26 novembre 2013

Les lois de la gravité - Jean Teulé


Publié en 2003, "Les lois de la gravité" est un roman de l'écrivain français Jean Teulé, notamment auteur du "Magasin des suicides", de "Montespan", "Charly 9", "Darling" ou plus récemment de "Fleurs de Tonnerre".

Le lieutenant Pontoise est sur le point de finir sa journée lorsqu'une femme débarque dans son commissariat pour s'accuser du meurtre de son mari, commis dix ans plus tôt.
Enfin presque 10 ans puisqu'il ne reste que quelques heures avant que le délai de prescription ne soit atteint.
Pourquoi cette femme, longtemps malmenée par un mari dépressif, alcoolique et violent, se décide-t-elle enfin à avouer que ce dernier ne s'est pas jeté par la fenêtre mais a bien été poussé par sa femme ?

"Les lois de la gravité" est un roman tout en contresens, absurde puisque non seulement une meurtrière insiste pour se constituer prisonnière alors qu'aucune preuve ne la désignait coupable mais en plus, elle se retrouve face à un flic décontenancé qui loin de la placer aux arrêts, tente de la dissuader de se livrer.
Mue par un sentiment de culpabilité qui va jusqu'à la paralyser physiquement, cette femme se confie au lieutenant Pontoise, lui expose sa passion pour les tableaux de sable, son métier de factrice, sa vie de couple chaotique et la cruauté de ses enfants depuis "l'accident".
Partagé entre la pitié qu'il éprouve pour cette femme et l'agacement qu'il éprouve à l'idée de devoir l'écouter parler toute la nuit, le lieutenant fait vraiment tout ce qu'il peut pour la décourager.
Mais ces deux-là sont aussi tenaces l'un que l'autre et l'on se demande qui finira par obtenir gain de cause.

Sans savoir que ce roman avait été adapté sur les planches (et au cinéma), j'ai trouvé son écriture très théâtrale, non seulement parce qu'il est principalement constitué de dialogues mais également en raison des "humeurs" très expressives des deux protagonistes joutant pour convaincre l'autre.
Bien sûr, comme il est signé Jean Teulé, on n'échappe pas à au moins une allusion au sexe crade.

Un roman sympathique mais pas transcendant non plus hein.


D'autres avis : Lili Galipette - Géraldine - George

21 novembre 2013

Viviane Elisabeth Fauville - Julia Deck






Publié en 2012, "Viviane Elisabeth Fauville" est le premier roman de l'écrivaine française Julia Deck.

Viviane Elisabeth Fauville avait un mari qui au bout de deux ans, l'a quittée pour une autre alors que Viviane venait à peine d'accoucher de leur fille.
En congé de maternité, Viviane s'occupe comme elle peut et continue de se rendre chez le psychanalyste qu'elle consulte depuis 3 ans. Du moins jusqu'au soir du 16 novembre où, sur un coup de tête, elle le poignarde avec l'un des couteaux de cuisine reçu en cadeau de mariage.
Qui est au juste Viviane Elisabeth Fauville ?

Difficile de vraiment cerner le personnage de Viviane Elisabeth Fauville tant elle semble à côté de ses pompes.
Qu'apprend-t-on sur elle ? Pas grand chose si ce n'est qu'elle a vécu avec sa mère pour seul parent (le père les ayant abandonnées pour on ne sait quelle raison) - une mère dont elle n'a jamais réussi à faire le deuil et dont elle conserve l'appartement encore bien des années après son décès - , que cette quadragénaire occupe un poste bien rémunéré dans une société dédiée au béton et qu'elle a mis entre parenthèses le temps de son congé de maternité.
Epouse et mère sur le tard, elle s'est rapidement fait plaquer par son mari pour une femme plus jeune. Une situation que Viviane encaisse impassiblement, tant elle semble habituée à se voir traitée en bonne poire, généralement invisible par le commun des mortels.
A cet effet, l'auteure use d'un ton détaché, froid, comme une réponse à l'indifférence générale dont Viviane a semble-t-il fait l'objet toute sa vie et qui d'une certaine manière l'a rendue imperméable à certaines émotions.

