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7 septembre 2014

Aussi profond que l'océan - Jacquelyn Mitchard (livre + film)


Publié aux USA en 1996 et traduit en français en 1998, "Aussi profond que l'océan" est le premier roman de l'écrivaine américaine Jacquelyn Mitchard, notamment auteure de "Comme des étoiles filantes" dont je vous ai parlé il y a quelques jours.

Beth Cappadora quitte Madison avec ses trois enfants pour se rendre à Chicago où a lieu la 15ème réunion annuelle des anciens étudiants de son lycée.
Arrivée à l'hôtel, bondé pour l'occasion, elle confie sa petite dernière à la baby-sitter et demande à Vincent, son aîné, de surveiller Ben, son jeune frère.
Le temps de payer sa réservation, Beth se rend compte que Ben a disparu.
La police lance rapidement les recherches et les bénévoles ne manquent pas pour distribuer les avis de disparition.
Mais malgré leurs efforts, Ben reste introuvable.
Dix ans plus tard, alors que Beth et sa famille vivent désormais à Chicago, un garçon d'une dizaine d'années frappe à leur porte...

" - Oui, dit Beth. Je voudrais dire quelque chose à celui qui a pris mon fils dans le hall de cet hôtel.
Je vous en prie, ayez pitié de moi, pensait Beth. Faites preuve d'un peu de compassion et rendez-moi mon enfant, je vous en supplie. Ne lui faites pas de mal...
- Voilà, je n'espère pas que vous me rendiez Ben, dit Beth.
Sarah Chan eut l'air de s'étrangler, la cameraman tressaillit et Beth sentit Pat reculer, comme si une guêpe l'avait piqué.
Mais Candy Bliss leva la main comme un agent de la circulation, et Beth la regarda droit dans les yeux, longtemps.
Tant que les grands yeux bleus de Candy Bliss ne cilleraient pas, elle saurait qu'elle pouvait continuer.
- Je n'espère pas que vous me rendiez Ben, parce que vous êtes un salaud, un fou, et que vous n'avez pas de coeur.
- Madame Cappadora, souffla Sarah. Beth...
- Si vous avez pu faire ça, c'est que vous ne vous rendez pas compte de l'enfer que nous vivons à cause de vous. Ou que vous vous en fichez.
Elle s'éclaircit la gorge.
- Alors je ne vais pas vous supplier. Mais à tous les autres, je dis ceci : s'il vous arrive de reconnaître Ben, vous saurez que la personne qui est avec lui n'est ni moi ni Pat. Ni sa maman ni son papa. Et si vous avez un coeur, je vous demande de tout faire pour lui reprendre Ben.
Même lui faire mal si vous y êtes obligés. Pas de problème, je vous en récompenserai : moi, ma famille, mes amis, nous vous en récompenserons.
On vous donnera tout ce qu'on a. (Beth fit une pause). C'est tout, dit-elle." p.73

Le roman


A l'instar de "Comme des étoiles filantes", "Aussi profond que l'océan" évoque un foyer brisé par un drame. Une famille cernée par la douleur, la culpabilité et les non-dits.
Beth a perdu pied et sombre dans un état léthargique, s'abandonnant entièrement à sa douleur.
Son mari Pat se plonge dans le travail et tente de continuer à vivre malgré tout tandis que leur fils Vincent accumule les mauvais choix et souffre en silence du manque d'intérêt de ses parents pour lui.
Envoyé chez un psy, il lui confie progressivement ce qu'il a sur le coeur.
Des dissensions règnent au sein de la famille et de la belle-famille.
Persuadée que Ben est mort, Beth ne supporte pas que ses beaux-parents continuent à déposer des cadeaux pour Ben tous les Noëls.
Mais comment faire le deuil d'un enfant dont on ignore si il vit encore ou non ?

Contrairement à ce que j'avais déploré dans "Comme des étoiles filantes", la psychologie des différents personnages est ici très bien rendue, particulièrement dans les profils de Beth et de Vincent, qui chacun à leur manière se sentent responsables de la disparition de Ben : elle parce qu'elle a laissé ses enfants sans surveillance rien qu'un instant et lui parce qu'il a lâché la main de son frère.
L'inspecteur Candy Bliss, qui au fil des ans a développé une véritable amitié avec Beth, n'est pas en reste non plus en matière de culpabilité.

Ce qui m'a principalement gênée dans ce roman, ce sont deux grosses incohérences qui selon moi ne pardonnent pas.
Comment Ben a-t-il pu disparaître au milieu d'une foule de gens qui connaissaient tous Beth et ses enfants sans qu'il n'y ait pas un seul témoin ?
La situation semble d'autant plus invraisemblable lorsqu'on apprend qui a fait le coup...
Un scénario gros comme deux pâtés de maison.
Deux pâtés de maisons, c'est justement la distance qui sépare ce jeune garçon ressemblant étrangement à Ben de la maison des Cappadora qui ont déménagé à Chicago.
Un garçon qu'ils n'avaient jamais remarqué en 4 ans jusqu'à ce qu'il sonne à leur porte !
Je ne sais pas vous mais le hasard fait quand même (trop) bien les choses...

Le film




Sorti en salles en 1999 avec Michelle Pfeiffer, Treat Williams et Whoopi Goldberg dans les rôles principaux, le film présente une version allégée, plus "familiale" (genre téléfilm du dimanche après-midi...).
Bien que Michelle Pfeiffer se défende bien dans ce rôle d'épouse et de mère éteinte, le personnage de Beth m'a semblé moins complexe, plus fade que dans le roman où elle était tout de même présentée comme ayant du tempérament.
La relation amour-haine entre Beth et Vincent perd également en profondeur et en complexité.
Idem pour l'amitié entre Beth et Candy, cette dernière étant simplement présentée comme l'enquêtrice.
Pour ne rien arranger, je ne suis pas parvenue à me représenter Whoopi Goldberg dans un rôle sérieux. J'avais toujours l'impression qu'elle était sur le point de raconter une blague alors que la situation ne s'y prêtait pas du tout...
Les entretiens entre Vincent et son psy - probablement ce qui m'intéressait le plus dans le roman - sont carrément passés à la trappe.

A choisir, privilégiez plutôt le roman au film même si vous aurez bien compris que je ne ressors pas très emballée de cette lecture.



A croire qu'il me manque toujours quelque chose avec cette auteure...


Merci aux éditions des Deux Terres de m'avoir envoyé cet ebook.

29 août 2014

Comme des étoiles filantes - Jacquelyn Mitchard


Publié aux USA en 1996 et disponible en ebook depuis le mois de mai, "Comme des étoiles filantes" est un roman de l'écrivaine américaine Jacquelyn Mitchard, particulièrement connue pour son premier roman "Aussi profond que l'océan" (adapté au cinéma en 1999 avec Michelle Pfeiffer et Whoopi Goldberg) dont je vous parlerai bientôt.

Durant une partie de cache-cache, Veronika Swan, alors âgée de 12 ans, assiste à la mort de ses deux petites soeurs, égorgées par un homme dérangé.
Scott Early, diagnostiqué schizophrène, signe des aveux écrits et est placé en institution pour une durée maximum de 7 ans.
Pour Veronika, traumatisée depuis ce fameux jour, le verdict n'est pas suffisant.
Contrairement à ses parents qui, fidèles à la doctrine mormone, finissent par accorder leur pardon, la jeune femme ne parvient pas à tourner la page.
A l'annonce de la libération de Scott Early et de la grossesse de sa femme, Veronika part pour San Diego...

