En librairie depuis aujourd'hui, "Ce que cache ton nom" est un roman de l'écrivaine espagnole Clara Sanchez, également auteure de "Un million de lumières".
Enceinte d'un homme dont elle n'est pas amoureuse, Sandra est venue trouver refuge à Dianium dans la maison d'été de sa soeur. Victime d'un malaise au cours d'une promenade sur la plage, elle rencontre les Christensen, un vieux couple de Norvégiens qui décident de la prendre sous leur aile.
Peu habituée à ce que l'on s'occupe d'elle, Sandra se laisse choyer et convaincre d'emménager chez les octogénaires moyennant quelques menus services.
Suite à une mystérieuse lettre provenant d'un ami de longue date tout juste décédé, Julian, un vieil homme rescapé du camp de Mauthausen, débarque lui aussi à Dianium avec pour mission de traquer un couple de nazis à la retraite...
J'ai découvert ce roman sous forme d'épreuves non corrigées et je dois dire que pour une fois, mes yeux n'ont pas trop eu à souffrir des nombreuses coquilles généralement présentes dans ce format.
Bien que l'intrigue tarde à se mettre en place, on se doute assez vite du rapprochement entre Sandra et le vieux Julian.
Complètement paumée à l'annonce de sa grossesse, la jeune femme passe son temps à lézarder sur la plage en se demandant si elle sera une mère à la hauteur pour son enfant. Comment envisager l'avenir ? Le père en fera-t-il partie ? De quoi vivra-t-elle ? Au bout d'un moment, ses interrogations à répétition m'ont quelque peu lassée.
Lorsqu'elle rencontre les Christensen, elle voit en eux de chaleureux grand-parents de substitution dont la richesse ne gâche rien. Mais au bout d'un certain temps, elle finit par éprouver un malaise de plus en plus tenace qu'elle ne parvient pas vraiment à s'expliquer. Sa rencontre avec Julian lui fera envisager le vieux couple sous un tout autre angle que ce qu'elle s'imaginait au départ.
Julian est un personnage assurément plus intéressant car plus complexe. Alors que Sandra songe constamment à ce que lui réserve le futur, le vieil homme semble entièrement tourné vers son douloureux passé et cette haine qui l'a amené à traquer toute sa vie d'anciens tortionnaires nazis et ainsi empêché de connaître le bonheur, malgré la présence de sa femme et sa fille.
Tiraillé entre son obsessionnelle soif de vengeance et les scrupules éprouvés vis-à-vis des conseils de sa défunte femme et de sa fille, il entend bien mener sa dernière mission à terme avant de se ranger définitivement.
Comme je l'annonçais plus haut, il faut attendre une bonne centaine de pages avant que l'intrigue ne commence à se dérouler. La trame s'épaissit au moment de la rencontre entre Sandra et Julian puisque, désormais alertée de la véritable identité de ses bienfaiteurs, la jeune femme commence alors à fouiner là où elle ne devrait pas.
Malheureusement, si j'ai constaté une tension égale d'un bout à l'autre de ce roman et souvent tremblé devant les risques inconsidérés que prennent les deux héros, je n'ai jamais réellement ressenti cette mise en danger habituellement présente dans les thrillers.
Certes les principaux protagonistes ne sont plus tout jeunes (80 ans bien sonnés pour la plupart) mais ils disposent de jeunes recrues toutes prêtes à intimider les curieux voire plus si nécessaire.
J'ai achevé cette lecture avec une impression confirmée de tiédeur, notamment lors de la scène qui confronte Julian aux Christensen, comme si ce roman n'avait jamais vraiment décollé. Toute cette histoire se termine un peu trop bien pour Julian et Sandra à mon goût.
Vu le milieu hostile dans lequel ils baignent et la promesse d'un "thriller aux accents hitchcockiens" annoncée dans le résumé, je m'attendais à un thriller un peu moins bavard et surtout plus peps...
Je remercie néanmoins Laetitia Joubert et les éditions Marabout de m'avoir offert ce livre
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