29 octobre 2011

Une histoire des best-sellers - Frédéric Rouvillois


Publié au mois d'août dernier, "Une histoire des best-sellers" est un essai rédigé par l'écrivain français Frédéric Rouvillois, auteur de "Le Collectionneur d'impostures" ou encore d'"Histoire du snobisme".

Comment peut-on présager du fait qu'un livre deviendra ou non un best-seller ?
Daniel Defoe, Cervantès et Jonathan Swift se doutaient-ils que leurs romans feraient le tour du monde ? Stendhal aurait-il pu espérer que "Le Rouge et le Noir" figure parmi les classiques de la littérature française ?
Radiguet, J.K Toole, Stieg Larsson s'attendaient-ils à une gloire posthume ? James Bond serait-il devenu culte sans l'intervention de JFK ?
Qu'en serait-il de "Candide", "Les Lettres persanes", "Les Versets sataniques", "Lolita" ou encore de "Madame Bovary" sans l'appui de la censure ?
En vérité, rien n'est plus incertain que le succès littéraire, c'est la leçon que Frédéric Rouvillois tire de son ouvrage.
A l'aide de nombreux exemples connus ou moins connus, l'auteur nous emmène à la rencontre de ces livres au destin souvent étonnant.

Divisé en 3 parties, "Une histoire des best-sellers" se consacre tout d'abord aux critères qui définissent un best-seller : le chiffre de ventes correspondant au nombre d'exemplaires vendus (mais pas forcément lus), le temps et le lieu.
Force est de constater que ces données s'avèrent au final toutes relatives. Le chiffre de ventes peut être aisément falsifié par l'éditeur pour doper ses ventes (procédé qui est loin d'être récent).
Un livre peut prendre plusieurs décennies avant d'accéder au rang de best-seller et rien ne garantit qu'il traversera les époques sans prendre quelques rides.
Il arrive souvent qu'un best-seller ne bénéficie de ce statut que dans son pays d'origine, ne réussissant pas à conquérir d'autres publics (c'est notamment le cas des "Bienveillantes" de Jonathan Littell, couronné de prix en France mais peu considéré dans le reste du monde).
A ce propos, je n'ai guère été surprise d'entendre parler d'isolationnisme américain par rapport à la littérature étrangère...

Dans la seconde partie dédiée aux auteurs, il est question de bon nombre de méthodes utilisées par les auteurs, et surtout par les éditeurs, pour parvenir au succès.
Imposture littéraire (Dumas, Verne), schémas stéréotypés (Cartland, Musso/Lévy), plagiat (Desforges), publicité, scandale, tous les moyens sont bons pour conquérir son public et faire de la sortie d'un livre un véritable événement.
L'apparition de la télévision favorisera la naissance des émissions littéraires dans les années 1970 ("Apostrophes", "The Oprah Winfrey Show"), véritables prescriptrices de livres dont l'influence permit la mise en avant de certains ouvrages.
Sans parler de la fameuse rentrée littéraire, phénomène typiquement français...
Et l'auteur de conclure :

" Désormais, c'est sur d'autres écrans, ceux des ordinateurs et des portables, que fleurissent les nouveaux prescripteurs, twitteurs, blogueurs et autres, infiniment plus éparpillés mais pas moins efficaces que les anciens, en ce qu'ils cumulent les prestiges de l'image et l'impact considérable du bouche à oreille..." p.207

Qu'on se le dise :)

La troisième partie de l'ouvrage se veut davantage sociologique, proposant une analyse des motivations entraînant les lecteurs à la découverte d'un best-seller.
Qu'il s'agisse de lectures obligatoires (scolaires, politiques, religieuses) ou de mentions de prix littéraires, les livres hautement plébiscités ne sont bien souvent pas lus mais servent plutôt de décor dans la bibliothèque, témoignant ainsi du bon goût ou du semblant de culture du prétendu lecteur.

J'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ces nombreuses anecdotes retraçant les parcours souvent sinueux d'auteurs en quête de succès. Mélange de bonnes surprises et de déconfitures, croisant auteurs et époques, "Une histoire des best-sellers" s'avère être un ouvrage extrêmement fouillé, proposant de nombreuses sources ainsi qu'un index des auteurs et ouvrages cités.
Si vous souhaitez connaître l'histoire cachée de vos romans favoris ou ajouter quelques auteurs inconnus à votre liste, je vous recommande vivement cet essai qui, pour ne rien gâcher, ne se cache pas de certaines pointes d'humour qui ne furent pas pour me déplaire.

