26 juillet 2013

Le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire - Jonas Jonasson (livre audio)


Publié en Suède en 2009 et traduit en français en 2011, "Le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire" est le premier roman de l'écrivain suédois Jonas Jonasson.

Sur un coup de tête, Allan Karlsson s'évade de sa maison de retraite le jour de son centième anniversaire. Durant sa cavale improvisée, il dérobe une valise qui recèle un sacré trésor que les membres du gang "Never Again" entendent bien récupérer de gré ou de force...
Recherché par les autorités, Allan fera de curieuses rencontres lors de sa fuite. Une situation qui correspond fort bien à ce que fut sa vie ces cent dernières années.

Un drôle de vieux bonhomme que cet Allan Karlsson ! Après avoir travaillé comme coursier chez Nitroglycérine AP, il lance sa propre entreprise de dynamite.
On peut dire que ses débuts dans le métier seront assez...explosifs. A partir de là, il fera les 400 coups aux 4 coins du globe et sa vie se verra pimentée par une succession d'histoires aussi farfelues les unes que les autres. En Espagne, il sauve la vie du général Franco avant de se voir confier par Truman le soin de faire sauter des ponts en Chine pour éliminer tous les communistes.
S'ensuivent l'emprisonnement à Téhéran, le goulag de Vladivostock, la guerre de Corée, le séjour à Bali ou en France et j'en passe.
Le tout étalé sur un siècle, l'occasion de revisiter 100 ans d'histoire et ses protagonistes, véritables (Truman, Tchang Kaï-chek, Staline, Mao Tsé-toung, Franco, Roosevelt, Popov, Churchill, de Gaulle,...) ou créés de toute pièce comme Herbert Einstein, le demi-frère simple d'esprit du célèbre physicien.

Allan Karlsson est un personnage attachant, assez porté sur l'alcool mais encore très alerte pour son grand âge, il est surtout dénué de conscience politique. Un comble lorsque l'on sait qu'il s'est souvent retrouvé bien malgré lui au centre de discussions politiques cruciales et qu'il a eu accès à des informations hautement confidentielles.
Même dans les situations les plus périlleuses, Allan Karlsson a toujours bénéficié de beaucoup de chance, voyant ainsi plusieurs arrêts de mort différés. Il faut être un brin inconscient et optimiste pour mener ce genre de vie et c'est assurément le cas de ce personnage !
Durant toute ma lecture, j'ai constaté qu'Allan (de même que ses complices) ne se posait absolument aucune question, prenait la vie comme elle venait, ce qui donne lieu à des situations souvent assez cocasses (même si pas franchement réalistes).
" Le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire" se présente assurément comme un "roman à sketches" dont l'humour n'est pas sans rappeler celui des Monty Python comme le précise la quatrième de couverture.
Comme d'autres avant moi, j'ai tiqué sur la répétition de description quant au look d'un membre de Never Again (détail sans importance en plus) mais hormis ce détail, j'ai trouvé la narration très fluide et fort agréable.
Un roman rafraîchissant et donc parfait pour la saison :)

J'ai beaucoup aimé la voix de Philippe Résimont et sa façon de moduler sa voix pour distinguer chaque personnage. Mais j'aurais apprécié que celui-ci reproduise les accents des protagonistes étrangers. Non pas que ça ait handicapé ma lecture, mais ça lui aurait ajouté une touche encore plus sympathique.

MERCI aux éditions de m'avoir envoyé ce livre !


D'autres avis : Lili Galipette - Liliba - Alex - Sandrine - Clara 

20 juillet 2013

La route - Cormac McCarthy (livre + film)


Publié aux USA en 2006 et traduit en français en 2008, "La route" est un roman de l'écrivain américain Cormac McCarthy, notamment auteur de "No Country for Old Men" ou de "De si jolis chevaux".
"La route" s'est vu décerner le prix Pulitzer en 2007 et a fait l'objet d'une adaptation cinématographique en 2009.