Les Swan m'ont fait l'effet d'une famille parfaite du type "Sept à la maison", entre scolarité à domicile, lectures choisies et multiples visites à l'Eglise. Rien qui dépasse.
Mais le meurtre de Becky et Ruthie va bouleverser les vies de Veronika et de ses parents.
La mère de Veronika, artiste, passe désormais la plupart de son temps à dormir.
Enceinte au moment du drame, elle accouche seulement deux semaines après d'un petit garçon auquel elle fournit les soins élémentaires mais sans parvenir à lui donner son amour.
C'est donc essentiellement Veronika qui s'occupe de son petit frère alors que son père est constamment absent, errant dans la forêt pour tenter d'apaiser son chagrin et trouver la force de continuer.
La jeune fille se retrouve livrée à elle-même. D'abord en proie à un profond sentiment de culpabilité qui lui fait imaginer en rêve d'autres fins plus heureuses, elle est prise d'une envie de vengeance.
Une faille au sein de ce système éducatif bien rôdé et qui laisse ses parents désarmés.
Le roman est centré sur l'évolution morale de Veronika à laquelle se greffe la question du pardon : est-il sans limites ?
La délivrance passe-t-elle par le pardon ou la vengeance ?

Heureusement que le personnage principal de Veronika m'intéressait car les autres m'ont semblé faire pâle figure, trop lisses et pas assez creusés.
L'auteure, sans être mormone, consacre une large part de son récit à la démystification du mormonisme et aux préjugés qui lui sont liés, comme la polygamie qui n'est plus de mise depuis la fin du 19ème siècle sauf chez les fondamentalistes.
Ou sur les raisons pouvant expliquer que les mormons aient beaucoup d'enfants.

" On trouve différentes théories expliquant pourquoi les mormons ont autant d'enfants. Personnellement, je crois qu'au début, quand Joseph Smith a lancé la religion, c'était probablement parce qu'ils avaient besoin de monde, afin qu'au moins l'un d'entre nous survive aux terribles persécutions à venir.
De nombreux mormons pensent encore que plus il y aura de mormons, mieux cela vaudra pour propager la bonne parole, raison d'être des missions.
L'Eglise enseigne que nous vivons tous au ciel avant de naître, et qu'il faut que nous ayons beaucoup d'enfants pour offrir des corps terrestres à ces âmes, tout comme ont été créés les corps physiques de Dieu et de Jésus, de façon qu'elles puissent descendre sur terre pour y être mises à l'épreuve.
Les êtres sont mis à l'épreuve afin de pouvoir tendre vers l'image de Dieu, et ça continue ainsi - chacun s'efforce de devenir meilleur et de faire le bien - même après, une fois mort." p.21

Pour ma part, j'ai su en lisant ce passage que je ne deviendrais jamais mormone :))

" Quand Clare et moi avons bu le thé Earl Grey que nous avions chipé dans l'une des boîtes de Madame Sissinelli, nous l'avons avoué et ne nous sommes presque pas fait gronder. Mon père a dit : " Tout le monde dépasse un peu les bornes de temps en temps". Nous avons du présenter des excuses à Madame Sissinelli et faire une rédaction sur la dépendance à la caféine." p.26

Bien que l'aspect religieux m'ait intéressée, je l'ai trouvé trop présent, étouffant, comme si le reste était un prétexte. Ca frôle l'apologie, au point que j'étais persuadée que l'auteure était mormone.
L'éducation que Veronica a reçue a, il est vrai, son importance dans sa décision finale mais j'ai trouvé que celle-ci aurait du peser davantage dans ce débat pardon/vengeance.
Je n'ai pas ressenti cette violence intérieure qu'on imagine dans ce genre de situation.
Globalement concernant le fond, et cela vaut aussi pour la forme, ça manquait malheureusement de tripes.
  
J'espère que "Aussi profond que l'océan" me plaira davantage. Mon souvenir du film est très flou, j'essaierai d'enchaîner les deux.

Merci aux éditions des Deux Terres de m'avoir envoyé cet ebook.

9 août 2014

Carnation - Xavier Mussat




En librairie depuis le 28 mai, "Carnation" est le second album autobiographique - après "Sainte Famille" - de l'illustrateur et scénariste français Xavier Mussat.

1993. Xavier termine ses études artistiques à Angoulême et trouve un boulot qui paie bien mais ne l'enthousiasme pas vraiment et renforce son sentiment de solitude.
Il rencontre Alice, une jeune mère au foyer mariée avec laquelle il entretient une relation platonique et pour qui il dépense sans compter.
Alice finit par divorcer et trouve du boulot à Paris. Xavier, sentant qu'elle n'a plus besoin de lui se détache à son tour. Alors qu'Alice finit pourtant par lui céder, son désir pour elle s'évanouit complètement.
Xavier s'investit dans un projet de grande envergure qui l'occupera durant 2 ans : "Kirikou et la sorcière".
Au terme du projet, il sait qu'il ne pourra plus jouer les moutons comme avant et démissionne, sans réel plan de carrière.
C'est à cette période qu'il croise la route de Sylvia, jeune femme paumée, éternelle insatisfaite et toujours en colère, qu'il aimera plus que de raison...


Bien que "Carnation" soit centré sur la relation toxique que Xavier entretient avec Sylvia, il rend également compte d'un background qui devait fatalement les réunir.
Sylvia a quitté la Bretagne pour Angoulême avec dans l'idée de rencontrer des artistes et de se faire une place dans leur monde. Or elle ne semble pas cultiver un talent particulier et vivote en attendant que quelque chose se passe.
Ce qui est aussi le cas de Xavier qui cherche vaguement l'inspiration et vit du RMI.
Il n'y a ni ambition ni projet derrière leur refus de la norme, seulement un déni de l'échec.


Xavier et Sylvia se sont enfermés dans une relation casse-gueule qui se veut plus de l'ordre de la dépendance affective que de l'amour.
Xavier voit peut-être en Sylvia un challenge, un coeur à conquérir, mais la jeune femme est tellement imprévisible qu'il ne parvient pas à s'en saisir et se retrouve finalement enchaîné à elle. 

Les amis ont progressivement disparu. Autoritaire et égoïste, Sylvia isole Xavier de tout et de tout le monde, surtout de lui-même.
Trouvant toujours un moyen de le tirer un peu plus vers le bas, elle passe son temps à le culpabiliser, à souffler le chaud et le froid, poussant le chantage affectif à l'extrême.
Repliés sur eux-mêmes dans une spirale malsaine que chacun entretient à sa manière, ils ne peuvent en sortir qu'à condition que l'un des deux coupe les ponts.




La première partie - l'avant Sylvia - m'a beaucoup fait penser à l'univers de Larcenet. Personnage central en pleine crise existentielle et créative, incapable de s'engager avec une femme ou de gérer la relation compliquée avec son père, il prend parfois l'envie à Xavier de quitter le monde civilisé pour lui préférer la nature.
La comparaison s'arrête là.
Du reste, le choix du noir et blanc et les illustrations parsemées de symboles et de concepts rendent compte du caractère chaotique de cette relation et de l'état d'esprit du narrateur.
La représentation des deux personnages principaux ne laisse aucun doute quant à qui mène la barque: Xavier, qui arbore un monosourcil qui lui barre le front et lui donne un air constamment soucieux, courbe l'échine, éreinté et recroquevillé sur lui-même, face à une Sylvia dont la malice se devine à ces yeux énormes et ce petit nez pointu.

 
Il faudra du temps à Xavier Mussat pour réaliser la portée de la violence psychologique subie au quotidien et 10 ans pour parvenir à coucher son introspection sur 250 pages.