" Dan Brown, l'un des plus gros producteurs de best-sellers vivants, a parfaitement compris le mécanisme. Le genre qu'il affectionne est certes un peu différent de celui de Barbara Cartland - et ses prétentions, littéraires et autres, nettement plus affirmées.
Pourtant, là encore, il suffit d'en lire un pour connaître les autres, tant la trame est invariable.
Chaque fois, l'homme admirable, le super-gentil, Strathmore dans Forteresse Digitale (1998), le père Ventresca dans Anges et Démons (2000), Sir Leigh Teabing dans Da Vinci Code, se révèle être, ainsi qu'on l'apprend après mille coups de théâtre vers la fin du livre, le super-méchant en personne, l'incarnation du mal, lequel a généralement engagé un tueur monstrueux (tireur sourd, Arabe sadique ou moine albinos) pour réaliser ses épouvantables desseins.
Face à lui, un brillant universitaire américain, sportif et polyglotte, accompagné d'une créature supérieurement intelligente et terriblement sexy, vont réussir à sauver le monde, non sans faire profiter le lecteur de quelques visites touristiques choisies - Paris, l'Espagne, l'Italie -, et divulguer au passage quelque fabuleux secret caché depuis la nuit des temps, ou presque - sur les dessous du Vatican, le vrai visage de l'Opus Dei ou la descendance du Christ et de Marie-Madeleine.
Chaque ouvrage s'achève, rituellement, par un happy end total, la victoire du bien sur le mal, la mort atroce et bien méritée des méchants, et une fabuleuse partie de jambes en l'air - simplement évoquée, sans entrer dans des détails superflus, public puritain oblige." p.107

A propos d'"Indignez-vous" de Stéphane Hessel :

" Et voilà pourquoi, enseigne le sage, on doit ré-apprendre à s'indigner : à se rebeller - et à retrouver ainsi les leçons de la Résistance, dont l'indignation, dit-il, était "le motif de base". A l'inverse, l'indifférence est "la pire des attitudes" (on notera l'audace de la remarque).
C'est en s'indignant que l'on rejoint " le grand courant de l'histoire", qui "doit se poursuivre grâce à chacun", grâce à "l'insurrection pacifique" qu'Hessel appelle de ses voeux avant de conclure son texte par une formule imprimée en capitales, si puérile qu'on la croirait empruntée au graphiste Ben : "Créer, c'est résister. Résister, c'est créer." " p.276

MERCI à de m'avoir offert ce livre !


26 octobre 2011

Coeur volé - Lauren Kelly (aka Joyce Carol Oates)


Publié en 2005 et traduit en français l'année suivante, "Coeur volé" est un thriller de Lauren Kelly alias Joyce Carol Oates, romancière américaine notamment auteure de "Délicieuses pourritures" ou encore "Premier amour".

A l'annonce du grave état de santé de son père, Merilee Graf plaque sa vie à New-York pour retourner à Mount Olive.
Elle y recroise la famille de son père quittée sans trop de regrets, son excentrique Oncle Jedah ainsi que Roosevelt Jimson, le frère aîné de Lilac, une petite fille noire enlevée 10 ans plus tôt et dont le corps ne fut jamais retrouvé.
Les souvenirs d'enfance ressurgissent : le décès d'Edith, cette mère qui ne l'aimait pas, la vie secrète de son père, le manque d'amour et de communication avec ses parents, la terreur dans laquelle elle et les autres fillettes de son âge vivaient suite à la disparition de Lilac, cette petite-fille que Merilee ne parvient pas à oublier...

Merilee Graf ne sera plus jamais la même après la disparition de Lilac Jimson. Se heurtant au mur de silence qu'ont érigé ses parents (père toujours absent, mère angoissée et accro aux médicaments), elle se met à offrir des cadeaux à ses camarades de classe pour gagner leur affection et dissuader quiconque de lui faire du mal.
Merilee grandit mais reste une petite fille qui nourrit un profond besoin d'amour, quitte à se contenter du peu que lui offrent les hommes.

Si "Coeur volé" est signé Lauren Kelly, la patte de Oates reste toutefois pleinement reconnaissable !
Déboussolée, fragile, Merilee trouve en un homme de son entourage l'épaule paternelle sur laquelle reporter son manque d'affection et sa détresse.
Mais, parce que c'est Oates, on se doute que cet homme-là n'est évidemment pas si bien intentionné qu'il ne le laisse croire.
Excentrique, manipulateur, il exerce sur Merilee un sentiment étrange, mélange d'attirance et de répulsion.
Encore une fois on retrouve dans ce roman la figure de l'homme plus âgé (à nouveau décrit comme un serpent), autorité supérieure qui fascine, effraie et finit par isoler une jeune femme en pleine confusion. Cet homme qui la cerne si bien qu'il peut ensuite la manipuler à souhait, prétextant toujours oeuvrer pour son bien.