" Aucune liste de choses à faire. Chaque jour en lui-même providentiel. Chaque heure. Il n'y a pas de plus tard. Plus tard c'est maintenant. Toutes les choses de grâce et de beauté qui sont chères à notre coeur ont une origine commune dans la douleur. Prennent naissance dans le chagrin et les cendres. Bon, chuchotait-il au petit garçon endormi. Je t'ai toi." p.54

Dans un monde ravagé quelques années plus tôt par une mystérieuse catastrophe irréversible (on en saura pas plus), un homme et son fils (on ne connaît pas leurs noms) poussent un caddie le long d'une route qui les dirige vers le sud.
Autour d'eux règnent le froid, le silence et autant de décors désolés témoignant de la disparition de la faune, de la flore, et de toute trace d'humanité...
Les journées se suivent et se ressemblent, succédant à des lendemains toujours incertains. Alors on cherche de la nourriture (autant je ne suis pas étonnée que l'on puisse trouver une cannette de Coca buvable, autant je n'ai pas été convaincue par la miche de pain intacte après plusieurs années, un peu dure quand même hein nous dit l'auteur), on cherche un bon coin où "bivouaquer" en prenant garde à ne pas se faire repérer par les méchants cannibales (là encore on en saura pas plus).
La lutte pour la survie donc...

Je ne me souviens plus de ce qui m'avait poussée à acheter ce roman mais je sais que j'ai longtemps hésité à me décider à le lire.
Je craignais de m'ennuyer ferme et c'est hélas exactement ce qu'il s'est passé.
Dès les premières pages, j'ai déploré l'utilisation hasardeuse de la virgule et la répétition abusive de certains mots ("gris", "cendre", la palme revenant à "bivouac" qui pour moi restera à jamais associé à ce roman...).
A l'image des deux personnages principaux, j'ai progressé à l'aveugle à travers ces paysages calcinés et invariablement désespérants. Ce monde véritablement éteint et dans lequel il y a plus de chance de bouffer les pissenlits par la racine que de trouver une quelconque nourriture comestible.
Je crois que n'importe qui, dans ce genre de situation, se tirerait une balle.
D'ailleurs, il n'en reste qu'une seule à l'homme, juste au cas où...
De temps en temps, une lueur d'espoir grâce à la découverte de quelques vivres oubliés, à peine de quoi repousser de quelques jours la terrible échéance.
Les répits sont toujours de courte durée lorsqu'il faut faire face au froid, à la faim et au danger qui rôde ( très malin d'ailleurs l'usage du pistolet d'alarme pour ne pas se faire repérer, et pourquoi pas un feu d'artifice ?).
Parfois se pose le choix de tuer ou d'être tué. Et toujours l'enfant (peut-être dernier symbole de l'Humanité) de rappeler à son père qu'ils doivent rester les gentils.
 
S'agissant de l'histoire, je ne saurais en dire beaucoup plus, pour la simple et bonne raison qu'il ne se passe pas grand chose dans ce roman aux contours volontairement flous.
A côté de "La route", "Madame Bovary" passe pour un livre d'action...
Les descriptions de paysages s'enchaînent, non sans une certaine monotonie, et les dialogues père-fils s'avèrent des plus sommaires (en résumé ça donnerait : "Papa j'ai peur. Faut pas mon fils").
Et l'Homme de défendre quelque peu l'auteur en me demandant : "Mais comment veux-tu donner de la couleur à une histoire qui n'en a aucune ?"
Vrai même si ça ne rend pas la chose plus lisible pour autant...

Pour ne rien arranger, malgré la mise en page assez aérée, j'ai trouvé le style (ou la traduction ?) froid et franchement lourd du fait des nombreuses énumérations à rallonge.