L'assassinat de son psychanalyste sonne comme un geste libérateur mais si Viviane ne nie pas cette réalité, j'ai eu la sensation qu'elle n'arrivait pas à y faire face, à l'image du décès de sa mère ou de son propre rôle vis-à-vis de sa fille dont il lui arrive de s'étonner.
Au départ, on a d'ailleurs du mal à saisir pourquoi elle se compromet en prenant en filature les proches de son psychanalyste.

La particularité de ce récit est qu'il présente un mode narratif fluctuant. Alors que le roman débute par un vous "durassien", il se poursuit ensuite au nous, au tu, au vous, au je.
Un procédé qui peut sembler déroutant de prime abord mais qui entretient la confusion qui règne dans l'esprit de Viviane et sa difficulté à s'accaparer la réalité.
Imprévisible, impulsive, irresponsable, Viviane Elisabeth Fauville est un personnage difficile à suivre et si j'ai été surprise de prime abord par la fin de ce roman, je dois reconnaître qu'elle correspond assez bien au profil de cette femme.

Pas un coup de coeur mais un bon moment de lecture et une plume que je serais curieuse de relire.

D'autres avis : Sandrine - Clara - Kathel

17 novembre 2013

La lettre à Helga - Bergsveinn Birgisson






Paru en Islande en 2010 et traduit en français cette année, "La lettre à Helga" est un roman épistolaire de l'écrivain islandais Bergsveinn Birgisson.

A la mort de sa femme Unnur, le vieux Bjarni décide de prendre la plume pour écrire à Helga, la femme qu'il aimait autrefois et n'a jamais cessé d'aimer bien qu'il ait fait le choix de ne pas vivre leur histoire.
Unis par ce même sentiment de solitude dans leurs mariages respectifs - elle, du fait d'un mari toujours absent, lui d'une épouse qui devenue stérile ne lui témoigne plus aucune tendresse - tous deux entameront une brève liaison qui prendra fin lorsque Bjarni refusera de tout quitter pour partir s'installer en ville avec Helga.
Bjarni détaille à Helga ses longues années de solitude, passées à contempler de loin une vie qu'il aurait pu mener et à laquelle il a renoncé pour conserver ses terres et sa passion des bêtes.


" Je te le dis du fond du coeur, ma Belle, je ne suis plus qu'une vieille bûche vermoulue et pourrie gisant sur le rivage du temps, d'où le ressac m'emportera bientôt. Et nul ne pleurera ma disparition.
C'est bien vrai ce que disaient les anciens : on devient lâche en vieillissant." p.111


Autant dire que ce n'était pas tant par amour pour sa femme (dont il fait assez peu de cas finalement) que pour son métier que Bjarni a fait le choix de renoncer à Helga.
Un choix qu'il ne regrette pas mais dont il a beaucoup souffert toute sa vie.
Peut-on parler d'une histoire d'amour manquée ? Je ne suis pas de cet avis car à part jouer à saute-moutons dans une grange, qu'ont-ils partagé si ce n'est un désir qu'on pourrait qualifier de bestial ?
Durant 130 pages, la nostalgie de Bjarni ne se décline qu'en une série de souvenirs et de fantasmes liés aux courbes d'Helga vis-à-vis desquelles il a nourri une véritable obsession (souvent assez schato d'ailleurs, ah la scène de la golden shower page 37...).

" Mais moi, je dépendais de toi. Je l'ai compris, là, à te voir dressée dans la lumière de la lucarne, blanche comme la femelle du saumon tout juste arrivée sur les hauts-fonds, embaumant l'urine et les feuilles de tabac." p.42

Dans un premier temps, j'ai beaucoup ri des propos crus de Bjarni compensés par une certaine poésie. "Expert palpeur" chargé d'évaluer la santé des brebis en vue de la reproduction, Bjarni dresse de nombreux parallèles entre son métier et ses galipettes avec Helga.
Ce qui donne lieu à des descriptions assez cocasses même si parfois répétitives.