Les récits de Oates se partagent entre les songes, ambigus, qui disent les souvenirs enfouis, et cette petite voix intérieure qui tente d'avertir la jeune femme du danger à venir si elle ne se détourne pas de la voie sinueuse dans laquelle elle s'est engagée.
La chronologie brouillonne utilisée par Merilee, la narratrice, ne fait qu'appuyer le désordre de son esprit.
Le climat est à la méfiance ( ici au racisme aussi !) et au secret. Il y règne toujours une ambiance brumeuse qui se dégage d'une région aux endroits dangereux (les Chutes du Niagara dans "Les Chutes, un ravin dans le cas présent), porteurs du drame passé.

A l'instar d'un film d'horreur où l'on se cache les yeux tout en écartant les doigts, "Coeur volé" a exercé sur moi ce curieux magnétisme. Attirant et repoussant à la fois, comme ce bourreau qui attire insidieusement Merilee dans ses filets.
Joyce Carol Oates excelle à nouveau dans l'art d'évoquer un drame profondément intime.
J'ai beau identifier des caractéristiques communes dans chacun de ses romans, je me demande toujours : "Mais jusqu'où ira-t-elle cette fois ?"
C'est sans doute en cela, plus que dans le déploiement lent de l'intrigue, que "Coeur volé" répond efficacement au critère du thriller.



23 octobre 2011

Nagasaki - Eric Faye


Publié en 2010, "Nagasaki" est un roman de l'écrivain français Eric Faye, également auteur de "Le syndicat des pauvres types" ou encore de "L'homme sans empreintes".

Court roman inspiré d'un fait divers, "Nagasaki" brosse le portrait de Shimura-san, métérologue quinquagénaire qui mène une vie bien rangée dans un pavillon situé aux abords de Nagasaki.
Ce célibataire casanier et hanté par l'idée de vieillir voit son quotidien perturbé par l'intrusion d'une femme dans sa maison.
Des objets se déplacent, des vivres disparaissent dans le frigo et Shimura-san mène l'enquête, installant une webcam dans sa cuisine pour y surprendre la mystérieuse femme...

" Mais aujourd'hui, ceinture de chasteté ou autre lien du mariage, la caméra n'est rien de tout cela. De l'intérieur du buffet vitré auquel je l'ai greffée, elle dévoile un panorama glaçant sur ma solitude et me donne des frissons si je m'y attarde.
Heureusement, le téléphone sonne et un collègue me consulte, j'affine des cartes de météo marine : mon métier consiste à sauver des pêcheurs par anticipation, de Tsushima-to à Tanega-shima et plsu loin encore.
A mesure que la matinée avance, les cigales persévèrent. Je suis une pelote de nerfs ensorcelés par les cigales. Elles feraient avouer n'importe quel suspect.
L'appartement n'avoue toujours rien." p.22

Présenté sous forme de témoignage, l'histoire de "Nagasaki" nous est narrée par
Shimura-san lui-même.
Elle nous dévoile le bouleversement qu'exerce un changement sur le quotidien sans histoires d'un célibataire psychorigide accroché à ses habitudes et toujours seul avec lui-même.
L'arrivée inopinée d'une femme chez lui lui fait l'effet d'un viol, au point que même après l'arrestation de celle-ci, il n'arrive plus à se sentir chez lui.
Elle le renvoie également au vide de sa vie, à sa solitude qui lui saute d'autant plus aux yeux à mesure qu'il examine les pièces de sa maison par le biais de sa webcam.
Aux multiples questionnements sur l'identité de cette femme et les raisons qui pourraient justifier son geste succèdent donc des interrogations plus profondes, alimentées par des angoisses intérieures ravivées par l'intrusion de cette femme.
Pendant longtemps, le lecteur ne saura rien d'elle. Mais au bout d'un moment, celle-ci prend la parole, rédigeant une lettre à Shimura-san pour tenter de lui expliquer son geste.
Et là patatras, le récit se termine, malheureusement trop tôt et maladroitement.
Ce sera là mon seul bémol, une fin trop précipitée à mon goût, mais pour le reste j'avoue avoir passé un bon moment de lecture, touchée par le récit de cet homme désespérément seul.

" Bien sûr, cela soulage de vomir. Dans ce qu'on expulse, il y a des mots qui tournent dans la tête et ne passent pas.
A la surface d'une bière lourde voguaient des rogatons. J'ai cru que la douche m'apaiserait, ensuite, et que la fatigue me tomberait dessus. Erreur. Allongé, j'ai attendu, mais ça ne venait pas. Le sommeil ? Non, l'oubli.
Non pas l'oubli de cette pauvre femme qui ne m'était rien, mais celui de mon existence entière dont se dévoilaient tout d'un coup le dénuement et l'aridité.
Aucune ambition n'y poussait plus depuis longtemps, aucune espérance non plus.
Cette femme était à maudire. A cause d'elle, le brouillard s'était levé." p.62


D'autres avis : Canel - Zarline - Mango - Choco

20 octobre 2011

Les Guerriers de la nuit - Jean-Pierre Andrevon


Publié le 14 septembre dernier, "Les Guerriers de la nuit" est un roman écrit par l'écrivain français Jean-Pierre Andrevon, notamment auteur de "Sherman" et de "Requiem pour 10 cerveaux en fugue".