" Il sortit la bouteille d'eau en plastique et dévissa le bouchon et la tendit au petit et le petit la prit et but debout. Il abaissa la bouteille et reprit son souffle et s'assit sur la route et croisa les jambes et se remit à boire. Puis il tendit la bouteille et l'homme but et revissa le bouchon et fouilla dans le sac. Ils mangèrent une boîte de haricots blancs qu'ils se passaient à tour de rôle, et il jeta la boîte vide dans les bois. Puis ils repartirent sur la route. Les types du camion avaient bivouaqué à même la route." p.66

Un roman indigeste dont je n'ai vraisemblablement pas réussi à apprécier la poésie qu'y ont vu certains lecteurs.

Le film

Autant dire que j'étais plutôt réticente à l'idée d'enchaîner avec le film (et de me farcir deux heures de "tristitude" supplémentaires).
La chose est très rare voire exceptionnelle mais pour une fois, j'ai préféré un film à un roman !
Tout ce que je reprochais au roman s'est vu gommé par l'image et les choix posés par le réalisateur.
Au lieu d'avoir recours à un narrateur extérieur comme le faisait Cormac McCarthy, il confie la narration au père, ce qui a pour effet de créer un lien plus direct avec le spectateur.
L'image a ceci d'intéressant qu'elle s'impose d'elle-même et ne nécessite pas mille répétitions comme c'est le cas dans le roman. Je ne dis pas que l'ambiance est moins lourde dans le film, juste qu'on nous le rappelle moins...
Le script a su préserver l'essentiel des scènes du roman. Le personnage du père est l'exacte réplique de celui que j'imaginais en lisant. En revanche, du fait de certaines scènes coupées, le personnage du fils s'avère ici moins trouillard que dans le roman (où il passait son temps à demander à son père de ne pas rentrer dans telle ou telle maison).
Les acteurs Viggo Mortensen (Aragorn pour les zintimes) et le jeune Kodi Smit-McPhee ont parfaitement réussi à s'imprégner de rôles qui jouent beaucoup sur les silences et les regards.
Je ne vous dirai pas que les paysages sont superbes car il n'en est rien. Mais ils correspondent exactement à cette vision tout droit sortie des enfers dépeinte dans le roman.

Autant dire qu'à choisir, je vous recommande donc plutôt le film :)



J'ai découvert "La route" dans le cadre du challenge anniversaires d'écrivains proposé par Ys (Cormac McCarthy fête aujourd'hui ses 80 ans).
Pour ma part, le prochain rendez-vous est fixé au 3 août prochain pour célébrer les 70 ans de Steven Millhauser (avec "La Vie trop brève d'Edwin Mullhouse" ou "Le lanceur de couteaux" ou bien les deux si j'en ai le temps :)).
 


18 juillet 2013

Un soir de décembre - Delphine de Vigan



Publié en 2005, "Un soir de décembre" est le second roman, après "Jours sans faim" de l'écrivaine française Delphine de Vigan, notamment auteure de "No et moi", "Les jolis garçons" ou encore de "Rien ne s'oppose à la nuit".

Mathieu Brin mène une vie paisible avec sa femme Elise et leurs deux enfants. Rédacteur de catalogues de mode, il a écrit un premier roman un peu par hasard et connu le succès.
Au milieu du courrier de ses lecteurs, Mathieu trouve une lettre envoyée par une femme qu'il a connu dans un avion 10 ans plus tôt.
Sara et lui ont vécu une histoire passionnelle, physique surtout, durant quelques mois, avant que Mathieu ne rompe un soir de décembre pour épouser Elise.
Plusieurs lettres se succèdent. Sara l'aurait-elle attendu toutes ces années ?
Au fil des jours, Mathieu change et se referme de plus en plus sur lui-même, passant des heures entières dans son bureau à écrire son nouveau roman.
A moins qu'il ne fuie le souvenir de Sara ?

