Publié aux USA en 1996 et disponible en ebook depuis le mois de mai, "Comme des étoiles filantes" est un roman de l'écrivaine américaine Jacquelyn Mitchard, particulièrement connue pour son premier roman "Aussi profond que l'océan" (adapté au cinéma en 1999 avec Michelle Pfeiffer et Whoopi Goldberg) dont je vous parlerai bientôt.
Durant une partie de cache-cache, Veronika Swan, alors âgée de 12 ans, assiste à la mort de ses deux petites soeurs, égorgées par un homme dérangé.
Scott Early, diagnostiqué schizophrène, signe des aveux écrits et est placé en institution pour une durée maximum de 7 ans.
Pour Veronika, traumatisée depuis ce fameux jour, le verdict n'est pas suffisant.
Contrairement à ses parents qui, fidèles à la doctrine mormone, finissent par accorder leur pardon, la jeune femme ne parvient pas à tourner la page.
A l'annonce de la libération de Scott Early et de la grossesse de sa femme, Veronika part pour San Diego...
Les Swan m'ont fait l'effet d'une famille parfaite du type "Sept à la maison", entre scolarité à domicile, lectures choisies et multiples visites à l'Eglise. Rien qui dépasse.
Mais le meurtre de Becky et Ruthie va bouleverser les vies de Veronika et de ses parents.
La mère de Veronika, artiste, passe désormais la plupart de son temps à dormir.
Enceinte au moment du drame, elle accouche seulement deux semaines après d'un petit garçon auquel elle fournit les soins élémentaires mais sans parvenir à lui donner son amour.
C'est donc essentiellement Veronika qui s'occupe de son petit frère alors que son père est constamment absent, errant dans la forêt pour tenter d'apaiser son chagrin et trouver la force de continuer.
La jeune fille se retrouve livrée à elle-même. D'abord en proie à un profond sentiment de culpabilité qui lui fait imaginer en rêve d'autres fins plus heureuses, elle est prise d'une envie de vengeance.
Une faille au sein de ce système éducatif bien rôdé et qui laisse ses parents désarmés.
Le roman est centré sur l'évolution morale de Veronika à laquelle se greffe la question du pardon : est-il sans limites ?
La délivrance passe-t-elle par le pardon ou la vengeance ?
Heureusement que le personnage principal de Veronika m'intéressait car les autres m'ont semblé faire pâle figure, trop lisses et pas assez creusés.
L'auteure, sans être mormone, consacre une large part de son récit à la démystification du mormonisme et aux préjugés qui lui sont liés, comme la polygamie qui n'est plus de mise depuis la fin du 19ème siècle sauf chez les fondamentalistes.
Ou sur les raisons pouvant expliquer que les mormons aient beaucoup d'enfants.
" On trouve différentes théories expliquant pourquoi les mormons ont autant d'enfants. Personnellement, je crois qu'au début, quand Joseph Smith a lancé la religion, c'était probablement parce qu'ils avaient besoin de monde, afin qu'au moins l'un d'entre nous survive aux terribles persécutions à venir.
De nombreux mormons pensent encore que plus il y aura de mormons, mieux cela vaudra pour propager la bonne parole, raison d'être des missions.
L'Eglise enseigne que nous vivons tous au ciel avant de naître, et qu'il faut que nous ayons beaucoup d'enfants pour offrir des corps terrestres à ces âmes, tout comme ont été créés les corps physiques de Dieu et de Jésus, de façon qu'elles puissent descendre sur terre pour y être mises à l'épreuve.
Les êtres sont mis à l'épreuve afin de pouvoir tendre vers l'image de Dieu, et ça continue ainsi - chacun s'efforce de devenir meilleur et de faire le bien - même après, une fois mort." p.21
Pour ma part, j'ai su en lisant ce passage que je ne deviendrais jamais mormone :))
" Quand Clare et moi avons bu le thé Earl Grey que nous avions chipé dans l'une des boîtes de Madame Sissinelli, nous l'avons avoué et ne nous sommes presque pas fait gronder. Mon père a dit : " Tout le monde dépasse un peu les bornes de temps en temps". Nous avons du présenter des excuses à Madame Sissinelli et faire une rédaction sur la dépendance à la caféine." p.26
Bien que l'aspect religieux m'ait intéressée, je l'ai trouvé trop présent, étouffant, comme si le reste était un prétexte. Ca frôle l'apologie, au point que j'étais persuadée que l'auteure était mormone.
L'éducation que Veronica a reçue a, il est vrai, son importance dans sa décision finale mais j'ai trouvé que celle-ci aurait du peser davantage dans ce débat pardon/vengeance.
Je n'ai pas ressenti cette violence intérieure qu'on imagine dans ce genre de situation.
Globalement concernant le fond, et cela vaut aussi pour la forme, ça manquait malheureusement de tripes.
J'espère que "Aussi profond que l'océan" me plaira davantage. Mon souvenir du film est très flou, j'essaierai d'enchaîner les deux.
Merci aux éditions des Deux Terres de m'avoir envoyé cet ebook.