Phoenix, Arizona. L'agent spécial du FBI Val Santamaria est dépêché au sud de Fort Defiance pour enquêter sur le meurtre de Philip White, fils de Nathan White, pdg d'une société d'exploitation de gisements pétrolifères et de mines d'uranium sur le territoire navajo.
Chose étrange, Philip White a été tué à l'aide d'une flèche à pointe de silex, arme qui était utilisée par les guerriers navajo 150 ans plus tôt.
Sur place, Val se rend rapidement compte que la cohabitation entre blancs et natives est plus que houleuse.
Il lui faudra investiguer dans les deux camps pour trouver le coupable. Pendant ce temps, d'autres membres de la famille White sont mystérieusement assassinés.

J'étais quelque peu réticente à l'idée de découvrir un roman destiné à la jeunesse mais le résumé m'avait laissé croire que ce roman pouvait très bien convenir à un public adulte.
En réalité, j'aurais du rester sur ma première impression...
Contrairement à l'éditeur, je n'ai vraiment pas relevé les caractéristiques d'" un polar fort à l'ambiance Experts las Vegas".
L'agent Santamaria est même aux antipodes de ce que l'on peut attendre d'un "Expert" : pas futé pour un sou, si il a quelques mauvais pressentiments, le lecteur ne saura jamais sur quoi ils portent.
Oubliez éprouvettes, tests ADN et autres gadgets farfelus, vous ne trouverez rien de tout cela ici.
Seulement un homme solitaire et dont on ne sait rien ou presque (comme Harry Potter et le fourchelang, il s'étonne de savoir parler l'athabascan) et qui passe son temps à suivre la piste de chevaux non ferrés et à flirter pendant que d'autres victimes se font tuer tous les deux chapitres.
Tout du long, j'ai attendu "patiemment" qu'un indice vienne réveiller Santamaria mais..rien ne vint, sauf le coupable qui s'offrit à lui (!)
Les autres personnages ne sont guère plus développés, entre la famille White tout droit sortie d'un épisode de Derrick, Michelle l'institutrice qui fait les yeux doux à Santamaria et le sheriff Applethorn qui n'est jamais là quand il le faut, on s'ennuie vite...
Quant à l'histoire du peuple navajo et des fameux guerriers de la nuit, j'ai vraiment eu l'impression qu'elle n'avait pour but que de faire oublier au lecteur l'absence d'intrigue.
La fin était pipée depuis le début, il n'y avait que Santamaria pour ne pas s'en rendre compte !
Un roman trop lisse, trop mou, du moins pour un adulte.

Je remercie toutefois de m'avoir offert ce livre !


17 octobre 2011

La Patience des buffles sous la pluie - David Thomas


Publié en 2009, "La Patience des buffles sous la pluie" est un recueil de textes de l'écrivain français David Thomas, également auteur du roman "Un silence de clairière", lauréat du Prix Orange du Livre 2011.

Ce recueil se présente comme une collection de petits bouts de vie d'hommes et de femmes en proie aux doutes, à la solitude, à l'usure de leur couple, au manque d'enfant, de cet autre qui tarde à venir ou est déjà parti.
Ils disent les plaintes, les regrets, les espoirs déçus, l'incertitude du lendemain, l'envie de prendre un nouveau départ.
Chaque personnage mène sa barque et possède sa propre voix, souvent pour adresser à l'autre, à l'absent, une complainte silencieuse destinée à vider son sac ou à soulager sa conscience.
La figure de l'"ex" se veut très présente, tout comme celle du conjoint agacé qui se plaint mais reste malgré tout.
En une soixantaine de textes courts, David Thomas rend compte de situations et de réflexions ancrées dans un quotidien qui pourrait être le nôtre. Un quotidien où tout n'est jamais rose en même temps, où les hommes et les femmes sont rarement sur la même longueur d'ondes.

" Pour la première fois de ma vie, mon passé me surprend. J'ai envie de parler en silence. De me parler. J'ai envie que ce jeune type qui ne sait pas ce qui l'attend mais qui porte son sourire comme un laissez-passer s'avance vers moi.
J'aimerais le voir arriver vers moi avec mes vingt ans de moins, s'asseoir à mes côtés, me sourire timidement, mettre ses mains dans ses poches et garder le silence.
J'aimerais que ce jeune type avec mes vingt ans de moins ne me juge pas. J'aimerais qu'il me pardonne de l'avoir trahi." p.89

