"Pour une nuit d'amour" rassemble deux nouvelles extraites du recueil "Le Capitaine Burle"(1882) de l'écrivain français Emile Zola.
Le jeune et timide Julien Michon ferait n'importe quoi "Pour une nuit d'amour" avec Thérèse de Marsanne, sa belle voisine à qui il joue de la flûte tous les soirs.
Mais lorsque celle-ci consent à lui accorder ses faveurs, ce n'est pas sans conditions...
Louis Roubien avait tout pour être heureux : des terres fertiles acquises à force de travail acharné, une ferme florissante, une famille soudée. "L'Inondation" qui intervient lorsque déborde la Garonne va lui faire perdre tout ce à quoi il tient...
Réjouissez-vous de votre bonheur tant qu'il en est encore temps car la vie peut aussi se montrer cruelle ! C'est ce que semble nous dire Zola à travers ces deux nouvelles qui commencent toutes deux tels des contes de fées pour se terminer en cauchemars.
Il évoque un genre humain qui peut se montrer vil et manipulateur dans "Pour une nuit d'amour" là où il met en cause les caprices de la nature dans "L'Inondation".
Zola, à force de mille détails enchanteurs, possède le talent de faire en sorte que le lecteur ne voie rien venir.
" Depuis six mois seulement, il se risquait à jouer, les croisées ouvertes.
Il ne savait que des airs anciens, lents et simples, des romances du siècle dernier, qui prenaient une tendresse infinie, lorsqu'il les bégayait avec la maladresse d'un élève plein d'émotion.
Dans les soirées tièdes, quand le quartier dormait, et que ce chant léger sortait de la grande pièce éclairée d'une bougie, on aurait dit une voix d'amour, tremblante et basse, qui confiait à la solitude et à la nuit ce qu'elle n'aurait jamais dit au plein jour." p.18
Et les retournements de situation n'en sont que plus puissants ! Les images et décors idylliques, se referment sur les personnages, pris en traîtres.
En quelques lignes, Zola détruit tout ce qu'il a mis plusieurs pages à bâtir, laissant le lecteur impuissant, à l'image de ses héros surpris dans leur insouciance et dont l'issue tragique semble inévitable.
Dans "L'Inondation", j'ai vraiment cru assister en direct à la lente et terrible progression d'un tsunami déferlant sur un petit village, emportant tout sur son passage, et sentir la terreur de ses pauvres gens pris au piège par une montée des eaux discontinue.
" L'eau, alors, commença l'assaut. Jusque là, le courant avait suivi la rue; mais les décombres qui la barraient à présent, le faisaient refluer. Ce fut une attaque en règle.
Dès qu'une épave, une poutre, passait à la portée du courant, il la prenait, la balançait, puis la précipitait contre la maison comme un bélier. Et il ne la lâchait plus, il la retirait en arrière, pour la lancer de nouveau, en battait les murs à coups redoublés, régulièrement. Bientôt, dix, douze poutres nous attaquèrent ainsi à la fois, de tous les côtés. L'eau rugissait.
Des crachements d'écume mouillaient nos pieds. Nous entendions le gémissement sourd de la maison pleine d'eau, sonore, avec ses cloisons qui craquaient déjà.
Par moments, à certaines attaques plus rudes, lorsque les poutres tapaient d'aplomb, nous pensions que c'était fini, que les murailles s'ouvraient et nous livraient à la rivière, par leurs brèches béantes." p.91
Avant de commencer la lecture de ce recueil, j'avais encore en tête "Germinal", lecture scolaire forcée d'il y a 15 ans dont j'avais conservé le souvenir d'un style rigoureux mais surtout très lourd.
Ici, il n'en est rien et je ressors même de cette lecture avec l'envie de découvrir "Nana" et "Thérèse Raquin" encore dans ma PAL :)