" Les histoires, il y a celles dont on se souvient, celles dont on rêve, et puis celles des autres : autant de miroirs sans fond recouverts par le verbe." p.190

Sara n'a jamais fait le deuil de leur histoire avortée et, à en juger par la réaction de Mathieu en découvrant sa lettre et les suivantes, tout porte à croire qu'il n'a pas non plus entièrement renoncé à elle. Le désir se réveille, impérieux. Mathieu tente tant bien que mal de ne pas y céder mais même si il ne répond pas à ses lettres, on sent entre eux une intimité de plus en plus grande.
J'ai aimé les personnages féminins, Sara l'ancienne maîtresse et Elise l'épouse, pour leur dignité et leur intelligence. J'ai eu un peu plus de mal avec Mathieu que je ne suis pas vraiment arrivée à cerner.
Les lettres de Sara exercent un curieux effet sur lui, mélange de crise de la quarantaine et de nostalgie vis-à-vis d'une histoire à laquelle il a pourtant choisi de mettre fin.
Troublé, il en vient à remettre son mariage en question, se remémore les dernières années sans rien éprouver, fuit femme et enfants pour s'enfermer dans son bureau et écrire.

" Voilà l'oubli, le véritable oubli : transformer la mémoire en un catalogue de produits disponibles sur demande, déconnecté de toute réminiscence des sens.
Pas de regrets, pas de nostalgie.
Et c'est ainsi sans doute qu'il a avancé, sans mémoire et sans rêve qu'il a cru pouvoir tracer sa route, auprès d'une femme et de deux enfants qu'il aime pourtant plus que tout, comme si tout cela au fond ne pouvait lui appartenir, comme si tout cela devait un jour lui être repris." p.81

Mais est-ce le souvenir de sa relation avec Sara ou son nouveau roman qui l'accapare autant et le fait tomber dans un état proche de la dépression ?
Difficile à dire tant ces deux éléments semblent se confondre.

Sans être un coup de coeur, "Un soir de décembre" m'a fait retrouver avec plaisir l'écriture sensible et toujours juste de Delphine Vigan. Une écriture simple mais laquelle parvient pourtant à plonger le lecteur au coeur de l'intimité de ses personnages.
Le prochain sur ma liste sera certainement "Rien ne s'oppose à la nuit".



L'avis de Marie

10 juillet 2013

1001 activités autour du livre - Philippe Brasseur



Initialement publié en 2003, réédité en 2007 et à nouveau cette année, "1001 activités autour du livre" est un ouvrage réalisé par l'écrivain et illustrateur belge Philippe Brasseur.

L'an dernier, je vous avais parlé de "Je fabrique mes livres", un ouvrage destiné à initier les enfants à la confection de leurs propres livres. La démarche de "1001 activités autour du livre" est un peu différente puisqu'il est ici question d'envie et d'amour de la lecture.
Comment insuffler le goût de lire à de jeunes lecteurs entre 2 et 8 ans ?
On sait combien l'objet livre peut parfois sembler rigide, ennuyeux voire intimidant. Loin des manuels scolaires et autres traités d'éducation, Philippe Brasseur a pour ambition d'associer le livre à une source de plaisirs pour l'enfant.

De quelle façon ? En lui faisant découvrir que la lecture ne se limite pas à déchiffrer les phrases d'un texte. Le livre est ici envisagé comme un point de départ vers d'autres univers.
Quoi de mieux pour stimuler l'envie de lire que de commencer par créer une ambiance propice à l'évasion et à l'imaginaire ? Par exemple, en aménageant un espace dédié qui rendraient les livres plus attrayants et à portée de main.

Dans le second chapitre, l'auteur nous apprend comment instaurer un "rendez-vous lecture" avec l'enfant, comment trouver le "bon livre" (attention, ce sont des conseils, il n'y a pas de liste de titres), comment faire la lecture en groupe ou encore la façon dont le conteur peut jouer avec sa voix, son corps et l'espace pour susciter l'intérêt de son jeune public.