On ne lit pas "Carnation" sans émotion et sans l'envie de jouer les arbitres et de secouer Xavier pour lui éviter de s'enliser complètement.
Un album riche, fort dont j'ai vraiment aimé la profondeur psychologique appuyée par un traitement graphique vraiment original.
Je suis certaine que "Carnation" trouvera ses lecteurs si ce n'est pas déjà fait :)







Je remercie Babelio de m'avoir envoyé cet album dans le cadre de sa dernière opération Masse Critique bd.

tous les livres sur Babelio.com


4 août 2014

Réparer les vivants - Maylis de Kerangal



Publié en janvier 2014, "Réparer les vivants" est le dernier roman de l'écrivaine française Maylis de Kerangal, notamment auteure de "Naissance d'un pont" paru en 2010.

Une séance de surf entre copains au petit matin et, l'instant d'après, un accident de voiture qui plonge rapidement Simon en état de mort cérébrale.
Se pose alors la question du don d'organes, alors qu'à l'autre bout du pays Claire figure sur la liste d'attente pour recevoir un nouveau coeur.

" Le sens de ce transfert dont elle bénéficie par le jeu d'un hasard invraisemblable - la compatibilité inouïe de son sang et de son code génétique avec ceux d'un être mort aujourd'hui -, tout cela devient flou.
Elle n'aime pas cette idée de privilège indu, la loterie, se sent comme la figurine en peluche que la pince saisit dans le fatras de bidules amoncelés derrière une vitrine de la fête foraine.
Surtout, elle ne pourra jamais dire merci, c'est là toute l'histoire.
C'est techniquement impossible, merci, ce mot radieux chuterait dans le vide." p.257

"Réparer les vivants" emprunte son titre à une phrase tirée de la pièce "Platonov" de Tchekhov : "Enterrer les morts, réparer les vivants".
Déployé sur 24 heures, "Réparer les vivants" apparaît comme un roman de l'urgence : urgence d'une jeunesse éprise de vagues et de vitesse, urgence d'une mère pour rejoindre son fils, encaisser le choc et décider qu'il ne sera peut-être pas tout à fait mort pour rien.
Urgence des médecins pour disperser un corps dans plusieurs autres puisque Simon n'a que 19 ans, ce qui le dispose à un prélèvement multi-organes : deux reins, deux poumons, un foie et un coeur dont nous suivons le parcours jusqu'à Claire, une quinquagénaire souffrant de myocardite.
Etrange renversement de situation : Simon si jeune et si proche de la vie, Claire tendant vers la mort. Un accident qui inverse la donne. Une vie pour une autre, l'une s'éteint, l'autre s'éveille bon sang, j'écris comme une pub Volvic.

" Combien de temps sont-ils restés assis de la sorte après l'annonce, affaissés au bord de leurs chaises, pris dans une expérience mentale dont leurs corps jusque là n'avait pas la moindre idée ?
Combien de temps leur faudra-t-il pour venir se placer sous le régime de la mort ?
Pour l'heure, ce qu'ils ressentent ne parvient pas à trouver de traduction possible mais les foudroie dans un langage qui précède le langage, un langage impartageable, d'avant les mots et d'avant la grammaire, qui est peut-être l'autre nom de la douleur, ils ne peuvent s'y soustraire, ils ne peuvent lui substituer aucune description, ils ne peuvent en reconstruire aucune image, ils sont à la fois coupés d'eux-mêmes et coupés du monde qui les entoure." p.103

Dès le moment où les parents de Simon marquent leur accord pour les greffes, la procédure est lancée et tout le corps médical s'active pour trouver et contacter des receveurs compatibles.
Qui sont ces médecins hormis des ingénieurs de la vie ? (et ça on ne risque pas de l'oublier car le roman comporte de nombreux passages assez techniques).
Des hommes et des femmes auxquels l'auteure prête une vie intérieure et affective - la seconde s'avérant assez réduite et instable, ce qui contraste avec la précision qu'exige leur métier.

Si j'ai bien saisi que l'auteure souhaitait présenter l'envers du décor en "humanisant" ces spectateurs mais surtout ces acteurs de cette valse constante entre la vie et la mort, j'ai bien souvent été tentée de "biffer les mentions inutiles".
Il faut dire que dès le départ, ça avait mal commencé pour moi puisque j'étais déjà essoufflée au bout du premier chapitre et de ses phrases kilométriques.
Maylis de Kerangal possède indéniablement un style bien à elle et une parfaite connaissance de la langue française qui transparaît un peu trop selon moi.
J'ai senti le travail d'écriture et l'empathie souhaitée par l'auteure mais je n'ai pas ressenti grand chose, freinée par ce style très travaillé.
Les portraits des différents médecins intervenants se succèdent si vite qu'ils m'ont fait l'effet de digressions tandis que les aspects purement cliniques, bien qu'intéressants, m'ont semblé laborieux à la lecture.
Pour ma part, j'ai donc trouvé ce roman globalement assommant. Globalement parce que j'ai tout de même aimé les passages consacrés aux parents de Simon et à Claire.

Je sens que vu mon manque de sensibilité vis-à-vis de ce roman, certains vont me conseiller une transplantation cardiaque :)



D'autres avis : Liliba (une lecture commune manquée :() - Leiloona - Clara - MangoKathel - Valérie 

Curieuse de lire les billets à venir de Noukette et de Jérôme :)


Je remercie Babelio de m'avoir envoyé ce roman dans le cadre de son opération Masse Critique.

23 juillet 2014

Bastards - Ayerdhal


En librairie depuis le 6 janvier dernier, "Bastards" est le dernier roman de l'écrivain français Ayerdhal, particulièrement connu pour son oeuvre de science fiction.

Après avoir décroché le Pulitzer, l'écrivain Alexander Byrd se retrouve en proie au syndrome de la page blanche et fait appel à son collègue écrivain, Colum McCann.
Ce dernier lui parle de l'affaire Cat Oldie, le surnom qu'ont donné les médias à une vieille dame recherchée par la police car réputée pour se défendre mieux que personne à l'aide d'un sarcloir et d'un...gros chat.
Avec l'aide de son amie Maria Minuit, chargée des relations publiques au FBI et de deux assistants du procureur, Alexander se lance sur la piste de cette nonagénaire hors du commun et la retrouve devant la tombe du célèbre Houdini. Une rencontre qui déclenchera une guerre cinglante entre services secrets.
Percera-t-il le mystère de Cat Oldie ?

Voici un roman qui sort quelque peu des sentiers battus, hybride de par ses affinités avec les genres policier et fantastique, sans compter que l'action est bien présente dans ce roman qui se consacre par ailleurs à la quête d'un écrivain en manque d'inspiration.
Mais je dois avouer que c'est surtout l'univers félin dont s'entoure ce roman qui m'a le plus intriguée :)
Et je dois dire que j'ai été gâtée puisque les chats, associés à la mythologie égyptienne, tiennent une place de choix dans ce roman ! (Niki si tu passes par ici ;))

Nous suivons au départ un écrivain en panne sèche avec toutes les interrogations que cela suppose. L'occasion d'une intéressante rencontre avec Colum McCann, entre autres puisqu'Alexander Byrd croisera la route d'autres amis écrivains tels que Norman Spinrad, Jérôme Charyn, Paul Auster, Siri Hustvedt.

