le combat ordinaire" prend place dans la France des années Chirac, l'occasion de nous replonger dans une réalité sociale inquiétante ponctuée par la montée du Front National.
Le chantier naval va être rasé et Marco, fils d'un des ouvriers à la retraite, tente, à travers ses photos, d'éveiller une conscience sociale mais se heurte au défaitisme ambiant.
Difficile pourtant de ne pas compatir au sort de ces hommes courageux et rangés au placard par une main d'oeuvre immigrée plus jeune et moins coûteuse.
J'ai d'ailleurs beaucoup aimé ces portraits d'hommes dotés de vraies gueules ainsi que les différents échanges entre Marco et l'ancienne génération (coup de coeur pour le personnage de sa mère !).
J'ai été quelque peu déconcertée au départ par les traits enfantins de Marco et Emilie censés être de jeunes adultes. Mais il est vrai que l'auteur a pris soin, d'ellipse en ellipse, de les vieillir un peu plus dans chaque tome.
Le personnage de Marco est vraiment attachant et beaucoup plus profond qu'il en a l'air. Entre moments heureux et crises d'angoisses représentées en rouge et noir, les pages en sépia se déclinent en considérations sur l'art, la photographie, la politique, l'éthique, les leçons amères tirées de l'Histoire, la psychologie et nombre de questions que tout un chacun se pose durant sa vie.
Une oeuvre au coeur de l'humain, en ce qu'il a de plus ordinaire et de plus complexe et qui mêle habilement sombre réalité et humour.
Je vous la recommande vivement !
Seconde participation à la bd du mercredi chez Mango