" 40 ans, 6 morts et quelques jours..." est le premier roman de l'écrivain français Victor Rizman, publié en mars par Emotions Works.
Le jour de son anniversaire, un quadragénaire décide qu'il est temps pour lui de mettre un peu de piment dans sa vie. Il prend un appartement en cachette de son épouse et de sa fille et se crée un faux profil féminin sur un site de rencontres. Il y fera notamment la connaissance de SOLEILROUGE...
Le journaliste Vulcain Sanglar (alias "Le Sanglier") reçoit des cadeaux pour le moins étranges qui le mettront bientôt sur la piste d'un tueur en série...Le Scarabée.
Pendant ce temps-là, le capitaine Joël Schmitt et l'agent Sanka s'échinent à mener l'enquête.
Aucun cadavre, aucune disparition signalée, pas d'autres indices que ceux laissés volontairement par le Scarabée. Comment résoudre cette suite de 6?
"40 ans, 6 morts et quelques jours..." met en parallèle 3 existences qu'une série de meurtres va rapprocher. Tout au long du récit, nous allons donc suivre l'évolution des 3 personnages principaux ou du moins ce que l'auteur veut bien nous en dire.
Il n'y a en effet aucun second niveau de lecture visant à établir une complicité avec le lecteur, l'auteur s'amusant à tirer les ficelles à l'instar du personnage principal, le Scarabée.
Le Scarabée est un publicitaire, homme marié et père de famille en proie à une crise de la quarantaine plutôt hardcore associée à la recherche d'adrénaline.
Personnage central du roman, il est le seul qui s'exprime directement à travers le "je" et manipule les autres personnages. Malgré ses agissements, il m'a immédiatement plu car j'ai retrouvé en lui l'humour sarcastique et la vision du métier d'Octave Parango, alias le héros de "99 francs" (en moins libidineux), mais aussi la finesse et le sang froid de Fabrice Valantine, personnage de "Fume et tue" (version sans tabac).
" Depuis de nombreuses années, mon agence élabore des concepts pour le petfood. Et si ce n'est pas un sacerdoce, c'est très compliqué de vendre une boîte de bouffe survitaminée à une population égoïste, en lui masquant la faim dans le monde, les restos du coeur, les SDF,...C'est là que mon métier trouve tout son sens et sa grandeur. Je me demande souvent à quoi servent les yorkshires et autres bichons. Si les gens aiment les petites choses vivantes, élever des bactéries devrait leur suffire. " p.14
" Coincée dans le hall, ma femme tente de rentrer un deuxième jambonneau dans la manche de son manteau. Elle doit m'apercevoir dans son brouillard psychotrope pour me dire "Je vais à la jardinerie chercher un petit arbuste pour remplacer le buis qui est mort cet été. Je voudrais refaire un topiaire et comme la Sainte-Catherine approche...". Son effort lui coupe la respiration. Le temps de faire une pause pour récupérer, elle rajoute : "Je serai là pour midi et je passe au twirling la récupérer."
Elle finit sa gymnastique d'intérieur et sort s'occuper de ses projets horticoles. J'aurais aimé la regarder partir et être jaloux de sa beauté, pouvoir douter de sa destination. Peine perdue, quand le cynisme remplace l'amour, il ne reste plus qu'emballage et charcuterie. Qu'elle s'occupe de tailler des caniches dans ses buis. C'est le moment, à la Sainte-Catherine tout prend racine. Enfin peut-être pas cette année." p.122
Sanglar est un journaliste en manque de reconnaissance qui voit en cette suite de meurtres l'occasion rêvée de faire enfin la couverture du journal grâce à ses articles sur le Scarabée.
Autant dire qu'il a tout intérêt à captiver ses lecteurs le plus longtemps possible, ce qui revient pour lui à souhaiter que l'affaire ne soit pas trop rapidement résolue. C'est un personnage étrange, crade et qui entretient une relation malsaine avec sa grand-mère morte.
Le capitaine Schmitt est un homme au passé nébuleux, hanté par son échec dans l'affaire "Human Bomb" et par la disparition de sa famille.
Scarabée, Sanglar, Schmitt (et même SOLEILROUGE), des personnages en quête de reconnaissance, des prénoms en -s qui sonnent comme une allusion aux serpents, animaux à sang froid, allusions au sang, au sexe, aux scandales, autant de termes évoquant la tendance au sensationnalisme de plus en plus présent dans la presse.
J'ai beaucoup aimé la construction de ce récit dont les chapitres sont divisés entre le Scarabée et les autres personnages. Au centre de ce roman, le thème de la manipulation (le recours aux milieux de la presse et de la publicité ne relève évidemment pas du hasard).
" Voir Babe le cochon parler sur grand écran devrait rendre suspectes les images merdiques d'un barbu qui menace l'Occident au fond d'une grotte. Mais non, je vois donc je crois. C'est ça le problème, vous voulez tous croire, pas savoir. " p.247
Tout comme son personnage, l'auteur a fait en sorte de tenir son lecteur en haleine tout en jouant avec ses croyances, non sans humour puisqu'il est allé jusqu'à reproduire le site créé par son personnage pour promouvoir son roman. Sans compter que les informations sur l'auteur sont plutôt rares sur le net...Victor Rizman a donc magistralement réussi son coup !
Si je retrouve un bocal renfermant une jambe de poupée dans ma boîte aux lettres, je saurai que l'auteur est passé par ici ^^
Bon, je ne mâcherai pas mes mots, ce roman m'a sans nul doute fait l'effet d'une pépite ! D'ailleurs je l'ai tellement aimé que je souhaite le partager avec vous en faisant de lui un livre voyageur. Inscriptions en commentaire ;)
A voyagé jusque chez Clara, Mango et Sandrine.
Voici la video-promo du livre. Elle ne plaira peut-être pas à tout le monde mais je vous assure que le roman vaut vraiment le détour !
Le site du livre
Un grand MERCI à Victor Rizman et Emotions Works de m'avoir offert ce livre !
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