C'est l'enthousiasme de Liliba vis-à-vis de ce recueil qui m'a donné envie de m'y plonger.
Malheureusement, mon avis s'avère beaucoup moins enjoué.
J'ai beaucoup aimé "Recommandé", le portrait d'un homme qui s'envoie une lettre par recommandé pour y raconter son histoire d'amour et la relit des années plus tard pour se rappeler pourquoi il aime sa femme.
"Insomnies" m'a beaucoup fait rire car je me suis totalement retrouvée dans la figure de l'homme qui, bien qu'aimant sa femme, a besoin de son espace pour trouver le sommeil.
D'ailleurs j'ai toujours pensé que la position de la cuillère, du coucher au lever, n'existait que dans les comédies romantiques...
"Dernier mail" ou comment passer de l'amour ou désamour en quelques mails m'a fait sourire aussi !
J'ai également aimé le procédé de "Surprise", "Surprise 2" et "Surprise 3", un regard croisé du mari, de l'épouse et de l'amant sur un même adultère.
"Projection" m'a replongé dans une période de ma vie où l'idée de pouvoir imaginer mon avenir avec précision me sécurisait. Idéalisation, jugement biaisé, déception, on en oublie malheureusement de savourer l'instant présent.

" Comme pour me préserver, comme pour m'assurer que je vais vivre tant de temps tranquille, à l'abri, protégée, préservée de l'ennui, de moi-même et de cet emmerdement chronique qui me vibre dessus comme une onde.
Parce que ça sert à ça, l'amour, à m'oublier, à ne plus m'entendre, à ne plus m'écouter, à ne plus me demander ce que je fous là à poursuivre une vie que j'ai un mal de chien à supporter toute seule.
Ca sert à me remplir de quelqu'un d'autre que moi-même.
Ca sert à me reposer de moi-même, l'amour." p.120

Hélas, trois fois hélas, malgré mon engouement pour certains textes, force est de constater que bon nombre d'entre eux furent aussi vite lus qu'oubliés.
C'est que les plaintes amères et les relations conflictuelles contenues dans la plupart se révèlent contagieuses et qu'à force de tourner autour des mêmes thèmes, j'ai fini par me lasser sur la longueur.
Hormis quelques exceptions, le style m'a semblé terne, dénué de relief et le procédé de l'énumération - procédé dont je ne suis pas la première fan - présent dans "Gaëlle", "J'aime pas" ou encore "Toutes" m'a donné envie de sauter des lignes.
S'ajoute à ce constat l'impression d'un "déjà lu", notamment chez Serge Joncour.
Bref, un recueil qui ne me marquera pas outre-mesure.

Un autre avis : Clara

10 octobre 2011

Alzheimer mon amour - Cécile Huguenin


Publié en juin de cette année, "Alzheimer mon amour" est un témoignage rédigé par la française Cécile Huguenin.
L'auteure nous parle de Daniel, son mari atteint de la maladie d'Alzheimer et nous livre son point de vue d'épouse, d''aidante", impuissante face à la métamorphose graduelle de cet homme aimé et admiré durant 30 ans.

" Moi seule existe pour toi. Je sens bien que tu m'enfermes. Prudemment, avec tout le tact et la délicatesse qu'on reconnaît à mon entêtement, on commence à m'alerter sur les risques que je prends, sur ce courage insensé qui court à notre perte. Mais je ne suis pas encore prête à l'entendre.
J'ai envie de t'accompagner dans ce néant douillet où lentement tu te dissous. Je m'obstine à inventer notre mythe, je cherche encore un refuge pour nous deux, à l'abri d'un monde que tu as fui et où je ne trouve plus notre place." p.78

Je n'avais au départ pas prévu de lire ce témoignage, tant son sujet me touche personnellement.
Mais une interview de Cécile Huguenin m'a fait changer d'avis et la proposition de Brize d'en faire un livre voyageur a achevé de me décider.
Je n'ai pas l'habitude de m'épancher ici sur ce qui appartient à ma sphère privée. Néanmoins, il me serait impossible d'expliquer la vive émotion que m'a procuré ce livre, sans faire mention de ma propre expérience.
Cela fait maintenant quelques années que mon grand-père souffre, non de la maladie d'Alzheimer, mais de démence sénile.
La décision de le placer en maison de retraite, bien qu'indispensable, ne fut pas facile à prendre pour mon père. Mon grand-père était un homme indépendant. Il y a quelques années encore, soit à plus de 80 ans, il escaladait le toit de sa maison pour changer une tuile, conduisait, nettoyait sa maison et sortait manger à l'extérieur, sans demander de l'aide à personne.
En quelques années de temps, nous l'avons vu passer de vieil homme à vieillard. Cela a commencé par de petites pertes de mémoire (oubli de clés, de médicaments, confusions entre les noms/dates) presque anodines en regard de son âge.
Jusqu'au jour où mon père l'a trouvé en piteux état. Dépareillé, hagard, il avait oublié de s'alimenter et de boire, mélangé sans le vouloir ses médicaments et, pris de vertige, était tombé sur le sol de la salle de bains.
Devenu un danger pour lui-même, il devait désormais compter sur les autres pour pouvoir continuer à vivre.
Mon grand-père fêtera ses 92 ans le mois prochain. Il suit actuellement un traitement qui prévient les chocs électriques produits dans son cerveau. Cependant, les dégâts occasionnés sont irrémédiables.
Chaque visite est source de déchirement pour nous, son entourage, et de confusion pour lui, comme si il ne nous avait plus vu depuis 10 ans. Pris par l'émotion, il pleure, s'essouffle, nous prend dans ses bras pour ensuite retourner à son monde.
Son regard devient vitreux, il marmonne, sans se soucier des discussions autour de lui. Il n'y a plus de dialogue possible avec lui.
Parfois je souris en repensant à une visite il y a deux ans au cours de laquelle mon père lui avait demandé son âge :

