14 avril 2014

Crime parfait, Les Mauvaises Lectures - Eric Emmanuel Schmitt


"Crime parfait" et "Les Mauvaises Lectures" sont deux nouvelles extraites du recueil "La rêveuse d'Ostende" publié en 2007 et signé par Eric-Emmanuel Schmitt, notamment auteur de "Petits crimes conjugaux", "Oscar et la dame rose", "La part de l'autre" ou encore de "Ulysse from Bagdad".

En précipitant son mari Gab du haut d'une falaise dans les Alpes, Gabrielle pense avoir commis le "Crime parfait". A présent Gabrielle n'a qu'une hâte :  visiter la pièce secrète de Gab et découvrir enfin le contenu de cette cachette qui lui a toujours été interdite !
Son projet se voit malheureusement interrompu par l'apparition d'un témoin inattendu, un berger, qui affirme l'avoir vue pousser son mari dans le vide.
Les proches du couple se refusent à croire à une thèse autre que celle de l'accident. Tous s'entendent sur le fait que Gabrielle et son mari formaient un couple heureux et sans histoires, depuis 30 ans.
Gabrielle réussit à persuader son avocat de son innocence.
Mais au fond, qui tente-t-elle de convaincre ? Que reprochait-elle exactement à Gab au point de le tuer ?
Le professeur Maurice Plisson, pourtant grand lecteur, dénigre la fiction, forcément mensongère, sous toutes ses formes et méprise "Les Mauvaises Lectures" qu'il qualifie de passe-temps pour femmes seules.
Comme tous les ans, il part en vacances avec sa cousine Sylvie. Durant un arrêt au supermarché, celle-ci se précipite sur le dernier roman d'un certain Chris Black.
Maurice lève les yeux au ciel avant de s'intéresser d'un peu plus près au résumé du livre qui mentionne un mystérieux manuscrit du 16ème siècle.
Intrigué par cette allusion historique, Maurice cède à la curiosité et entame le roman, à l'insu de sa cousine.
Va-t-il se laisser prendre au jeu de la fiction ?

J'ai depuis quelques années renoncé à lire les derniers ouvrages d'Eric-Emmanuel Schmitt, lassée par sa tendance à la vulgarisation philosophique doucereuse.
Du moins était-ce le cas jusqu'à ce que je tombe (je ne sais plus comment) sur les billets très enthousiastes de Liliba et Sandrine, par rapport à la version audio du premier texte lu par Pierre Arditi.
Je les remercie toutes les deux pour cet excellent moment de lecture !

Comme le renseigne le sous-titre, "Crime parfait" et "Les Mauvaises Lectures" sont deux nouvelles à chute (et c'est peu de le dire...).
Ces deux textes ont pour point commun de présenter des personnages sûrs de leur jugement, persuasifs mais pas totalement dénués de curiosité.
C'est d'ailleurs cette curiosité qui se retournera contre eux, le doute et la paranoïa s'instillant de plus en plus au fil du récit, au point que Gabrielle et Maurice voient leurs certitudes s'effondrer insidieusement jusqu'à l'issue finale, terrible pour l'un comme pour l'autre.

"Plus on s'élève et plus dure sera la chute" comme le dit le proverbe chinois.
A l'image de ces deux-là, je suis tombée de haut. Malgré que leurs cheminements respectifs ne présageaient rien de bon, je me suis tout de même laissée surprendre !
J'ai également beaucoup apprécié l'humour déployé par l'auteur dans "Les Mauvaises Lectures". Dans la mesure où il est question d'un auteur à succès dont le lectorat est principalement féminin, j'y ai vu une certaine auto-dérision, un pied de nez aux critiques.
Même si, vu le nom du faux auteur (Chris Black) et le faux scénario, j'ai plutôt pensé à une caricature de Dan Brown et de son Da Vinci Code.

" Vérifiant que Sylvie et ses amies, absorbées par leur conversation, ne l'observaient pas, il retourna le volume d'un geste discret. "Combien de pages, ce pavé ? Huit cent pages ! Quelle horreur ! Quand je pense qu'on abat des arbres pour ça, imprimer les immondices de M. Chris Black...Il doit vendre des millions de volumes dans le monde entier, ce salaud... A cause de lui on détruit une forêt de trois cents ans à chaque best-seller, vlan, on coupe, la sève coule !
Voici pourquoi on bousille la planète, on supprime les poumons du globe, ses réserves d'oxygène, ses écosystèmes, pour que de grosses femmes lisent ces gros livres qui valent zéro ! Ca me dégoûte..." p.74

 " Ecrire des romans, c'est s'adresser à une population de femmes désoeuvrées, guère plus, et vouloir y chercher des suffrages ! N'était-ce pas Paul Valéry, un intellectuel respectable, qui refusait d'écrire un texte commençant par "La marquise sortit à cinq heures" ? Comme il avait raison !
S'il refusait de l'écrire, moi je refuse de lire : "La marquise sortit à cinq heures" !
D'abord, la marquise de quoi ? Où habite-t-elle ? A quelle époque ? Qui prouve qu'il était bien cinq heures, non cinq heures dix ou cinq heures trente ? Qu'est-ce que ça changerait d'ailleurs, si c'était dix heures du matin ou dix heures du soir puisque tout est faux ? 
Vous voyez, le roman, c'est le règne de l'arbitraire et du n'importe quoi." p.77

A ceux et celles qui ont lu le recueil "La rêveuse d'Ostende", toutes les nouvelles sont-elles du même acabit ?


4 commentaires:

  1. Pas fan de ses nouvelles (enfin, sans plus). Je préfère ses romans. Et encore, pas tous.

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  2. J'ai lu ce recueil il y a quelques années et je me rends compte que je n'en ai gardé aucun souvenir!! J'ai moi aussi laissé tombé cet auteur pour les mêmes raisons d'ailleurs!

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    1. Bon, dans ce cas je crois que je me contenterai de ces nouvelles-ci alors. Bien que je me rende compte qu'en général les nouvelles s'oublient plus facilement que les romans me semble-t-il

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