" - A la bonne heure ! s'exclame Jérôme. Tu sais comment les Français appellent le Bogeyman ?
- Aucune idée.
- Le croque-mitaine. Ca signifie the Crunch Mitts. C'est une belle image, non ? Ils ont aussi une autre expression rigolote pour dire sensiblement la même chose : le père Fouettard.
Ca peut se traduire par the Whipping Dad.
- Tu trouves ça rigolo ? Je dirais plutôt que c'est terrifiant.
- Tu trouves ça plus effrayant qu'un barbu bedonnant qui ramone les cheminées avec des cadeaux emballés par une armée d'esclaves dans du papier non recyclable ? Tiens, imagine la terreur d'un môme à qui tu dirais : "Si tu n'es pas sage, je t'envoie travailler vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans une mine au pôle Nord." p.148
"Bastards" bascule dans le genre policier au moment où Alexander se lance à la recherche de Cat Oldie et la trouve sur la tombe d'Houdini. A partir de cette rencontre, de petites touches de fantastique viennent se greffer au récit, sans qu'on ne parvienne toutefois à les relier directement à l'intrigue principale.
Si j'ai aimé suivre cet écrivain jouant les apprentis détectives, je ne l'ai décidément pas trouvé des plus finauds.


S'ajoute à cela le fait que je ne l'ai pas particulièrement apprécié en tant qu'homme : son côté chaud lapin et sa désinvolture par rapport à Maria Minuit du début à la fin m'ont quelque peu refroidie.
Alexander Byrd est présenté comme un écrivain, jeune veuf, qui tient à son indépendance. Du coup, j'ai été assez surprise par le fait qu'entouré en permanence par des femmes au tempérament explosif, il ne pète pas un plomb.

Comme le dit l'auteur : " L'écrivain n'est qu'un étalon qui s'est enferré dans une dynastie matrilinéaire à laquelle il ne comprend rien." p.260
 
Sacré gynécée d'ailleurs que cette galerie de personnages féminins aux griffes acérées et dotés d'un sacré sens de la répartie et de l'humour ! Kayleen, Asuncion, Lizzie, Shania, Aeris, Vaimiti, Liadan, Hermeline, Janet, la jeune Emily, c'est simple, je les ai tous aimés (coup de coeur particulier pour les deux dernières).

Si je me suis parfois sentie perdue durant ma lecture (beaucoup d'instances impliquées et d'enjeux à différents niveaux), j'ai toujours pu retomber sur mes pattes grâce à la maîtrise exemplaire de l'auteur dont on devine qu'il sait parfaitement où il va. Pour un français, il semble d'ailleurs tout à fait à l'aise dans la banlieue new-yorkaise.
Un roman assez dense, sans jamais être brouillon, et à la croisée de plusieurs genres habilement mêlés. Le genre de lecture qui ne devrait laisser personne indifférent !
Mon seul regret ? Ne pas pouvoir lire le roman achevé d'Alexander Byrd :)

Je remercie Babelio de m'avoir envoyé ce roman dans le cadre de son opération Masse Critique consacrée aux littératures de l'imaginaire.

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http://liliba.canalblog.com/archives/2014/07/15/30240423.html

7 juillet 2014

Sweet Sixteen - Annelise Heurtier


Réédité depuis le 2 avril dernier, "Sweet Sixteen" est un roman de la française Annelise Heurtier, auteure jeunesse à qui l'on doit notamment les romans "Le carnet rouge" et "La fille aux cheveux d'encre".

En mai 1954 aux USA, l'arrêt Brown versus Board of Education autorise les Noirs à pouvoir accéder au même enseignement que les Blancs.
Autant dire que cette décision de la Cour Suprême ne fait pas l'unanimité, particulièrement dans les états sudistes au sein desquels les Noirs sont perçus comme une race inférieure vouée à la servitude.
En 1957, à quelques jours de la rentrée scolaire, le Lycée central de Little Rock en Arkansas ouvre pour la première fois ses portes à 9 étudiants Noirs, lâchés en pâture au milieu de 2500 étudiants Blancs.

" Depuis le trottoir, les habitants du quartier regardaient passer la Pontiac des Costello, le visage grave. Les femmes tenaient leurs petits serrés contre leur jupe. Les hommes restaient sans bouger, les mains enfoncées au fond des poches. Une vraie caricature.
En apercevant des visages plus familiers, Molly tenta quelques saluts de la main, que personne ne lui retourna.
Pourquoi l'observait-on comme ça ? Tout le monde ne la voyait donc que comme une coupable, une folle dangereuse ? Personne dans cette ville n'avait envie de faire bouger les choses ?
Personne n'avait entendu parler du pasteur Martin Luther King ? " p.73


Nous découvrons en alternance les points de vue de Grace et de Molly, deux jeunes filles sur le point de fêter leurs "sweet sixteen" (nom de la fête donnée par les jeunes filles américaines à l'occasion de leurs 16 ans, signant ainsi le passage à l'âge adulte).
Grace est issue d'une famille blanche aisée. Son quotidien se résume à choisir sa tenue du jour et à tenter de séduire Sherwood, le frère de sa meilleure amie Brook.
La mère de Sherwood et de Brook se trouve à la tête d'une association de mères de famille farouchement opposées à ce que leurs enfants fréquentent les Noirs durant les cours (ou ailleurs).
Bien que Grace ne cautionne pas vraiment les actions lancées par ces femmes, elle se préoccupe avant tout de plaire à Sherwood.
Molly fait partie des 9 étudiants noirs admis à Little Rock. A l'annonce de la nouvelle, Noirs comme Blancs tentent de la dissuader d'entrer dans ce lycée. Les uns en la sermonnant sur les risques encourus non seulement pour elle-même mais aussi pour ses semblables, les autres en lui faisant clairement comprendre qu'elle est indésirable.
La jeune fille et ses 8 camarades devront s'y prendre à plusieurs reprises avant de pouvoir atteindre les portes de l'établissement, finalement escortés par l'armée du général Eisenhower...


L'histoire de ces 9 étudiants noirs scolarisés à Little Rock (tous les lycées américains comportent-ils le mot Rock ?) s'inspire malheureusement de faits réels. Ils n'y passeront qu'une année car bien que sur le déclin, l'Amérique ségrégationniste n'a pas encore dit son dernier mot.
Malgré son démantèlement officiel en 1944, le Ku Klux Klan trouve encore ses adeptes et assimile les progressistes/intégrationnistes aux Noirs.

L'auteure fait état d'un véritable acharnement et d'une violence qui va bien au-delà de l'intimidation et des mots.
J'ai été mortifiée par les réactions et la cruauté de ces lycéens Blancs qui se contentent de répéter ce qu'ils entendent de leurs parents (dans un autre genre, on leur interdisait d'écouter Elvis dont le déhanchement était jugé obscène. Autant dire qu'à cette époque-là Rihanna ou Miley auraient été lapidées avant leur premier twerk).
Mais plus encore par ces extrémistes et ces mères de famille hystériques prêtes à tout pour arriver à leurs fins alors même qu'elles qualifient les Noirs d'êtres dangereux et pulsionnels !

J'ai beaucoup aimé la personnalité de Molly qui, sans jouer les têtes brûlées, trouve le courage de retourner chaque jour au lycée malgré cette ambiance à la "Carrie".


Le personnage de Grace, présentée au départ comme la pétasse superficielle, n'est pas en reste non plus même si il m'a fallu plus de temps pour apprécier sa prise de conscience progressive.

J'ai trouvé ce climat de tension croissante très bien rendu. Et pour une fois, j'ai réellement pu apprécier un roman jeunesse sans avoir l'impression qu'il s'adressait à un lectorat plus jeune.
Plus qu'un simple roman, "Sweet Sixteen" offre une triste leçon d'histoire mais présentée comme une invitation à la tolérance et à la non-violence.
Un coup de coeur qui pourrait aussi être le vôtre !