" Quand nous avons fait l'amour, tes seins ballottaient contre le râtelier. Comme des cygnes sur la vague." p.66



"Je me suis engouffré dans la bergerie pour m'effondrer sur une botte de foin, à l'endroit où nous avions joui l'un de l'autre si peu de temps auparavant, à ce qu'il me semblait, là même où j'avais
regardé tes seins onduler contre la mangeoire comme des cygnes sur la vague." p.77


J'étais donc tour à tour amusée et un peu blasée jusqu'au moment d'arriver à une scène qui laisse transparaître toute la "contre-nature" de cet homme.
Un homme qui à partir de là ne m'apparaissait plus comme un être à la lubricité bon enfant mais comme un cinglé...
Une scène qui pour moi a complètement remis en cause toute la crédibilité des valeurs qu'il défendait et continue de défendre après coup (!) Je ne suis pas une petite nature mais tout de même, certains mots et images peuvent me donner la nausée et ce fut le cas ici.
En ouvrant "La lettre à Helga", je pensais découvrir une lettre d'amour - certes un peu crue - et non la confession d'un pervers égoïste en fin de vie.
Certains trouveront peut-être que j'exagère et que Bjarni ne saurait être résumé à cela mais que voulez-vous, certaines choses me dérangent parfois tellement que j'en oublie tout le reste...

D'autres avis : Leiloona - Stephie - Marilyne

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16 novembre 2013

Mon cher petit coeur - Agnès de Lestrade


En librairie depuis le 3 octobre dernier, "Mon cher petit coeur" est un album jeunesse écrit par Agnès Lestrade et illustré par Peggy Nille.

Née prématurément, Brune a toujours eu le coeur fragile. "Le grand docteur de l'hôpital blanc" lui annonce qu'elle va devoir subir une greffe.
Dans ce journal adressé à son "cher petit coeur", elle confie ses appréhensions vis-à-vis de ce nouveau coeur qu'elle va devoir apprivoiser. Battra-t-il pour Léopold, son amoureux ?

"Mon cher petit coeur,
Dans la vie, il y a des jours pâquerette et des jours hérisson. Aujourd'hui, c'est un jour hérisson, un jour qui pique qui gratte et qui coule sur les joues." p.7

Je ne lis que très rarement des albums jeunesse (principalement des Benjamin Lacombe en fait...) mais comme j'avais beaucoup aimé "La grande fabrique de mots" d'Agnès de Lestrade, j'ai eu envie de découvrir cet album-ci.
Triste à l'idée de se séparer de ce coeur hérité de ses parents, cette petite fille se pose des questions sur ce nouveau coeur dont elle sait qu'il lui viendra d'une personne décédée.

" Maman m'a expliqué qu'on allait me greffer un autre coeur. Un coeur plus fort. Le coeur de quelqu'un qui sera mort juste avant. Comment le coeur d'un mort peut-il être plus fort que toi qui es vivant ? " p.10 

"Mon cher petit coeur" est un récit tout doux qui mêle joliment poésie et sensibilité enfantine.
Destiné aux très jeunes lecteurs, il est aussi je pense un excellent support pour les parents qui veulent aborder ce sujet délicat qu'est le don d'organes ou toute autre opération.
Si j'ai été touchée par le texte, je n'ai pas vraiment été éblouie par les illustrations, pas franchement originales et qui pour moi n'ont rien apporté de plus au texte si ce n'est une contradiction (l'héroïne est décrite comme ayant les cheveux frisés. Heu...).

A lire plus qu'à voir donc :)

Je remercie Babelio de m'avoir envoyé cet album !



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14 novembre 2013

Histoires terribles - Edgar Allan Poe/Danielle Martinigol


En librairie depuis le 28 août dernier, "Histoires terribles" est une anthologie des oeuvres d'Edgar Allan Poe réalisée par l'écrivaine française Danielle Martinigol.

L'ouvrage est subdivisé en cinq parties, chacune consacrée aux influences qu'a pu exercer Poe sur les genres : policier (les enquêtes du détective Auguste Dupin), fantastique ("Metzengerstein", "Le chat noir", "William Wilson", "Le coeur révélateur", "Bérénice", "Ligeia", "Le corbeau", "La chute de la maison Usher"), SF ("Les aventures de Hans Pfaall"), satirique ("La semaine des trois dimanches", "Le mille et deuxième conte de Shéhérazade") et sur les récits d'aventures ("Les aventures d'Arthur Gordon Pym de Nantucket" ayant influencé Jules Verne et Lovecraft).
Les différents extraits d'oeuvres sont ainsi classés selon un ordre thématique.

