31 mars 2012

La Femme du monstre - Jacques Expert


Publié en 2007, "La Femme du monstre" est le premier roman du journaliste français Jacques Expert, également auteur de "La Théorie des Six" et de " Ce soir je vais tuer l'assassin de mon fils".

Un samedi matin, Madame Darget ouvre sa porte au brigadier-chef venu interroger son mari à propos de la disparition d'une fillette.
Deux ans plus tard, Simon Darget comparaît au tribunal pour attentats à la pudeur, viol avec violence, tortures et actes de barbarie et homicide volontaire avec préméditation.
Sa femme, à présent redevenue Madame Delecourt, raconte le déroulement du procès et témoigne de ce que fut leur vie de couple durant 16 années.

J'ai reçu ce livre lors d'un passage en librairie alors que la libraire ajoutait à mes achats 2 livres cadeaux choisis au hasard. J'aurais préféré qu'elle me demande mon avis mais en découvrant ce titre à la maison, je me suis dit pourquoi pas !
Je dois dire que ce livre m'a plutôt déconcertée par rapport à l'idée que je m'en étais fait au départ.
Alors que je m'attendais à découvrir le récit d'une épouse bouleversée, victime naïve d'un homme à l'abri de tout soupçon, je me suis retrouvée face à une épouse humiliée au quotidien par un mari colérique et cruel mais surtout une femme méchante, raciste, matérialiste et pas forcément droite dans ses bottes, comme si son mari avait réussi à déteindre sur elle.
Malgré l'autorité et le manque de respect de cet homme dès les premiers jours de leur rencontre, elle lui passe tout par amour, trop contente de s'être attirée les faveurs de cet homme beau et brillant que les autres femmes lui envient tant.
Pendant toutes ces années, elle s'accrochera à un rêve de famille parfaite, fermant les yeux sur les accès de colère, les absences et les infidélités répétées de son mari, les nombreuses accusations d'harcèlement sexuel qui les forcent à déménager tous les ans, les viols et meurtres perpétrés dans leur région et les preuves formelles à peine dissimulées par son mari.

On pourrait s'attacher à cette femme et à son aveuglement volontaire sauf que c'est tout le contraire.
Dans les chapitres consacrés au procès, elle joue l'épouse choquée mais lorsqu'elle détaille sa vie conjugale, c'est une toute autre histoire qui se joue devant nous.
Madame Delecourt apparaît comme une femme vulgaire sur bien des aspects. Hypocrite, elle participe à des collectes de vêtements envoyés en Afrique mais se plaint que les "nègres" envahissent la France. Futile, elle ne s'intéresse qu'à la décoration et s'attache à mentionner la valeur des objets dans sa maison, ne regarde les infos que pour apercevoir la tenue de Claire Chazal qu'elle admire tant. Elle suit Patrick Sébastien et "Plus belle la vie" mais trouve Ardisson vulgaire.
Elle se plaint du manque de respect des gens mais par contre les "ferme-la salope" de son mari passent très bien (sa violence aussi, qu'elle n'hésite pas à stimuler quand ça l'arrange)...
Quant aux victimes, elles n'avaient qu'à pas aguicher son mari avec leurs tenues scandaleuses, qu'elles ne s'étonnent pas après. De toute façon pour cette femme, toutes les autres sont des putes.
Même lorsqu'elle plaint les parents de la victime au procès, on n'y croit pas. L'ambivalence de son discours trahit très vite un simple souci du qu'en dira-t-on, du moment qu'elle réhabilite son image de femme respectable. Extrême, elle passe de l'amour absolu pour son mari au mépris le plus total, indifférente au sort que lui réserve la prison.
Cette femme avait toutes les cartes en mains pour pouvoir arrêter son mari mais a choisi de ne rien voir.
A moins d'avoir connu une situation similaire, je ne pense pas que quiconque puisse comprendre une femme pareille.

Le style de ce roman n'a rien d'exceptionnel mais colle toutefois parfaitement à la personnalité exécrable de la narratrice dont certains traits caricaturaux hantent régulièrement la rubrique des faits divers comme nous le rappelle d'ailleurs le titre racoleur de ce roman.
Il semble presque indécent de prétendre avoir aimé ce roman mais je dois reconnaître l'avoir trouvé fort réussi dans son genre tant je me suis insurgée contre le mode de pensée de cette femme.