" Peut-être que tout cela ne faisait que commencer.  Peut-être que le jour viendrait où les Noirs pourraient assister aux mêmes spectacles que les Blancs. Peut-être que les piscines leur seraient ouvertes toute la semaine, et pas seulement la veille du nettoyage. Qu'un chanteur noir aurait le droit de faire swinguer une femme blanche sans être boycotté. Qu'il serait permis de se marier en mélangeant les couleurs.
- Et peut-être même qu'un jour il y aura un président noir à la Maison Blanche ! s'enflamma-t-elle devant son miroir. " p.105 (les 9 étudiants de Little Rock furent invités par Obama le jour de son investiture :))

Je remercie les éditions Casterman de m'avoir offert ce roman.
 



27 juin 2014

Souviens-toi de demain - Vanessa Caffin



En librairie depuis le 26 mars dernier, "Souviens-toi de demain" est un thriller écrit par la romancière française Vanessa Caffin, également auteure de "J'aime pas l'amour...ou trop peut-être", "Mémoire vive" ou encore "Rossmore Avenue".

Charlie Longe, 35 ans, est victime d'une agression qui la plonge dans le coma durant un mois.
A son réveil, non seulement elle n'a conservé aucun souvenir de son passé, mais elle n'est désormais plus capable d'enregistrer de nouvelles informations.
Chaque nouvelle journée s'annonce comme un éternel recommencement, même si le journal dans lequel elle consigne ses souvenirs lui fait gagner un peu de temps chaque matin.
Qui est-elle ? Où vit-elle ? Pourquoi a-t-elle été agressée ? Autant de questions auxquelles Charlie tentera désespérément de répondre, se heurtant au mutisme de certains collègues et à un proche qui n'en a pas fini avec leur histoire...


" Voilà ce qui la déstabilisait aujourd'hui, elle ne fonctionnait pas à l'affect. Elle avait l'impression d'un parcours d'obstacles.
La solitude est meurtrière, pensa-t-elle, parce qu'on finit par oublier qu'on est vivant.
Elle tenta de se remémorer la demeure de ses parents, mais aucune image ne lui vint, si ce n'est un décor fantasmé.
Elle ne se souvenait pas de s'être fâchée avec son père, ni ne ressentait la cicatrice de son absence.
Orpheline sans trauma. Et si cet accident était une bénédiction, l'occasion de se racheter, d'effacer l'ancienne Charlie Longe ?
Elle en vint à craindre de retrouver un jour la mémoire et la personnalité qui va avec.
Elle en vint même à prier que ce jour soit une nouvelle naissance. On gomme tout et on recommence, l'apprentissage des sentiments, les règles de socialisation.
On réapprend à aimer, tolérer, comprendre, pardonner. Mais avec qui ? Elle avait apparemment fait le vide autour d'elle.
Elle n'avait plus personne à aimer, plus rien à pardonner. Mauvaise idée. Remonter le fil, creuser profond, chercher et chercher encore." p.79

Tout le monde se souvient probablement de l'excellent "Un jour sans fin" (l'auteure y fait d'ailleurs allusion) qui mettait en scène un Bill Murray condamné à revivre la même journée à l'identique. Ou presque car il conservait néanmoins la mémoire des jours précédents, ayant ainsi la possibilité d'influencer le cours des journées suivantes.
Charlie, elle, ne peut compter que sur son journal, bien que celui-ci lui joue parfois de mauvais tours.
"Souviens-toi de demain" étant un thriller psychologique, vous vous doutez bien que tout le monde ne souhaite pas venir en aide à Charlie.
En parallèle à sa quête personnelle, nous suivons donc le quotidien d'un homme sans scrupules qui met tout en oeuvre pour exploiter son amnésie (ce qui est quand même bien crapuleux).
Charlie, du fait de sa perte de mémoire et de son manque de repères, s'avère être une proie facile et manipulable à souhait.
A-t-elle encore une place dans le monde ? A qui peut-elle faire confiance ?
Perdue, elle ne sait pas vraiment vers qui se tourner d'autant qu'elle ne peut même pas compter sur elle-même.
J'ai sincèrement eu pitié de cette femme qui nage en pleine confusion et je l'ai trouvée assez crédible dans ses réactions.
A quelques exceptions près. J'aurais notamment pris beaucoup plus de notes ou essayé, à l'aide d'une carafe de Redbull, de passer une nuit sans sommeil histoire de tester ma mémoire (il me semble que le personnage joué par Bill Murray tentait le coup).
La problématique de ce qu'on appelle la mémoire antérograde (amnésie à court terme) aurait pu selon moi être un peu plus approfondie.

Les circonstances de l'agression de Charlie sont connues dès les premières pages ce qui, loin de nous gâcher le suspense, installe d'emblée une tension qui ne retombera pas.
"Souviens-toi de demain" fait l'effet d'un long cauchemar éveillé. Un rendu accentué par des chapitres courts qui incitent à ne pas lâcher le livre, un rythme soutenu (sans être infernal) et un style simple mais efficace.
Bien que le sujet de la perte de mémoire soit un thème over-exploité dans ce type de thriller, j'ai trouvé cette lecture assez prenante, machiavélique et énervante comme j'aime, et qui se conclut par une fin qui aurait toutefois pu se passer de l'épilogue.
Un thriller parfait pour l'été qui m'a fait penser à du Pierre Lemaître (en moins tarabiscoté que "Robe de marié").

Je remercie les éditions Calmann-Lévy de m'avoir envoyé ce roman.




12 mai 2014

La Belle et la Bête - Cécile Roumiguière et Aurélia Fronty



Paru le 18 octobre 2013, "La Belle et la Bête" est un album signé par Cécile Roumiguière, auteure jeunesse, et Aurélia Fronty, illustratrice jeunesse.

Après Madame de Beaumont, Jean Cocteau, Gabrielle de Villeneuve ou encore Disney, cet album au format à l'italienne revisite le célèbre conte, qui prend place à Venise.
Un marchand d'étoffes vit à la campagne avec ses 3 filles : alors que les deux aînées ne songent qu'à leur apparence et à leurs sorties, Belle, la cadette de nature modeste, passe son temps en compagnie des animaux.
Lorsque leur père perd sa marchandise et se retrouve ruiné, Belle est la seule à se porter volontaire pour aménager le jardin en potager et ainsi faire vivre la maisonnée.
Entretemps, le marchand apprend que ses tissus ont été retrouvés et part alors à Venise les récupérer. Contrairement à ses soeurs qui exigent monts et merveilles, Belle demande à son père de lui ramener une simple rose.
Arrivé à Venise, leur père constate que sa marchandise est abîmée donc invendable. Désespéré, il reprend sa route, s'égare dans la forêt puis trouve refuge dans une demeure effrayante.
Le lendemain, sur le chemin du retour, il cueille une rose pour Belle et fait la rencontre de la Bête...

Vous connaissez certainement la suite :)
Cette version de la Belle et la Bête, tout en étant une ré-écriture, reste fidèle dans l'essentiel à l'histoire originale. Chose que j'ai appréciée car, La Belle et la Bête étant mon conte Disney préféré, je n'avais pas spécialement envie de découvrir une histoire toute autre.
Un passage m'a quelque peu déconcertée : au cours d'un de leurs dîners, la Bête demande à la Belle de coucher avec lui. Elle refuse et il lui répond qu'il lui reposera la question tous les soirs.
Alors bon, je sais que coucher peut vouloir dire "partager la couche" sans pour autant inclure des relations sexuelles mais peut-être l'auteure aurait-elle pu remplacer ce terme par dormir (selon moi moins ambigu et plus approprié pour des enfants de 8 ans et plus) ?
Ce détail mis à part, j'ai adoré le personnage de la Belle et sa soif de connaissance !