Grosse méprise au moment où j'ai accepté ce livre des éditions Flammarion puisque je n'avais tout simplement pas compris qu'il s'agissait d'une anthologie et non d'un recueil d'oeuvres intégrales d'Edgar Allan Poe.
Pour ma défense, sur la couverture il est indiqué "Textes présentés par Danielle Martinigol" et non "Extraits présentés par Danielle Martinigol".
Et à l'arrière "Dix-sept des plus grands textes d'Edgar Allan Poe nous entraînent au coeur des ombres".
Enfin bref, j'ai tourné la première page dudit ouvrage, ai commencé à lire et devant les extraits, spoilers et autres, je me suis dit qu'il valait sans doute mieux commencer par lire en entier les textes complets.
Ce qui explique mes récents billets sur "Le chat noir et autres nouvelles" et "Double assassinat dans la rue Morgue suivi de la Lettre volée".

Que dire de cet ouvrage ? Déjà je pense qu'il se destine vraiment aux enfants et que sa brièveté ne contentera sans doute pas un adulte.
L'auteure survole certains extraits significatifs d'oeuvres de Poe pour souligner quelques thèmes, constantes, apports de son oeuvre dans plusieurs genres.
Tout cela est vraiment loin d'être inintéressant mais les analyses sont quand même très succintes.
Une bonne introduction à l'oeuvre de Poe pour les jeunes lecteurs (mais je conseillerais quand même de lire une première fois les textes en question avant de se lancer dans cet ouvrage-ci).

Je remercie Brigitte et les éditions Flammarion de m'avoir envoyé ce livre.

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12 novembre 2013

Esprit d'hiver - Laura Kasischke


En librairie depuis le 22 août dernier, "Esprit d'hiver" est un roman de l'écrivaine américaine Laura Kasischke, notamment auteure de "Les Revenants", "Un oiseau blanc dans le blizzard" ou encore de "En un monde parfait".

Le matin de Noël, Holly se réveille avec cet étrange pressentiment : "Quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusque chez eux".
13 ans plus tôt, son mari Eric et elle étaient partis en Sibérie et y avaient adopté leur fille Tatiana.
Alors qu'une violente tempête de neige bloque les accès routiers, les invités du dîner de Noël annulent les uns après les autres et Holly se retrouve face à face avec sa fille au comportement inhabituel...

J'avais vraiment beaucoup aimé "Les Revenants" découvert l'an passé, aussi avais-je hâte de découvrir ce roman-ci. J'ai malheureusement vite changé d'avis.
Dès les premières pages, j'ai non seulement été agacée par le contexte facile dans lequel prend place ce récit (il neige très fort, les gens sont bloqués chez eux, les lignes téléphoniques sont mauvaises - mon dieu, on dirait un mauvais film d'horreur) mais surtout par cette phrase incantatoire "Quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusque chez eux" qui intrigue au début puis finit par énerver au bout de 15 fois.
" Poussière, épuisement, c'était dans l'air : 
Quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusque chez eux.
Répète cette phrase, pensa Holly. C'est un refrain. Comme dans un poème. Ecris-la. Ecris de quelle manière un visage fantôme a finalement pointé son nez en ce matin de Noël (ils avaient dormi si tard) et s'est dévoilé.
Quelque chose qui avait été là depuis le début. A l'intérieur de la maison. A l'intérieur d'eux-mêmes. Cette chose les avait suivis depuis la Russie jusque chez eux." p.17

