Publié en 2007, "La Femme du monstre" est le premier roman du journaliste français Jacques Expert, également auteur de "La Théorie des Six" et de " Ce soir je vais tuer l'assassin de mon fils".
Un samedi matin, Madame Darget ouvre sa porte au brigadier-chef venu interroger son mari à propos de la disparition d'une fillette.
Deux ans plus tard, Simon Darget comparaît au tribunal pour attentats à la pudeur, viol avec violence, tortures et actes de barbarie et homicide volontaire avec préméditation.
Sa femme, à présent redevenue Madame Delecourt, raconte le déroulement du procès et témoigne de ce que fut leur vie de couple durant 16 années.
J'ai reçu ce livre lors d'un passage en librairie alors que la libraire ajoutait à mes achats 2 livres cadeaux choisis au hasard. J'aurais préféré qu'elle me demande mon avis mais en découvrant ce titre à la maison, je me suis dit pourquoi pas !
Je dois dire que ce livre m'a plutôt déconcertée par rapport à l'idée que je m'en étais fait au départ.
Alors que je m'attendais à découvrir le récit d'une épouse bouleversée, victime naïve d'un homme à l'abri de tout soupçon, je me suis retrouvée face à une épouse humiliée au quotidien par un mari colérique et cruel mais surtout une femme méchante, raciste, matérialiste et pas forcément droite dans ses bottes, comme si son mari avait réussi à déteindre sur elle.
Malgré l'autorité et le manque de respect de cet homme dès les premiers jours de leur rencontre, elle lui passe tout par amour, trop contente de s'être attirée les faveurs de cet homme beau et brillant que les autres femmes lui envient tant.
Pendant toutes ces années, elle s'accrochera à un rêve de famille parfaite, fermant les yeux sur les accès de colère, les absences et les infidélités répétées de son mari, les nombreuses accusations d'harcèlement sexuel qui les forcent à déménager tous les ans, les viols et meurtres perpétrés dans leur région et les preuves formelles à peine dissimulées par son mari.
On pourrait s'attacher à cette femme et à son aveuglement volontaire sauf que c'est tout le contraire.
Dans les chapitres consacrés au procès, elle joue l'épouse choquée mais lorsqu'elle détaille sa vie conjugale, c'est une toute autre histoire qui se joue devant nous.
Madame Delecourt apparaît comme une femme vulgaire sur bien des aspects. Hypocrite, elle participe à des collectes de vêtements envoyés en Afrique mais se plaint que les "nègres" envahissent la France. Futile, elle ne s'intéresse qu'à la décoration et s'attache à mentionner la valeur des objets dans sa maison, ne regarde les infos que pour apercevoir la tenue de Claire Chazal qu'elle admire tant. Elle suit Patrick Sébastien et "Plus belle la vie" mais trouve Ardisson vulgaire.
Elle se plaint du manque de respect des gens mais par contre les "ferme-la salope" de son mari passent très bien (sa violence aussi, qu'elle n'hésite pas à stimuler quand ça l'arrange)...
Quant aux victimes, elles n'avaient qu'à pas aguicher son mari avec leurs tenues scandaleuses, qu'elles ne s'étonnent pas après. De toute façon pour cette femme, toutes les autres sont des putes.
Même lorsqu'elle plaint les parents de la victime au procès, on n'y croit pas. L'ambivalence de son discours trahit très vite un simple souci du qu'en dira-t-on, du moment qu'elle réhabilite son image de femme respectable. Extrême, elle passe de l'amour absolu pour son mari au mépris le plus total, indifférente au sort que lui réserve la prison.
Cette femme avait toutes les cartes en mains pour pouvoir arrêter son mari mais a choisi de ne rien voir.
A moins d'avoir connu une situation similaire, je ne pense pas que quiconque puisse comprendre une femme pareille.
Le style de ce roman n'a rien d'exceptionnel mais colle toutefois parfaitement à la personnalité exécrable de la narratrice dont certains traits caricaturaux hantent régulièrement la rubrique des faits divers comme nous le rappelle d'ailleurs le titre racoleur de ce roman.
Il semble presque indécent de prétendre avoir aimé ce roman mais je dois reconnaître l'avoir trouvé fort réussi dans son genre tant je me suis insurgée contre le mode de pensée de cette femme.
D'autres avis : Canel - Alex - Yv - Pimprenelle
" Ah ! ces derniers mots ! Je les ai si bien travaillés ces dernières semaines, tant répétés, que je les prononce sans rien oublier. C'est ainsi que je mets fin à deux heures et demie environ d'interrogatoire (cette fois, bêtement, j'ai oublié de mettre en route la trotteuse de ma montre pour avoir un minutage précis) parfois tendu, souvent émouvant à évoquer nos seize années de vie commune.
J'ai beaucoup pleuré mais, pour ces mots finals, je n'ai plus de larmes, ni même l'envie d'en verser.
Je termine avec le sentiment presque jouissif d'avoir conquis la salle. J'ai déjà hâte d'être à ce soir pour voir le compte rendu du procès dans le journal de PPDA.
Je ne doute pas que mon témoignage si puissant y sera relaté comme l''événement de la journée, à l'inverse de ce pauvre Simon qui a été pitoyable une fois de plus.
J'en viendrais presque à me demander comment j'ai pu être mariée à un pareil minable.
Les journalistes auront sans doute noté qu'il a à peine osé relever la tête et qu'il a répondu aux rares questions par de pathétiques mono-syllabes." p.103