L'objet livre suffit à lui seul à inspirer de nombreuses activités créatives jouant avec les images comme avec les mots : bricolages, dessins, abécédaires, jeux de cartes, mots croisés,...
Il est également possible d'inventer de nouvelles histoires au départ de livres existants : en (ré)écrivant la fin, en inventant une nouvelle histoire à partir d'une ou plusieurs images, d'une couverture ou en revisitant un conte traditionnel.

Le dernier chapitre est consacré à la mise en scène d'un livre.Vous apprendrez ainsi à réaliser un kamishebaï (théâtre d'images japonais) et trouverez des idées pour réaliser des marionnettes, un ballet, un poème musical ou encore une pièce de théâtre.

En annexe, des liens internet utiles renvoyant vers des sites d'associations, de salons du livre, bibliothèques, revues spécialisées et centres de formation (attention ces liens sont limités à la France).
Une bibliographie renvoie à une sélection d'ouvrages dédiés à l'univers de la littérature jeunesse.
 
Ce que j'ai vraiment apprécié dans cet ouvrage, c'est que l'objet livre est ici sorti de son cadre scolaire, qu'il peut être rendu vivant, animé et abordé de nombreuses façons différentes.
Qu'il est source de créativité, d'évasion, d'inspiration.
Peu importe le livre puisque "1001 activités autour du livre" offre des suggestions, tout au plus quelques pistes, déclinables à tous types de support écrit.
Divisé en 9 chapitres, l'ouvrage se défend d'une mise en page colorée et très aérée ainsi que de sympathiques illustrations de l'auteur (qui ne sont pas sans rappeler les dessins de Quentin Blake, illustrateur des contes de Roald Dahl en édition Folio).



Un ouvrage harmonieux et rempli de bonnes idées, une mine d'or que je ne peux que conseiller à toute personne désireuse de partager le goût de la lecture avec un jeune enfant.

Merci à Brigitte et aux éditions  de m'avoir envoyé ce livre !



L'avis de George 

Plus d'infos sur http://activitesautourdulivre.blogspot.fr

7 juillet 2013

Les autos tamponneuses - Stéphane Hoffmann






Publié en 2011, "Les auto tamponneuses" est un roman de l'écrivain français Stéphane Hoffmann.

Hélène et Pierre sont mariés depuis 40 ans et se sont arrangés pour vivre dès que possible loin de leurs 2 enfants (le troisième est mort noyé avec leur épagneul, une perte tragique, surtout pour le chien...).
Lorsque Pierre annonce à sa femme qu'il a l'intention de prendre sa retraite, celle-ci s'y oppose catégoriquement, voyant dans cette oisiveté à venir la fin de sa propre liberté.
Habituée à ses absences, Hélène ne conçoit pas d'avoir son mari sur le dos en permanence.
Alors que Pierre ne songe qu'à se laisser vivre au jour le jour et à flâner sans penser à rien, Hélène se met en tête de lui trouver des occupations et d'organiser des dîners avec leurs amis communs.
Leur couple finira-t-il par trouver un certain équilibre ?


" Mariés par hasard, nous le sommes restés par égoïsme et comme par indolence. Pourquoi chercher chez autrui un bonheur qu'on ne trouve qu'en soi, dans une action qui corresponde à sa nature ? (...)
Nous nous entendons sur l'essentiel. Le mariage nous a toujours semblé être un tour en auto tamponneuses: c'est inconfortable, on prend des coups, on en donne, on tourne en rond, on ne va nulle part mais, au moins, on n'est pas seul.
Ainsi avons-nous passé, dans ce voisinage absurde, bientôt quarante ans côte à côte." p.12