- J'ai 90 ans.
- Et tu es né quand ?
- Bah, il y a 90 ans !

J'ai espacé mes visites, trop douloureuses. Aller le voir pour constater l'ampleur des dégâts, dire à chaque fois adieu à l'homme qu'il était, le regarder mourir au ralenti, toujours un peu plus.
Anticiper le pire. Me reconnaîtra-t-il cette fois ? Car il est déjà arrivé que ce ne soit pas le cas.
Appréhender ce jour où toutes les connexions se seront éteintes pour ne laisser qu'une carcasse vide de tout souvenir.

Il est question de tout cela dans "Alzheimer mon amour". Daniel Huguenin a commencé par perdre l'usage des mots. Quoi de plus cruel lorsqu'on a consacré sa vie à la poésie ?
Ensuite vinrent les hallucinations, les chutes, la mémoire qui défaille, les sollicitations de plus en plus nombreuses qui finissent par pousser sa compagne à le faire interner dans un centre d'accueil de jour, puis par la suite dans une institution spécialisée.
Un abîme se creuse entre eux. Elle se sent seule, culpabilise et souffre de l'éloignement de certains amis, trop effrayés par cet inconnu qu'ils admiraient autrefois.
Lui se complaît dans une certaine insouciance. Bien manger, bien dormir : ses seules préoccupations sont ramenées à des besoins primaires.
Pendant ce temps, Cécile Huguenin cherche des réponses auprès des médecins mais l'impuissance de la science n'en finit pas de décupler sa colère.
Désorientée, elle songe au "crime d'amour", au dépaysement à l'étranger. Elle creuse son histoire de vie, tente de comprendre sa maladie et de faire le deuil de cet homme qu'elle aime malgré tout.

" Les visiteurs entrent armés de courage avec un petit bouquet d'amour biodégradable, des chocolats qui ne seront pas mangés, des livres qui ne seront pas lus.
Et pourtant c'est dans l'imminence de l'instant, dans la rencontre entre ceux du dehors et les exilés du dedans que surgit une étincelle d'humanité." p.115

Au-delà de la résonance de ce témoignage avec ma propre expérience, j'ai aimé la justesse du propos dans la façon dont Cécile Huguenin rend compte des obstacles rencontrés et souligne
le caractère imprévisible des maladies neuro-dégénératives.
L'auteure réhabilite le statut d'aidant et dit la détresse et l'épuisement à devoir sans cesse tenter d'apprivoiser l'inconnu et composer avec de nouvelles humeurs et exigences.
Elle évoque la solitude née du sentiment d'avoir perdu un compagnon pour hériter d'un enfant, dépendant d'elle jusqu'à l'étouffer.
La première partie est rédigée à la 3ème personne, comme pour illustrer la difficulté de l'auteure à prendre part à ce qui leur arrive, à accepter que leur histoire, leur couple, ne soit pas immuable.
Le récit est étayé de citations émanant de livres, qu'il s'agisse d'ouvrages en rapport direct ou non avec la maladie ou de morceaux de textes issus de son mari, comme pour célébrer celui qu'il était autrefois.
Jamais Cécile Huguenin ne s'apitoie sur son mari, préférant rester dans la recherche de solutions que déclarer forfait.
Restent les interrogations, nombreuses, dont le fameux : pourquoi ?

" Elle cherche à entrer par effraction dans son désir d'oubli, tout en sentant confusément qu'elle le blesse. Elle a besoin de violer, de creuser des galeries de lumière dans sa nuit compacte pour trouver un début d'explication, une mince empreinte qui lui permettrait de remonter vers l'origine du mal.
Cette quête inutile lui semble le dernier recours pour maintenir un lien entre eux.
A tort, puisqu'elle n'avance pas en connaissance, ni ne progresse en sagesse.
Leurs violences s'affrontent. Chez lui, la passivité massive, impénétrable, la force de l'effacement.
Chez elle, la frustration de l'impuissance, le déni d'abandon, le sentiment de trahison." p.36

Bien que manquant ostensiblement d'objectivité, je ne peux que vous recommander la lecture d' "Alzheimer mon amour" tant je pense que de manière générale, ce récit peut se destiner à quiconque connaît ce sentiment d'impuissance face à la maladie.

