22 octobre 2010

L'étrange disparition d'Esme Lennox - Maggie O'Farrell


"L'étrange disparition d'Esme Lennox" est le 4ème roman de la romancière irlandaise Maggie O'Farrell, auteure de "Quand tu es parti", "La maîtresse de mon amant" et "La distance entre nous".
Iris Lockhart reçoit un appel lui annonçant qu'elle est la curatrice d'Euphemia Lennox, la soeur de sa grand-mère. Surprise, la jeune femme assure que sa grand-mère est fille unique.
Mais les preuves sont là et Iris est sommée de se rendre à Cauldstone, l'établissement psychiatrique où réside Euphemia depuis...60 ans.
Pour quel motif cette femme a-t-elle été enfermée durant si longtemps? Et pourquoi son existence a-t-elle été dissimulée?

Scotchante et révoltante. Ce sont les deux mots qui me viennent pour qualifier cette histoire aux multiples rebondissements.
L'histoire s'ouvre sur l'enfance d'Esme passée en Inde et sa relation avec les membres de sa famille. Si sa soeur aînée Kitty se comporte en jeune fille exemplaire, toujours encline à obéir au doigt et à l'oeil de la mère, Esme se montre plus revêche.
Souvent plongée dans ses pensées ou dans un livre, elle fait fi des convenances et ne souhaite guère se trouver un mari.
Son manque de docilité est perçu comme de la provocation par des parents et une soeur qui ne voient que le mariage pour l'éloigner de la maison afin qu'elle cesse d'entacher leur réputation.
Un tragique événement leur permettra de se débarrasser du vilain petit canard...

" Mais chaque fois que nous allions quelque part, une partie de tennis, un thé, un bal, elle faisait toujours quelque chose d'étrange, d'inattendu. Taper sur le piano, parler au chien pendant tout le temps, une fois, grimper à un arbre et rester là à regarder dans le vague et à tortiller ses cheveux rebelles.
Certaines personnes, j'en suis certaine, ont cessé de nous inviter à cause de son comportement. Et je dois dire que j'en ai été très affectée. Maman m'a donné raison.
Quand je pense que tu dois souffrir à cause d'elle, alors que tu te conduis de la manière la plus parfaite qui soit. Ce n'est pas juste." p.138

Le moins qu'on puisse dire c'est qu'Esme Lennox paiera cher son insolence, reniée et enfermée par les siens qui invoquent un départ chez un oncle et ne lui rendent aucune visite.
C'est Iris, la petite-fille de sa soeur qui ignorait son existence, qui mettra fin à ses 60 années de réclusion.
Tandis qu'Iris se débat avec sa vie personnelle et tente de comprendre les agissements de cette femme étrange, Esme est submergée par les douloureux souvenirs de jeunesse.

" Nous ne sommes que des vaisseaux par lesquels circulent des identités, songe Esme : on nous transmet des traits, des gestes, des habitudes, et nous les transmettons à notre tour. Rien ne nous appartient en propre.
Nous venons au monde en tant qu'anagrammes de nos ancêtres." p.119

Même si un lien timide se tisse entre les deux femmes, Esme ne se confie pas à Iris, ce qui laisse penser que même libre, elle reste en quelque sorte prisonnière d'un passé dont elle n'est par ailleurs aucunement responsable.
Les pensées de l'une et de l'autre s'alternent pour tenir lieu de chapitres auxquels viennent se greffer les réminiscences de la soeur d'Esme, Kitty, atteinte de la maladie d'Alzheimer.
Le passage d'une intervenante à une autre m'a quelque peu déboussolée au début, d'autant que leurs propos sont souvent lapidaires et poussent à tourner les pages pour dénouer le mystère.
Je me suis finalement habituée à cette construction atypique et j'ai vraiment apprécié la pudeur de l'écriture pour raconter cette histoire si criante d'injustice.

"L'étrange disparition d'Esme Lennox" était une lecture commune avec Jules, Liliba et Restling dont je file découvrir les avis !

Une foule d'autres avis chez BOB !

22 commentaires:

  1. J'ai beaucoup aimé cette lecture, qui m'a rappelé l'histoire de Camille Claudel et de Séraphine. Ce qu'on a pu faire subir aux femmes .. (et qu'on leur fait encore).

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  2. Roman très attirant, vu ce que tu en dis! Si je le vois à la bibli, je me jette dessus!