C'est le billet de Ys qui avait attiré mon attention sur ce livre. Comme je ne boude jamais un roman salué pour son ton grinçant, je me suis dit que ce serait là une bonne pioche.
Malheureusement, l'enthousiasme ne fut pas vraiment au rendez-vous.
Dès le début, j'ai trouvé les personnages de Pierre et Hélène d'un ennui contagieux. Je sais que c'est précisément là l'un des thèmes abordés dans ce roman mais ça n'est pas passé.
Seule Sagan a jusqu'ici selon moi réussi à explorer cette petite musique de l'ennui sans me donner envie de fermer l'un de ses livres. Parce que ce thème n'est qu'un prétexte visant au fond à creuser la psychologie de ses personnages.
Or ici, il n'en est rien. Je n'ai pour ainsi dire rien appris au sujet de ce curieux couple qui n'a guère plus en commun qu'une signature vieille de 40 ans et un même besoin d'autonomie.
Pierre et Hélène ne s'aiment plus, ne communiquent plus et vivent en marge l'un de l'autre. Un même événement a suscité en eux des réactions diamétralement opposées et dont ils ignorent tout.
Ces deux personnages m'ont semblé blasé de tout et de tout le monde, revendiquant leurs goûts élitistes, se réfugiant dans la bonne bouffe pour se donner une consistance, décriant les amis pour éviter d'avoir à regarder au fond d'eux-mêmes.
S'agissant de l'entourage justement, il se révèle franchement bobo à l'image de Pierre et d'Hélène. Je ne me suis attachée à aucun d'entre eux (c'est à peine si j'ai réussi à retenir qui était qui...) tant leurs intérêts et leurs discussions m'ont semblé futiles.
Certes le roman est bien écrit (beaucoup aimé le petit clin d'oeil à la madeleine de Proust), certains passages consacrés à la vie de couple donnent à réfléchir mais n'ont pas réussi à me faire oublier cette impression tenace de flottement et de vide permanent...

D'autres avis : Clara - Alex


"Les auto tamponneuses" est disponible au Livre de Poche depuis le 29 mai.



4 juillet 2013

Donne-moi ton coeur - James Hayman


Publié aux USA en 2009, "Donne-moi ton coeur" est le premier roman de l'écrivain américain James Hayman. Traduit en français une première fois sous le titre "L'Ecorcheur de Portland", ce roman est à nouveau disponible en librairie depuis le 12 juin dernier.

2005 - Portland. L'inspecteur McCabe de la brigade criminelle enquête avec sa partenaire Maggie Savage sur le cas de Katie Dubois, une adolescente victime d'abus sexuels, retrouvée sans vie et...sans coeur.
Une opération d'une telle précision chirurgicale que les soupçons se tournent rapidement vers certaines figures haut placées du monde médical.
Au même moment, Lucinda Cassindy, en plein jogging matinal, se fait interpeller par un coureur mal intentionné...
La jeune femme serait-elle la prochaine victime de l'écorcheur ?

Sans avoir détesté ce roman, je déplore malheureusement ses aspects trop convenus. J'ai trouvé le personnage de l'inspecteur McCabe (à chaque fois je lisais "macchabée" ^^) très classique : un père divorcé porté sur l'alcool, qui élève seul sa fille et tient tête à sa hiérarchie,...
L'intrigue se laisse lire mais ne réserve pas grande surprise tant on sent les choses et les gens arriver.
Quelques pages nous informent de la séquestration de Lucinda mais ces évocations sont tellement rares et superficielles que les amateurs de thrillers resteront certainement sur leur faim...
Je nourrissais tout de même l'espoir que l'auteur nous éclaire sur la psychologie de l'écorcheur mais même sur ce point, je me suis heurtée à un manque de subtilité et de profondeur. Le prologue nous donne un aperçu de son penchant sadique (on ne le répétera jamais assez mais les animaux ont toujours la vie dure dans les thrillers ^^) mais au final, je n'ai pas vraiment saisi son mobile...

Bref, si vous aimez les intrigues bien ficelées et tirées par les cheveux, les rebondissements et les frissons, passez votre tour car ce polar est pour le moins conventionnel.


Je remercie néanmoins Audrey de LP Conseils et les éditions de m'avoir envoyé ce livre.