MERCI à toi Brize d'en avoir fait un livre voyageur !

Retrouvez ici l'interview de Cécile Huguenin.

D'autres avis : Keisha - Clara - Sandrine - Kathel - Aifelle

8 octobre 2011

Ce qui nous lie... - Gaëlle Pingault


Publié en ce mois d'octobre, " Ce qui nous lie..." est un recueil de nouvelles signé par l'écrivaine française Gaëlle Pingault.

Dominique est sur le point de revoir la femme qu'il aime toujours après 10 ans d'absence. Raynald appréhende son voyage scolaire à Berlin. Une jeune veuve subit les avances de son collègue de bureau. Une femme part à Venise, la ville qui hante ses rêves.
Une prof de maths accro aux chiffres ronds attend une demande en mariage, mais surtout la parfaite bague de fiançailles. Une jeune femme évoque la carte marine de sa grand-mère.
Une femme repense à sa vie conjugale en écoutant du blues. Lucas entame une partie de Scrabble avec une vieille dame le soir du réveillon.
Un homme aperçoit un couple mangeant du choco à tartiner et repense au tournant tragique qu'a pris sa vie. Un écrivain examine la somme des clichés présents dans sa vie pour retravailler son manuscrit.
Une femme évoque l'amitié indéfectible qui unit son mari à ses deux amis d'enfance.
Un homme décide de venger la mort de son père de substitution tandis qu'un autre impute à la science la responsabilité de son entrée à l'orphelinat. Une femme évoque sa grossesse et les responsabilités qui lui sont tombées dessus.
Un homme se rend au musée d'Orsay avec sa soeur, pour y contempler des oeuvres à sa manière.

" Elle suppose qu'il faut adhérer à ce précepte. Qu'il faut, la main sur le coeur et l'oeil humide, répéter qu'effectivement, c'est merveilleux, incomparable, unique.
Elle suppose que si l'on se risque à émettre un simple doute, à formuler une quelconque réticence, on passe instantanément pour un genre de psychopathe sans coeur. Surtout si on est une femme. Eh bien elle s'en fout.
Elle n'a pas ouvert le magazine. Elle ne s'est pas abîmée dans les gazou areuh et les émerveillements dus à ces chers bambins. Elle est restée scotchée à la couverture, refusant d'un bloc, de tout son corps et de tout son esprit, d'intégrer la formule. Elle a senti ses muscles se tendre, ses pensées s'arc-bouter sans complaisance. Non, elle n'adhèrera pas.
Elle est elle-même maman, et pas qu'en surface. C'est inscrit profondément en elle. Elle adore sa fille, et vibre à l'unisson de ce qui lui arrive.
Diapason émotionnel parfait. Elle a aménagé son boulot pour profiter de Léa. Elle n'a pas cherché à racheter une étude, elle est restée clerc.
Elle gagne moins, mais elle est plus libre. C'est juste que tout ça ne regarde qu'elles. Pas les magazines. Enfin, peut-on imaginer formule plus stupide que "donner la vie" ?
Pour donner quelque chose, il faut soi-même le posséder, non ? Qui peut brandir un acte notarié, une facture, quelque chose de juridiquement recevable, prouvant qu'il est propriétaire de cette chose étrange et merveilleuse qu'est la vie ? Personne, bien sûr.
C'est la plus grande indivision de l'univers, où l'ensemble de l'humanité a sa part.
Alors non, non, et cent fois non, elle n'a pas "donné la vie" à sa fille." p.101

La plupart de ces 15 textes sont des nouvelles aux chutes surprenantes, dévoilées dans les toutes dernières lignes. J'ai particulièrement aimé "Muy guapa", "Carte marine", "Sur la peau, le blues" et "Pleure pas".
Gaëlle Pingault évoque les liens qui peuvent unir deux êtres ou encore un individu face à un objet ou un événement qui a joué un rôle de déclencheur dans sa vie.
Ces liens sont alimentés par le souvenir et renvoient à une certaine amertume teintée d'un désir de vengeance, de dépassement de soi ou au contraire, de renoncement.
Chaque personnage en a gros sur le coeur, se confesse, revit et partage avec le lecteur un fragment de passé vécu avec un être aimé et relié à un objet ou un événement marquant qui continue de le suivre au quotidien.
Il est ici question d'amour déçu, d'amitié, de sentiments qui unissent à une ville, d'addiction, de deuil, de cet "avant" qui ne cesse de nous rappeler à lui et nous abandonne à notre solitude.