Certes, la bibliothèque version Disney reste quand même plus impressionnante :)



Côté dessin, j'ai globalement aimé la proposition féérique d'Aurélia Fronty : ce choix de couleurs très vives, ces motifs végétaux et ces illustrations au trait naïf débordant (pas assez) du cadre.
J'ai juste moins accroché à cette représentation très kitsch de la Bête, qui prend les traits du lion de Venise, et offre un contraste visuel assez étrange par rapport aux autres illustrations.

Un bel objet livre (la couverture et la tranche bleue donnent l'impression d'avoir un tableau entre les mains) et une réécriture moderne qui rend un bel hommage au conte original.

La présentation de l'album 



MERCI à Babelio et aux éditions Belin de m'avoir envoyé cet album dans le cadre de l'opération Masse Critique jeunesse.




18 avril 2014

De Sacha à Macha - Rachel Hausfater et Yaël Hassan






"De Sacha à Macha" est un roman écrit par les françaises Rachel Hausfater et Yaël Hassan.
Publié pour la première fois en 2001, ce titre est à nouveau disponible en librairie depuis le 16 avril.

Sacha, collégien triste et refermé sur lui-même, adresse des emails au hasard à des inconnus jusqu'au jour où il obtient une réponse de Macha, une adolescente qui contrairement à lui se montre très bavarde.
Au fil de leurs échanges virtuels, de confidences en confidences, se tisse une amitié sincère qui pourrait bien changer la vie de Sacha...

Pourquoi lis-je encore des romans jeunesse alors que je n'accroche que rarement à leurs histoires ?
Parce que je suis parfois curieuse de découvrir ce qui se fait pour la jeunesse (mais pas au point de me lancer dans des sagas young adult).
Mais surtout parce que je ne résiste tout simplement pas au genre épistolaire, que ce soit sous la forme d'échanges de lettres ou d'emails.
Malheureusement - et c'est le cas pour 3/4 des romans jeunesse que je me hasarde encore à lire - deux choses m'ont dérangée dans ce roman, à commencer par le style des narrateurs.
Une fois n'est pas coutume, j'ai senti le langage adulte derrière certains de leurs propos. Quel adolescent utiliserait un mot comme "parcimonie" ou des expressions telles que "rester lettre morte" ou "du lard ou du cochon" ?
Peut-être répètent-ils des mots entendus chez leurs parents mais je reste tout de même dubitative...

La deuxième chose qui m'a gênée est un manque de naturel dès les premières pages. Alors que Sacha s'est contenté d'une phrase lapidaire lancée au petit bonheur la chance, Macha lui envoie une grosse tartine en retour.
Qui donc prendrait la peine de répondre à ce genre de sollicitation qui pourrait très bien être un simple spam ? Certes, Macha mentionne qu'elle ne surfe sur internet que lorsque son frère est absent ou veut bien lui prêter son ordinateur.
On peut donc imaginer que celle-ci, peu habituée à ce qui se passe sur le web, ne se soit pas posée de questions.
A moins que sa curiosité l'ait emportée sur son appréhension ? Bref.
Le deuxième élément que j'ai trouvé artificiel est la rapidité avec laquelle Macha découvre précisément la situation dont souffre Sacha. Sacré coup de poker tout de même...
Et une fois le secret mis à jour, elle ne le lâche plus d'une semelle sur le sujet quitte à lui donner des ordres (!)
On peut dire que Macha est bien tombée puisque Sacha a justement besoin d'être bousculé.
A force d'impertinence, elle réussira à faire débloquer une situation qui résulte d'un manque de communication.
C'est bien la seule chose que j'ai aimée dans ce roman, le sujet de fond abordé : la communication entre les êtres est essentielle et permet de résoudre bien des conflits.
Dommage aussi qu'on ne sache finalement rien de Macha : si la communication se veut à double sens, le problème de Sacha s'avère être au centre de leurs discussions.

Vous l'aurez compris, je n'ai pas franchement accroché à ce livre...
Ceci dit, sachant que ce roman en est à sa 3ème édition et qu'il semble remporter l'adhésion des lecteurs et de beaucoup d'enseignants (la présente édition comporte d'ailleurs un cahier pédagogique), mon avis est d'autant plus à prendre avec des pincettes.

Merci aux éditions Flammarion de m'avoir envoyé ce roman.

L'avis de George


11 avril 2014

Le bruit de la gifle - Emmanuelle Urien


En librairie depuis le mois de janvier, "Le bruit de la gifle" rassemble 10 nouvelles de la française Emmanuelle Urien, notamment auteure du recueil "Court, noir, sans sucre" et du roman "L'Art difficile de rester assise sur une balançoire".

Tous les ans, Armand se rend sur la même plage pour rendre hommage à son oncle et sa tante noyés en mer et pour savourer sa solitude au goût de "Pain, beurre, chocolat".
"Le bruit de la gifle" ou la rencontre entre un homme et une petite fille réfugiée dans sa librairie.
Dans "Les pieds dans le plat", Violette Vireux se fait interroger par deux policiers à la suite de l'annonce du décès de son mari.
Sur un coup de tête et pour échapper au vide de sa vie, une femme abandonne son mari et ses enfants pour aller vivre dans la maison de sa tante, tout juste décédée.
Pas sûr qu'elle parvienne à échapper à la "Mécanique de l'attente".
"Têtes mortes". Par une froide journée d'hiver, un agent du Samu social découvre, parmi les 13 nouveaux sans-abris, une personne qu'il a bien connue et qu'il aurait toutes les raisons de ne pas aider.
Un fils songe à se débarrasser de son père dont la maladresse est telle qu'il a derrière lui un véritable "Tableau de chasse".
Isabelle ne veut jamais rien faire tant elle voit le mal partout. Son mari, à qui elle essaie toujours de "Faire porter le chapeau" sort se promener pour échapper à leur routine.
"Bateau sur l'eau". Pour se venger de cette femme dont il n'arrive pas à se faire aimer, un homme lui dérobe son précieux bateau et se retrouve à la dérive, largué en pleine mer.
"The sock issue" ou la complainte silencieuse d'une épouse, réprimandée par son mari parce qu'elle ramasse systématiquement ses chaussettes abandonnées au pied du lit.
Dans "Insulaire", un homme souffre que sa vie de couple soit rythmée par les lectures de sa femme, paralysée suite à une maladie, et qui ne le regarde plus.

" Rien. Je n'attends rien.
C'est un soulagement. Un repos mérité, du corps et de l'esprit, après tant d'années à donner - donner, et tenacement espérer recevoir quelque chose en retour. Reconnaissance, affection, amour.
Comme sur les prospectus mal orthographiés des marabouts de pacotille.
Sans doute ai-je eu mon lot de tout cela, au fil du temps.
Un fil tendu à craquer, toujours prêt à s'effilocher davantage, mais qui a tenu bon jusque là, bien qu'usé jusqu'à la corde.
Le lent secret des hommes est de vider celles qui les nourrissent, ils leur soutirent leur substance, leur arrachent leur âme, ne leur laissent en échange que des bribes, des miettes - les bas morceaux des sentiments. Tant de luttes, de répétitions dans le vide, le vague, pour un simple merci, un morne s'il-vous-plaît.
Tellement de concessions, d'orgueil ravalé ou de juste colère rentrée, pour un baiser, sur la bouche au début, puis qui file sournoisement vers la joue, pour finir par simplement vous effleurer le front, en habitude distraite.
La même habitude qui vous fait vous laver les mains en sortant des toilettes. 
Cette mécanique de l'indifférence est leur arme mortelle pour réduire la femme à néant." p.45