" Ah ! ces derniers mots ! Je les ai si bien travaillés ces dernières semaines, tant répétés, que je les prononce sans rien oublier. C'est ainsi que je mets fin à deux heures et demie environ d'interrogatoire (cette fois, bêtement, j'ai oublié de mettre en route la trotteuse de ma montre pour avoir un minutage précis) parfois tendu, souvent émouvant à évoquer nos seize années de vie commune.
J'ai beaucoup pleuré mais, pour ces mots finals, je n'ai plus de larmes, ni même l'envie d'en verser.
Je termine avec le sentiment presque jouissif d'avoir conquis la salle. J'ai déjà hâte d'être à ce soir pour voir le compte rendu du procès dans le journal de PPDA.
Je ne doute pas que mon témoignage si puissant y sera relaté comme l''événement de la journée, à l'inverse de ce pauvre Simon qui a été pitoyable une fois de plus.
J'en viendrais presque à me demander comment j'ai pu être mariée à un pareil minable.
Les journalistes auront sans doute noté qu'il a à peine osé relever la tête et qu'il a répondu aux rares questions par de pathétiques mono-syllabes." p.103
D'autres avis : Canel - Alex - Yv - Pimprenelle

17 commentaires:

  1. m'a l'air compliquée cette affaire ! lecture qui doit mettre mal à l'aise... à voir!

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    1. On se sent mal à l'aise et révolté par l'attitude de cette femme !

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  2. Pourquoi pas ? Si je mets la main dessus...

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  3. Ce n'est pas le genre de romans policiers que j'affectionne. Mais tu vas devenir une pro du genre dis dons ;-)
    Par certains côté, elle me fait penser à une certaine M ... Martin.

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    1. Pro non mais disons que vu le peu de temps que j'ai pour lire et la fatigue, c'est le seul genre de bouquins qui parvient à me tenir éveillée sans que je ne me prenne trop la tête ;)
      Oui cette femme m'a aussi fait penser à M.Martin à une grosse différence près : elle ne se fait pas la complice active de son mari. Elle sait mais n'intervient pas dans un sens ou un autre.

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  4. un livre qui m'a surprise !!!
    quand ils habitent Aix-en-Provence, j'ai imaginé l'endroit où ils vivaient... (je dois être un peu bizarre, non ?)

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    1. Oui la surprise est de taille quand on s'attend à lire une pauvre victime !
      Moi aussi j'ai essayé d'imaginer où ils vivaient. Dans ce qu'elle raconte, on sent qu'il s'agit d'une maison bien tenue où tout est à sa place sauf les gens qui y vivent ^^

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  5. Quelle femme ! Et son dernier revirement..... J'avais bien aimé ce roman, malgré l'impression d'étrangeté qu'il dégageait.

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    1. Oui, on espère vraiment que ce genre de bonne femme reste un cas à part ^^

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  6. J'ai vraiment du mal avec cet auteur. C'est glauquissime et les personnages me semblent outrés.
    Idem le gros blaireau dans son "Ce soir je vais tuer l'assassin de mon fils".
    Et pourtant j'en vois passer, du glauque dans mes lectures, polars ou autres ! ;-)
    Ca me fait penser que j'ai un giga-retard pour mettre à jour le challenge Thriller, je note bien le lien à chq fois mais je groupe pour venir chez toi recopier tout ça... Ca s'accumule. :-/

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    1. Je n'en ai pas lu d'autres mais il est vrai que celui-ci est plutôt glauque !
      Ne t'inquiète pas pour le retard, j'en ai encore plus que toi dans mon récap' ^^
      J'essaie de mettre à jour ce weekend ;)

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  7. Ce livre est dans ma PAL, alors je lis pas ton billet, histoire de rester "vierge" !

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  8. ça à l'air d'être un livre assez dérangeant, glauque etc.. à voir ^^

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    1. Si ces 2 adjectifs ne te posent pas problème, ce roman est pour toi ^^

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  9. j'ai aimé ce livre qui ne laisse pas indifférent.MME Darget représente bien les femmes soumises qui se mettent du brin dans les yeux pour assurer le petit train de vie.

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  10. je vient de lire ce livre et je suis complétement d'accord avec Cynthia. je ne plaint pas du tout cette ex Mme Darget.

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