"Le Prince heureux et autres contes" est un recueil de contes (Non? Si!) publié en 1888 et signé Oscar Wilde, écrivain irlandais célèbre pour ses pièces de théâtre (je vous recommande d'ailleurs vivement "L'importance d'être Constant" !) et son fameux roman "Le Portrait de Dorian Gray".
Ce recueil se compose de 3 textes : "Le jeune roi", "Le Pêcheur et son âme" et "Le Prince heureux".
Le jeune roi nous conte les rêves successifs d'un jeune homme de 16 ans durant la nuit précédant son couronnement.
Sensible à la beauté et à l'art, le jeune roi met un point d'honneur à bénéficier des plus beaux atours, quitte à envoyer ses hommes dans les régions les plus reculées du monde, pourvu qu'ils ne reviennent pas les mains vides.
Il découvrira que même l'opulence ne s'obtient pas sans y mettre le prix...
Dans Le Pêcheur et son âme, un pêcheur décide de se séparer de son âme afin d'être libre d'aimer une jolie sirène. Alors que tous deux coulent des jours heureux, l'âme du pêcheur rappelle son maître une fois par an afin de lui raconter ses voyages et lui vanter toutes les splendeurs dont elle s'est délecté.
Mais alors qu'il s'obstine dans le refus d'abandonner sa femme poisson au profit des joies de la terre ferme, le pêcheur finit toutefois par céder aux tentations de son âme...
Le Prince heureux est l'histoire d'une amitié entre une hirondelle et une statue recouverte d'or et de rubis. Alors que le Prince heureux déplore que la ville abrite tant de personnes malheureuses et désargentées, l'hirondelle le prend en pitié et se charge, à sa demande, de distribuer ses décorations aux plus nécessiteux. Mais les bonnes actions sont-elles toujours récompensées?
Si je connaissais Oscar Wilde pour son roman et ses pièces de théâtre (lisez impérativement "L'importance d'être Constant"! Ah c'est vrai, je l'ai déjà dit), j'ignorais tout de ses contes.
Nul besoin cependant d'en savoir beaucoup sur le bonhomme que pour ne pas déceler ce style très poétique (et dans ce cas-ci surchargé) qui le caractérise.
Trève de bavardage. Des extraits valent souvent mieux qu'un long discours.
" Elle était taillée dans l'ivoire, et sa taille était deux fois celle d'un homme. Elle avait sur le front une chrysolite et ses tétons étaient barbouillés de myrrhe et de cinname. Dans une de ses mains elle tenait un sceptre à crosse en jade, et dans l'autre, un cristal rond. Elle portait des cothurnes de bronze, et son cou épais était entouré d'un cercle de sélénites." p.58
" Des émeraudes vertes toutes rondes étaient rangées en ordre sur de minces plaques d'ivoire, et dans un coin il y avait des sacs de soie, remplis, les uns de turquoises, et les autres de béryls. Les cornes d'ivoire étaient bourrées d'améthystes pourprées, et les cornes de bronze, de calcédoines et de sardoines. Les piliers, qui étaient de cèdre, étaient tendus de guirlandes de pierres-de-lynx jaunes. Dans les boucliers plats et ovales il y avait des escarboucles, couleur de vin et couleur d'herbe. Et je ne t'ai encore dit que le dixième de ce qu'il y avait là." p.66
Je ne sais pas si vous avez déjà assisté à un cours d'histoire de l'art (dans mon cas, le cours était appelé "cours d'esthétique", intitulé qui faisait marrer les autres classes qui pensaient que mes camarades et moi passions nos deux heures de cours à nous maquiller...).
Bref. Durant ce fameux cours, notre professeur avait l'habitude de nous passer des diapositives qu'il se chargeait de commenter (abondamment).
Hé bien ces 3 contes d'Oscar Wilde m'ont fait repenser à ces longues heures d'abord passionnantes puis devenues ronflantes à mesure que je me noyais dans cette surabondance de détails pour ne retenir finalement pas grand chose des oeuvres en question.
Couleurs, étoffes, matières, pierres précieuses, décors,...En véritable esthète qu'il était et à travers un vocabulaire des plus recherchés, Wilde s'est attaché à souligner la beauté du moindre objet.
Mais si les détails ajoutent incontestablement au merveilleux, je suis d'avis que, présentés en surnombre, ils contribuent également à soumettre à leur volonté l'imagination du lecteur, voire à l'ennuyer prodigieusement (ce fut mon cas).
Passé ces considérations esthétiques, il y a là de jolies histoires largement inspirées des contes classiques en ce qu'elles présentent de nombreuses caractéristiques communes, tant au niveau de la forme (linéarité du temps, répétitions) que du fond (distinction claire entre le bien et le mal, héros naïfs).
S'immisce en chacune d'elles une même morale qui nous enseigne que même les actions les plus charitables ne sont pas toujours récompensées comme on s'y attendrait.
Car, au-delà des 3 couches de merveilleux que Wilde s'emploie à utiliser, l'auteur joue les contrastes en dressant un tableau très réaliste de son époque et de ses croyances liées à l'âme, la religion, l'amour, la différence, la richesse, la misère et la mort.
" Emportez ces objets, dit-il, et cachez-les à mes yeux. Bien que ce soit le jour de mon couronnement, je ne les porterai point. Car c'est sur le métier de la Douleur, et par les mains blanches de la Souffrance, qu'a été tissée ma robe que voici. Il y a du Sang dans le coeur du rubis, et de la Mort dans le coeur de la perle. " p.31
" Une fois au cours de sa vie, un homme peut renvoyer son Ame, mais celui qui reçoit son âme en retour doit la garder avec lui à jamais, et c'est là son châtiment et sa récompense." p.71
Un avis en demi-teinte...(mais n'hésitez pas à vous procurer "L'imp...")