Ma dernière rencontre avec Emmanuelle Urien et son roman "L'Art difficile de rester assise sur une balançoire" s'était soldée par une impression très mitigée.
Lorsque j'ai appris la sortie de son dernier recueil, j'ai espéré y retrouver le même engouement qu'à la lecture de l'excellent "Court, noir, sans sucre".
Si j'ai aimé la plupart de ces nouvelles, j'ai trouvé leurs chutes moins brutales et donc moins marquantes que celles du précédent recueil.
Ou bien en attendais-je trop tôt et me suis-je habituée au style de l'auteure au point de deviner plus facilement ses intentions ?
Certes, l'auteure reste ici dans le même registre amer - lequel lui sied d'ailleurs fort bien - en proposant des personnages qui ressentent tous le besoin de se libérer de quelque chose ou de quelqu'un qui les pèse depuis trop longtemps.
Certains continueront d'encaisser là où d'autres orchestreront leur délivrance.
"Les pieds dans le plat" m'a plu, sans doute parce que calqué sur le génial "Coup de gigot" de Roald Dahl.
J'ai également apprécié "Tableau de chasse", "Têtes mortes", "Insulaire" aux chutes les plus "spectaculaires". Ce n'est pas que j'ai détesté les autres mais je constate qu'elles n'ont rien déclenché de particulier en moi.
J'espère que "Tous nos petits morceaux" encore dans ma PAL me comblera entièrement.
 

D'autres avis : Sylire - Cathulu - Daniel

MERCI aux éditions Quadrature de m'avoir envoyé ce recueil

9 avril 2014

La Propriété - Rutu Modan


Publiée en hébreu en 2013 et disponible en français depuis le mois de février, "La Propriété" est une bande-dessinée de la dessinatrice israélienne Rutu Modan.

Deux mois après le décès de son père, Mica quitte l'Israël pour accompagner sa grand-mère Regina à Varsovie et récupérer la propriété de ses arrière-grands parents qui ont fuit le régime nazi en 1939.
Mais à leur arrivée à l'hôtel, sa grand-mère consulte l'annuaire et change brusquement d'avis.
C'est seule que Mica se rend dans les ruines du ghetto juif, encombrée par un lointain ami de la famille rencontré par hasard dans l'avion et qui la suit partout.
La jeune femme réussit à lui fausser compagnie grâce à Tomasz, un charmant guide touristique.
Restée à l'hôtel, sa grand-mère compose le numéro d'un certain Mr Gorski.
Qui est cet homme et pourquoi Regina souhaite-t-elle à présent rebrousser chemin ?

Rutu Modan nous propose un album assez dense, dont l'action est étalée sur 7 jours, et dont l'objet principal n'est pas, comme on pourrait le penser, l'extermination des Juifs (ce qui assez rare que pour être souligné je trouve).
Certes, ce thème apparaît en toile de fond, mais il n'est pas ici le propos premier de l'album, qui tourne surtout autour de la transmission, de la famille, de la jalousie et du souvenir.
L'intrigue consiste principalement en un enchaînement de malentendus et de fausses pistes liés à un secret de famille depuis longtemps enfoui.
J'ai beaucoup apprécié la distance critique et l'humour de l'auteur pour évoquer un contexte qui reste délicat encore aujourd'hui. Ah la scène de la reconstitution ! Ou encore celle de l'avion :


                    

 
Côté dessin, j'ai été frappée, dès les premières pages, par leur familiarité, aussi bien dans le trait que dans le choix des couleurs, avec l'univers d'Hergé.
D'ailleurs, le personnage de Regina, la grand-mère, m'a énormément fait penser à la Castafiore (d'autant que toutes deux ont un sacré tempérament !).
Un bon moment de lecture en somme :)


D'autres avis : Keisha - Aifelle


MERCI à Price Minister-Rakuten ainsi qu'à la librairie Pages après pages pour m'avoir envoyé cet album.

Huitième participation à la bd du mercredi chez Mango

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5 avril 2014

Cette nuit, je l'ai vue - Drago Jancar


Publié en 2010 et disponible en français depuis le mois de janvier, "Cette nuit, je l'ai vue" est un roman de l'écrivain slovène Drago Jancar.

Au sortir de la seconde guerre mondiale, dans une Yougoslavie désormais gouvernée par le communiste Tito, amant, ami, mère et gens de maison se relayent pour évoquer la disparition brutale, le jour du Nouvel An 1944, de Léo et Veronika Zarnik.
Certains s'en inquiètent, d'autres en témoignent.
Mais tous s'accordent à dire que si Léo se montrait assez réservé, Veronika était une femme lumineuse, pleine de vie, insouciante et vraisemblablement désintéressée de la chose politique.
Comment une telle femme aurait-t-elle pu être absorbée par la noirceur de la guerre ?

" On vit une époque où on ne respecte que les gens, vivants ou morts, qui étaient prêts à se battre, même à se sacrifier pour les idées qu'ils ont en partage. C'est ce que pensent les vainqueurs et les vaincus. Personne n'apprécie les gens qui ne voulaient que vivre. Qui aimaient les autres, la nature, les animaux, le monde, et se sentaient bien avec tout ça. C'est trop peu pour notre époque. Et même si moi, je peux me compter parmi ceux qui, bien que vaincus, ont combattus, au fond, moi je voulais seulement vivre. Que cela ait un sens m'a été révélé par cette femme, curieuse, joyeuse, ouverte à tout et un peu triste que j'ai rencontrée dans un pays lointain qui m'est proche. Veronika. Elle voulait seulement vivre en accord avec elle-même, elle voulait se comprendre et comprendre les gens autour d'elle."

Lorsque j'ai commencé ce roman, c'était guidée par l'envie de savoir ce qui était arrivé à ce couple et surtout à cette femme toute en contrastes vis-à-vis du monde qui l'entoure et donc pour le moins intrigante.
Or, plus je m'enfonçais dans le récit et plus ma curiosité allait à reculons. Il faut dire que ce roman polyphonique a pour particularité de converger toujours un peu plus, au fil des confessions des cinq narrateurs, vers le moment à la fois attendu et redouté de l'explication quant à la disparition des Zarnik.
Un vrai puzzle associé à une guerre qui impose de devoir forcément désigner un coupable et choisir son camp.
Partisans ou gestapistes, survivants ou suppliciés, au final personne n'est épargné, ne serait-ce que par sa conscience, traversée par les regrets ou soulagée par le déni.
Tour à tour, chaque personnage replonge dans la douleur de sa mémoire pour faire revivre le souvenir de ce couple et particulièrement de Veronika, cet être précieux dont le parcours s'inscrit fatalement dans la grande Histoire.
J'ai aimé ce juste équilibre, ce fondu entre réalité historique et fiction romanesque souligné par une aisance et une précision dans l'écriture.
L'auteur a selon moi réussi à mesurer et à reproduire toute la complexité des enjeux de cette période sombre en l'habitant de personnages nuancés, faillibles donc humains.
J'ai frôlé le coup de coeur (ah j'aurais aimé que l'officier Stevo ait un peu plus de place dans l'histoire) et j'ai achevé cette lecture non sur des larmes mais avec un profond sentiment de révolte et d'injustice.
Mais comme le dit l'expression, avec des "si" et des "mais", on ne refait pas le monde. Surtout pas celui-là.

J'ai volontairement fait en sorte de ne pas trop en dévoiler sur le contenu de ce roman car j'espère vraiment que mon billet vous donnera envie de le découvrir.
Si vous hésitez encore, l'excellent billet de Marilyne achèvera certainement de vous convaincre :)


MERCI à Babelio de m'avoir envoyé ce roman dans le cadre de sa dernière opération Masse Critique.

tous les livres sur Babelio.com

29 mars 2014

Mourir, la belle affaire - Alfredo Noriega


"Mourir, la belle affaire" est le premier roman traduit en français l'an passé de l'écrivain équatorien Alfredo Noriega.