Holly se retrouve donc en tête à tête avec sa fille dont elle ne cesse d'admirer les grands yeux et les cheveux noirs de jais (parfumés au shampooing L'Occitane Verveine, ça aussi à force on a compris hein Laura) à longueur de pages.
Une fille superbe mais qui a aussi le don d'agacer Holly au plus haut point, surtout en cette journée de Noël où Tatiana a décidé de ne pas en toucher une.
Donc si je devais résumer 200 pages sur les 275 pages de ce roman, ça donnerait ceci : Relation d'amour-haine entre une mère et sa fille adolescente. Engueulade. La fille retourne dans sa chambre. Sa mère l'appelle. La fille a changé de fringues. Engueulade. la fille retourne dans sa chambre, change de fringues, redescend, etc etc.
Holly est du genre langue de vipère qui critique tout le monde, souffre d'un grooooos problème de déni (à commencer par la météo : le blizzard dites-vous ?) pas très crédible, se plaint de ne pas avoir une minute pour écrire mais psychote pendant deux heures devant son rôti.
En tant que mère, elle se la joue très permissive tout en se montrant en même temps très horripilante. Face aux humeurs de son ado, au lieu de la laisser tranquille, elle passe son temps à l'appeler dans sa chambre pour un oui ou pour un non (Raipooooooonce si tu m'entends !)
Tatiana ne fait rien pour arrondir les angles mais semble au contraire chercher à alimenter une relation malsaine avec sa mère. Un peu borderline ces deux-là en fait.

Au bout de 100 pages, on a déjà compris de quoi il en retourne sauf qu'un dénouement surprenant donne un sens nouveau à l'histoire dans les dernières pages.
J'ai apprécié la pirouette finale mais mais mais...des tas de choses demeurent inexpliquées : tous les phénomènes étranges mentionnés au début (enfin PRESQUE tous parce que bon Laura, du papier peint dans une salle de bains (quelle idée !), c'est normal qu'il finisse par se décoller hein), les appels inconnus sur l'Iphone, la brûlure, la bosse sur la main. Ou bien c'est moi qui ai loupé un truc ?

Pour l'aspect thriller : néant (la seule fois où j'ai frissonné c'est quand je me suis levée pour aller ouvrir la fenêtre). Des personnages à achever à coups de pelle. Des échanges aussi plats que les talons de mes Converse. Beaucoup de répétitions. Une fin pas mal mais qui pour moi n'explique pas tout.
Autant dire que j'avais hâte que ça se termine.


"Esprit d'hiver" était une lecture commune avec Géraldine, Tiphanie et Hélène dont je file lire les billets.
D'autres avis : Canel - Clara - Cunéipage

Je remercie PriceMinister-Rakuten de m'avoir envoyé ce roman dans le cadre de ses matchs de la rentrée littéraire.

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10 novembre 2013

Double assassinat dans la rue Morgue suivi de La lettre volée - Edgar Allan Poe


Publiées entre 1841 et 1845, "Double assassinat dans la rue Morgue suivi de La lettre volée" sont deux nouvelles écrites par l'écrivain américain Edgar Allan Poe, également auteur des textes "Le chat noir et autres nouvelles".

Le détective Dupin et son ami enquêtent sur le "Double assassinat dans la rue Morgue". Une jeune fille et sa mère ont été sauvagement assassinées mais aucun de leurs biens ne semble avoir été dérobé.
Des témoins affirment avoir entendu une voix à l'accent étranger. La police piétine mais Dupin a quant à lui son idée sur l'identité du coupable.
Dupin et son acolyte reçoivent la visite imprévue du préfet de police de Paris qui sollicite l'avis de Dupin concernant l'affaire de "La lettre volée".
Un document de haute importance a été subtilisé dans les appartements royaux par un ministre  dont la police connaît l'identité. Le problème est ailleurs. Après avoir fouillé partout, aucun agent n'est parvenu à mettre la main sur la précieuse lettre.
Avec son flair légendaire, Dupin réussira-t-il là où la police a échoué ?

" Dans des investigations du genre de celle qui nous occupe, il ne faut pas tant se demander comment les choses se sont passées, qu'étudier en quoi elles se distinguent de tout ce qui est arrivé jusqu'à présent.
Bref, la facilité avec laquelle j'arriverai , - ou suis déjà arrivé,- à la solution du mystère, est en raison directe de son insolubilité apparente aux yeux de la police." p.43
"Double assassinat dans la rue Morgue" est le premier volet des aventures du détective Dupin. "La lettre volée" est quant à lui le troisième et dernier opus de ce triptyque.
Pourquoi le Livre de Poche n'a-t-il pas ajouté "Le Mystère de Marie Roget" afin que le recueil soit complet ? Le mystère reste entier...
Ces deux nouvelles ont toutes deux pour narrateur l'ami de Dupin. Un ami qui s'avère absolument inutile aux enquêtes de Dupin, mais lequel se trouve être un fervent admirateur et reporter de ses brillantes capacités d'analyse.
Tout comme l'ami en question, le lecteur attendra patiemment (ou pas) que Dupin arrête de se faire mousser et veuille bien lui faire part de ses déductions pour finalement cracher le morceau.
Autant dire que dans ces deux nouvelles, Poe - considéré comme le précurseur du genre policier - ne ménage aucune place à l'enquête.
Le lecteur, témoin passif de l'arrogance de Dupin, ne se voit absolument pas offrir l'occasion de débusquer le coupable. Rien ne lui permet de participer en s'essayant aux devinettes car aucun indice suffisant ne suggère une piste.