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  3. J'ai beaucoup aimé aussi, tout à fait mon genre de livres : bien noir, construction originale, psy, et au final révoltant. Pas encore lu d'autres livres de cette auteur, mais je devrais...

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  4. Quelle horreur cette histoire! Et c'était malheureusement si courant il y a encore quelques décennies d'envoyer des insoumises, des femmes libres ou encore des homosexuel(le)s dans des établissements psychiatriques ou de détention pour s'en débarrasser ou sous couvert de les "soigner"!!!

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  5. Pas mal, pas mal... Et il est en poche maintenant, comme quoi la patience paie!

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  6. Bien d'accord avec toi, il y a beaucoup de pudeur dans ce récit mais cela ne gâche pas l'émotion.

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  7. J'ai beaucoup aimé ce roman. Ca fait peur, surtout que c'est quand même assez réaliste. Je relirai certainement l'auteure.

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  8. @Clara : tu fais bien ;)

    @Aifelle : j'avais oublié Séraphine, c'est vrai !
    Je suis contente de vivre à notre époque où ce genre de cas me paraît improbable (quoique...il y a quelques mois une femme s'est fait interner à la place d'une autre parce qu'elles portaient les mêmes noms et prénoms, heureusement l'affaire était résolue dans la journée...).

    @Mango : je crois que tu l'aimerais (d'ailleurs je n'ai aperçu aucun avis négatif jusqu'à présent).

    @Ys : c'est bien ce qui m'avait semblé ;) Je note le nom de l'auteure pour ma prochaine tournée livresque.

    @Sabbio : oui et c'est d'autant plus fou qu'on la maintienne internée aussi longtemps pour des raisons aussi...inexistantes.

    @Keisha : oui plus d'excuse maintenant ;)

    @Restling : non au contraire, l'histoire en elle-même suffit largement à susciter l'émotion et la révolte. J'ai apprécié que l'auteure ne verse pas dans le pathos.

    @Karine : oui jusqu'au bout je m'attendais à apprendre quelque chose de nouveau qui puisse justifier ce si long internement, dingue...

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  9. je l'ai commandé, cela ne fera qu'un de plus dans ma PAL :o)
    mais il me tente trop, surtout le problème de l'enfant qui est le mouton noir d'une famille

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  10. @Niki : elle est dans la ligne de mire de ses parents pour ainsi dire depuis le début.
    Je ne manquerai pas de lire ton avis !

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  11. Injustice voilà un terme qui me revenait en tête au tournant de bien des pages!!! Pauvre Esme!

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  12. Magnifique roman et pauvre de nous, les femmes !
    J'avais adoré et depuis, j'en ai un autre de Maggie O'Farrell dans ma PAL ;-)

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  13. Bonsoir, acheté par hasard, je ne l'ai pas regretté. C'est une histoire bouleversante. J'ai eu un tout petit peu de mal à m'habituer au style au début et puis après tout a été bien. Voir mon billet du 17/05/2008. Bonne soirée.

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  14. J'aime beaucoup cette auteur, j'avais dévoré ses autres livres mais celui-ci ne m'avait vraiment pas touché, il lui a manqué un petit quelque chose!
    J'ai un peu l'impression d'être la seule à ne pas avoir été convaincue!

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  15. Tu en parles bien et ça donne envie de le lire! Mais mon programme de lecture est déjà bien chargé jusqu'à la fin de l'année...
    Où en es-tu du challenge Europe centrale et orientale?

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  16. J'ai ce livre dans ma PAL. Il me tarde de le lire. Mais pb, je continue à accepter de recevoir des livres et j'en empreinte aussi à la bib. Alors ma PAL ne bouge pas bcp !

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  17. Lecture prévue... un jour (il est dans ma PAL géante : l'annexe de bibliothèque près de chez moi ! bon, j'exagère, je ne veux pas lire tous les livres de cette annexe !).

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  18. je suis bien contente que ce roman là t'ai plu... :)

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  19. Y'a encore un bug, mais cette fois c'est moi qui me suis trompée ! J'ai bien lu ce livre, mais j'ai publié mon billet en mars dernier... http://liliba.canalblog.com/archives/2010/03/02/16926817.html

    Un livre que j'ai adorééé !

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  20. Je ne l'ai pas encore lu, mais je ne compte plus les fois où je me suis dit qu'il me le fallait... Je suis incorrigible....

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