Un accident de voiture. Un délit de fuite. Maria del Carmen est l'unique survivante. Et voilà que deux ans après les faits, celle-ci est retrouvée morte, probablement des suites d'un suicide.
L'inspecteur Heriberto Gonzaga se rappelle sa promesse faite à la jeune femme de retrouver les coupables.
Ses recherches le mènent à l'architecte Ortiz qui trempe dans un milieu pas très recommandable...

"Mourir, la belle affaire", un titre vraisemblablement emprunté à la chanson "Vieillir" de Jacques Brel ("Mourir, cela n'est rien. Mourir la belle affaire !"), et de circonstance pour ce roman étant donné que la mort y joue un rôle prédominant.
Jamais à l'abri d'une catastrophe naturelle, Quito est par ailleurs connue pour ses règlements de comptes, ses automobilistes maladroits et ses nombreuses églises ("une ville née pour prier").
Perdu au milieu de cette capitale toujours en mouvement, Arturo Fernandez, médecin légiste qui se qualifie lui-même de "filtre à douleur", accueille avec fatalisme un défilé de morts (in) directement liés à l'affaire qui occupe l'inspecteur Gonzaga.

En plus de partager les fréquents états d'âme auxquels l'expose son métier, il succède régulièrement à un narrateur omniscient pour dresser la chronique désenchantée de cette ville tout sauf paisible.
Nul doute que derrière ce témoin au sentimentalisme amer voire cynique se cache l'auteur lui-même.

Sans avoir été totalement déçue par ce roman, je dois reconnaître que je m'attendais à une intrigue plus consistante.
Or il semblerait que l'affaire traitée par l'inspecteur Gonzaga soit avant tout le prétexte à la peinture d'une galerie de personnages cheminant vers un destin inéluctable, comme engloutis par une ville dangereusement capricieuse.
Un roman noir qui ne plaira sans doute pas à tout le monde - particulièrement aux amateurs de romans à l'intrigue bien ficelée - mais dont, pour ma part, j'ai apprécié l'ambiance sombre liée au décor.


Merci à Babelio et aux éditions Ombres Noires de m'avoir envoyé ce roman




L'avis de Sandrine

3 mars 2014

Intermède - Owen Martell



En librairie depuis le mois d'août dernier, "Intermède" est un roman de l'écrivain gallois Owen Martell.

"Intermède" s'inspire d'une période sombre de la vie du jazzman américain Bill Evans, lorsqu'en 1961 son bassiste Scott LaFaro trouve la mort dans un accident de voiture.
Dévasté, le pianiste plonge dans un profond mutisme et est accueilli par son frère Harry et sa femme, puis par ses parents qui essaient de lui changer les idées.

Lorsque j'ai choisi ce titre dans la sélection proposée par Les Chroniques de la Rentrée Littéraire, je m'attendais à ce que le récit se concentre sur l'amitié qui unissait Bill Evans à Scott LaFaro et qu'il explique en somme en quoi la mort de ce dernier avait tellement affecté le pianiste.
Or, je n'ai rien appris sur cette relation. Je l'ai simplement devinée très forte, au vu de l'état dépressif de Bill.
Le décès de Scott LaFaro apparaît plutôt comme un point de départ visant à dresser le portrait d'un artiste au plus bas, humainement et musicalement parlant.
Divisé en 4 parties, il examine tour à tour les rapports de Bill avec son frère Harry, sa mère, son père et puis finalement avec lui-même.
Plusieurs points de vue pour une même partition.
Face au silence de Bill, chacun essaie de lui venir en aide, de remplir le vide à sa manière, l'occasion de revenir sur ces petits bouts d'enfance qui prédestinaient à la musique.
Mais le malaise est là et nul ne sait si Bill s'en relèvera. Il est comme un fantôme que ses proches désemparés tentent de ramener à la vie.


"Intermède" m'a fait l'effet d'un roman contemplatif que j'ai traîné durant des semaines (alors qu'il n'est vraiment pas long), tant son ambiance me pesait et pire, m'ennuyait.
Je regrette de n'avoir pu apprécier cette lecture alors que j'ai bien senti entre les lignes la tendresse particulière que voue l'auteur à son sujet.
Comme l'a dit un jour Miles Davis (avec lequel Bill Evans a d'ailleurs joué) : " La véritable musique est le silence et toutes les notes ne font qu'encadrer ce silence."
Je suis consciente que l'essentiel de ce roman réside dans les non-dits mais malheureusement, cela ne m'a pas suffi pour apprécier cette lecture.



Je remercie néanmoins Abeline et leshttp://chroniquesdelarentreelitteraire.com/ de m'avoir envoyé ce livre.


challenge album

25 février 2014

La 37ème heure - Jodi Compton


Publié en 2008, "La 37ème heure" est le premier roman de l'écrivaine américaine Jodi Compton. 
Il est suivi de "Les jeux sont faits", second tome consacré aux enquêtes de l'inspecteur Sarah Pribek.

De retour de sa visite chez Geneviève, amie et ancienne co-équipière qui ne parvient pas à se remettre de l'assassinat de sa fille, Sarah manque de peu son mari Shiloh, qu'elle pense parti à une formation de quatre mois au FBI.
Mais au bout de 36 heures sans nouvelles, Sarah apprend que Shiloh n'est jamais arrivé à destination et découvre sa valise sous leur lit.
Spécialisée dans les affaires de disparitions, la jeune épouse enfile sa casquette de flic pour retrouver son mari...

Sarah aimerait pouvoir compter sur l'aide de Geneviève dans son enquête mais son amie reste plongée dans son mutisme, obsédée par l'assassin présumé de sa fille, relâché faute de preuves et qu'elle fait surveiller.
C'est donc seule que Sarah quitte Minneapolis pour se rendre en Utah et rencontrer la famille de Shiloh avec laquelle il n'a pour ainsi dire plus de contacts depuis plusieurs années.
Bien que mariés depuis deux mois à peine, Sarah et Shiloh se fréquentent depuis 5 ans mais il ne s'est jamais montré très loquace concernant les raisons qui l'ont poussé à quitter l'Utah.
Au fil de son enquête, Sarah va réaliser combien son mari a omis de lui raconter certains pans de sa vie.
Epouse, flic, les deux personnages se confondent grâce à l'habileté de l'auteure à jouer en permanence sur les deux tableaux, entre les entretiens menés par Sarah et les nombreuses interrogations posées à elle-même.
Même si elle s'inquiète pour Shiloh, elle est une femme forte qui ne cède pas à la panique tout en ayant quelques faiblesses qui la rendent attachante.

J'ai essayé de lire ce premier tome en gardant en tête que certains éléments jetés entre la poire et la fromage (je pense notamment à la révélation dans le rêve de Sarah pour ceux qui ont lu le livre) sont probablement développés dans le second tome ou le seront à un moment ou un autre.
Jodi Compton semble aimer mettre son lecteur sur de fausses pistes en appuyant sur l'un ou l'autre fait troublant.
Je dois dire que l'intrigue de ce roman est bien menée et que le dénouement m'a surprise. J'ai aimé le personnage de Sarah bien que dans le fond je ne lui ai rien trouvé de bien original (les flics ont quand même toujours les mêmes vices...).
Sans crier au chef d'oeuvre, je peux dire que ce roman policier d'un genre plutôt classique m'a fait passer un bon moment.

Merci aux Editions des Deux Terres de m'avoir proposé cet ebook.