Contrairement au "Chat noir et autres nouvelles", je n'ai pas du tout apprécié ce recueil-ci, qui n'a provoqué en moi qu'agacement et ennui.
Et sachant qu'Arthur Conan Doyle s'est inspiré de Poe pour écrire les aventures de Sherlock Holmes, je ne suis plus très sûre du coup de vouloir découvrir ce dernier...

http://www.milleetunefrasques.fr/challenge-classiques-la-page/

8 novembre 2013

Instinct primaire - Pia Petersen


En librairie depuis le 3 octobre dernier, "Instinct primaire" est une lettre rédigée par l'écrivaine danoise d'expression francophone Pia Petersen, notamment auteure de "Un écrivain, un vrai" ou "Une livre de chair".

" Je leur dis que non, je n'allais pas le regretter puisque j'avais suivi mes exigences et que le paquet enfant/mari ne figurait pas en haut sur ma liste, toujours pas.
Si elles voulaient me voir en tant que mégère manquant d'amour parce que je n'avais pas eu d'enfant alors elles devraient attendre puisque je ne manquais de rien et je leur dis que j'étais une femme, soit, mais que je me définissais en tant qu'être humain et non pas en femme/reproductrice et qu'il était grand temps que la femme arrive au stade l'être humain, au lieu d'être toujours coincée dans ses instincts primaires." p.58

Dans cette lettre adressée à l'homme dont elle fut la maîtresse (et qu'elle aime encore), une femme (que l'on suppose être l'auteure elle-même) entreprend de lui expliquer son choix de lui avoir fait faux bond devant l'autel un an plus tôt.
Tous deux entretenaient une relation clandestine, choisie, libre de toute contrainte, et qui lui convenait en tant que telle puisqu'elle lui permettait d'exister en parallèle en tant que femme et écrivain.
Malheureusement, il semblerait que tous deux se soient mal compris. Malgré qu'elle lui ait explicitement indiqué ses réticences par rapport au mariage et à la maternité, il divorce de sa femme, la demande en mariage et voit en elle la future mère de leurs enfants. Prise de panique face à une situation inconciliable, elle s'enfuit.

Difficile de prendre parti dans cette histoire (ce n'est d'ailleurs pas le but), d'autant que le lecteur n'en connaîtra qu'un seul son de cloche.
Sans m'être jamais trouvée dans ce genre de situation, je me permets tout de même d'émettre une opinion quant à la question de l'adultère, à mon avis "mieux vécu" par quelqu'un qui n'est pas engagé de son côté que par celui/celle forcé(e) de mentir, d'affronter le regard de son conjoint et sa propre culpabilité jour après jour.
De ce point de vue, on peut comprendre que le bonhomme ait eu envie de couper court aux faux-semblants de son mariage, mettant ainsi fin à sa culpabilité (et qui sait peut-être aussi par égard pour sa femme).
Mais comme l'auteure le souligne elle-même, cela ne regardait que lui et sa femme. Elle n'a jamais rien exigé, non par résignation, mais parce qu'elle chérissait leurs précieux moments volés.
Nul besoin d'officialiser leur amour ou de le partager avec un enfant, elle espérait qu'ils pourraient se suffire l'un à l'autre.
Lui pensait sans doute qu'au fond d'elle-même, elle aspirait à devenir épouse et mère.
N'est-ce pas le rêve de toutes les femmes après tout ? Ne peuvent-elles s'épanouir pleinement qu'au travers d'un homme, d'un enfant plutôt que de chercher d'abord en elles-mêmes ?