Il est rare qu'un recueil entier emporte mon adhésion. Aussi n'en ferais-je pas un coup de coeur car certaines nouvelles, bien qu'écrites avec justesse, n'ont pas réussi à m'accrocher outre mesure.
Avis mitigé donc...

MERCI aux éditions de m'avoir offert ce livre !


5 octobre 2011

38 mini westerns (avec des fantômes) - Mathias Malzieu


Publié en 2008, "38 mini westerns" est un recueil de textes nés de la plume du chanteur et écrivain Mathias Malzieu, également auteur de "La mécanique du coeur" et "Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi".

Fées-lustres, elfes, fantômes déprimés, écureuils et avalanche assassins, longboard, bouteilles à sensations, bouses d'anges, pâte à bisous, chocolate books, mouchoirs fantômes, loups effrayants, ...Tels sont les êtres et objets insolites qui composent les 38 textes de ce recueil.
Mathias Malzieu replonge dans les préoccupations liées à l'enfance et revient au petit garçon qu'il était - et est encore- pour nous dévoiler ses peurs et ses déceptions, son besoin d'émerveillement pour mieux supporter la réalité qui l'environne.

" Qu'est-ce qu'on devient quand on oublie les connexions enfantines, quand on les range dans un coffre du cerveau et qu'on ferme à clef comme un grenier pour jouets cassés ?"
Puis, "Qu'est-ce qu'on devient quand on a terminé d'être amants, que ça y est, on est casé, que c'est sûr, que ça devient une fatalité ?" et encore, "Qu'est-ce qu'on devient lorsqu'on laisse s'évaporer nos propres rêves, quand on les regarde s'éloigner comme des petits nuages blancs emportés par la brise, ces fameux rêves qui irriguent l'espoir et toute la machine à pétiller de l'esprit ? Qu'est-ce qu'on devient quand tout ça s'assèche petit à petit que même la notion de jeu devient étrangère et que même l'idée d'adrénaline fait peur ?...
Qu'est-ce qu'on devient quand on ne se jette plus dans le feu de l'action et qu'on se met à tout trouver "sympa" au lieu d'aimer vraiment les choses ?

- Un vieux con, voilà ce qu'on devient, répondit-elle." p.53

Comme j'avais aimé "Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi" et adoré "La mécanique du coeur", je n'ai pas résisté à me procurer ce petit recueil.
Malheureusement, celui-ci m'a laissée sur une impression mitigée.

Mathias Malzieu apparaît comme un adulte qui n'a jamais cessé d'être un enfant. Ces textes se lisent tels des rêves éveillés, portés par une fantaisie propre à l'enfance mais souvent teintés d'une certaine amertume liée au monde adulte : l'enfant rêve mais c'est l'adulte qui se réveille et compose avec la réalité.

" Du coup, les rêves se sont mis à gicler partout dans la chambre, ensanglantés et vifs comme des flèches. Des morceaux de montagne bleue éclatés contre les murs, des fantômes pendus à la tringle à rideau, d'autres en train de griller sur le filament d'une ampoule, là, sur la table de chevet et partout sur ma peau.
Je me suis douché et j'ai bien insisté pour rincer toutes les parties de mon corps, parce que les rêves séchés, après ça gratte sous les habits.
Mais toute la journée, j'ai cligné des yeux, sans doute les miettes d'un rêve de sable resté coincé sous les paupières." p.27

Chez l'auteur, les mots prennent vie sous forme d'images qui lui grouillent dans la tête, gesticulent le long des lignes pour retranscrire de ces petits bouts d'enfance qui évoquent les superstitions et les peurs (orage, loups), les déceptions (premier chagrin d'amour, amitié), les hontes (dyslexie, hyper-émotivité), tous ces fantômes qui ont continué à le suivre tout au long de sa vie adulte.

" On aurait dit qu'elle s'était fait un shampooing avec le soleil et qu'elle ne s'était ni rincé ni séché les cheveux. Merveilleuse. Et moi, avec des bruits d'aquarium dans le ventre, je souriais, les yeux plissés comme un nouveau-né chinois face à tout cet éblouissement.
Mon poing dans la poche serrait la petite boîte noire et je sentais mon coeur battre dans ma gorge.
Je l'ai embrassée sur la bouche mais j'ai eu la sensation qu'elle n'avait plus de lèvres.
Elle en avait toujours, mais elles étaient restées immobiles." p.17

J'ai aimé les textes qui m'ont rappelé mon enfance passée tout en faisant appel à l'adulte que je suis.
En revanche, d'autres, plus anecdotiques comme "Histoire de fantômes" ou "Le bar des neiges", m'ont plutôt semblé être destinés aux enfants - et n'ont donc pas trouvé écho en moi - ou manquer d'intérêt...

" Le poème insulte.
Connard, quand je serai un fantôme
Je viendrai te planter un bouquet d'orties dans le cul
Connard va." p.35


2 octobre 2011

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