En marge des propos destinés à cet homme qu'elle continue d'aimer, l'auteure s'adresse également à toutes ces femmes ayant émis des critiques par rapport à ses choix de vie, la reléguant à une espèce de monstre égoïste, sans coeur, voué à la solitude et presque indigne d'être femme.
"Instinct primaire" est donc aussi un sacré pied de nez à cette congrégation d'utérus sur pattes qui prétendent détenir la vérité universelle en leur sein (je sais, elle était facile celle-là).
Fustigeant l'hypocrisie et les contradictions du féminisme d'aujourd'hui, elle revendique son droit d'exister, non en fonction de l'homme, pas comme un simple appareil reproducteur mais en tant qu'être humain à part entière.
Quitte à passer pour une marginale, elle assume absolument ses choix et évoque un métier d'écrivain qui la comble pleinement.
Un livre court mais dense, qui sonne comme un appel à la liberté ! Cette lecture m'a fait beaucoup de bien dans la mesure où je me pose de plus en plus de questions à moi-même par rapport à la maternité.
Un sujet qui pour moi devrait toujours sonner comme un vrai choix individuel plutôt que comme une évidence commune.



"Instinct primaire" était une lecture commune avec Leiloona, Noukette et George dont je suis très curieuse de lire les avis !
D'autres avis : Stephie - In Cold Blog

MERCI à Babelio de m'avoir envoyé ce livre !

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5 novembre 2013

Long week-end - Joyce Maynard


Publié aux USA en 2009 et traduit en français l'année suivante, "Long week-end" est un roman de l'écrivaine américaine Joyce Maynard, notamment auteure de "Et devant moi, le monde" ou de "Les Filles de l'ouragan".

Depuis le départ de son père, Henry vit seul avec sa mère Adèle, ancienne danseuse qui ne sort désormais plus beaucoup de la maison.
Quelques jours avant le long week-end du Labor Day, alors qu'ils se rendent au supermarché pour les achats de la rentrée des classes, Henry et sa mère croisent la route de Frank qui leur demande de l'héberger le temps qu'il se remette de ses mystérieuses blessures.
Adèle tombe sous le charme de cet homme attentionné. Henry apprécie la compagnie de ce père de substitution, même si il craint quelque peu que Frank ne lui vole sa mère et sa place d'homme de la maison.
Une seule chose empêche ces trois-là de former une nouvelle famille : Frank est recherché par la police pour s'être évadé de prison...

"Long week-end". Un titre de circonstance pour un roman qui a très agréablement occupé ce premier week-end de novembre.
L'histoire nous est racontée par le jeune Henry dont le comportement oscille entre réflexes enfantins, découvertes adolescentes et maturité naissante.
Conscient que sa mère mérite d'être heureuse avec un homme qui l'aime vraiment mais effrayé à l'idée d'être abandonné, il réagit avec toute l'inconscience d'un adolescent de son âge, sans se douter des conséquences.
On ne peut guère lui en vouloir tant ce gamin a bon coeur. Aucun personnage d'ailleurs, aussi maladroits soient-ils (à l'exception de cette peste de...) n'est à blâmer pour ce malheureux concours de circonstances, inévitable et tragique.
Comme ce fut déjà le cas dans mes précédentes lectures de l'auteure, j'ai ressenti une énorme tendresse de l'auteure pour ses personnages et une envie de leur accorder une vraie chance dans la vie.
J'ai retrouvé certaines caractéristiques communes par rapport aux "Filles de l'ouragan" : les années 60, la mère artiste, un homme attaché à la terre, la question de la famille au centre du récit et surtout l'écriture de Joyce Maynard, toujours aussi à fleur de peau.
Un roman teinté d'une certaine amertume mais aussi rempli de belles émotions (sans être gnangnan) !

A noter que l'adaptation cinématographique de "Long week-end", "Labor Day" sortira sur nos écrans en janvier 2014.



 "Long week-end" était une lecture commune avec Clara et Theoma dans le cadre du Challenge anniversaires organisé par Sandrine - qui a également lu ce titre-ci. Joyce Maynard fête aujourd'hui ses 60 ans.