11 juin 2014

Blast, tomes 1 à 4 - Manu Larcenet


                               



 

"Blast" est une série en 4 tomes, publiés entre novembre 2009 et mars 2014 et réalisés par le dessinateur français Manu Larcenet, notamment connu pour la série "Le combat ordinaire".

Polza Mancini, ancien critique gastronomique de 38 ans, est placé en garde à vue pour l'agression de Carole Ondinot.
Interrogé par deux inspecteurs, l'homme revient sur les dernières heures de son père et sur cette fameuse nuit durant laquelle il connut son premier "blast" qui prend les traits d'une statue Moaï.


Exaltation. Transe. Révélation d'un monde sans morale.
Libre pour la première fois, Polza s'est affranchi du monde des hommes, des responsabilités, des liens affectifs pour se retirer dans le monde sauvage, entre isolement et contemplation.


J'ai profité de la sortie du dernier opus pour découvrir la série cul sec...Et on peut dire que j'ai plutôt été secouée par cette lecture. Dérangeante ? (In)humaine ?
Au premier degré, "Blast" pourrait se résumer au gros délire toxico-éthylique d'un obèse en mal de vivre.
En réalité, "Blast" est d'une profondeur inattendue. Sur le mode de la confession, le lecteur suit les errances d'un homme au physique ingrat (dont il s'amuse et qu'il cultive) en proie à des pulsions (auto) destructrices : un homme qui a choisi le suicide à petit feu et s'en donne les moyens. Pas de retour en arrière possible.
Marginal et hors normes, Polza symbolise tout ce que la société refuse de voir.

La série "Blast" porte en elle la violence sous toutes ses formes (la transition entre les deux premiers tomes et les deux derniers est assez saisissante !), celle infligée à soi-même (l'obésité morbide de Polza et son problème au foie ne l'empêchent pas de se remplir à l'excès dès qu'il peut) et aux autres.
Seuls ses moments de communion avec la nature et ses éléments ainsi que ses épisodes de blast - représentés par des dessins d'enfants colorés - rompent pour un temps seulement avec la noirceur ambiante.
N'allez pas croire qu'étant ivre et shooté la plupart du temps, Polza ne soit qu'un illuminé incapable de raisonnement logique ou d'une certaine sensibilité poétique.
Au contraire, il m'a surprise bien des fois dans ma naïveté. J'ai eu un certain mal à mettre le doigt sur ce qui m'avait tant déroutée dans cette série mais j'ai fini par trouver.
Certaines réflexions, pourtant à contre-courant et placées dans un contexte malsain, ont fait mouche en moi alors que je n'adhérais pas du tout à qui il était, ce qui était plutôt perturbant...
En résumé, "Blast" ne se lit pas, il se vit.
Et je n'ose même pas imaginer dans quel état d'esprit s'est plongé Larcenet pour en arriver à un tel résultat...

A découvrir si ce n'est pas encore fait et si l'on ne craint pas la nausée ou la dépression (ou les deux)...



12ème participation à la bd du mercredi chez Mango

Logo BD noirLogo BD rouge

12 commentaires:

  1. Avalée cul-sec, ça doit être quelque chose en effet... J'attends un peu pour enfin découvrir le dernier tome, je crois que cette série est une des meilleures que j'ai pu lire !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai quand même fait quelques pauses entre les tomes ^^

      Supprimer
  2. Je veux faire comme toi, lire cette série cul sec. Faut juste que je trouve le temps (et les exemplaires dispo à la médiathèque...).

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est jouable en une après-midi, à condition d'avoir les nerfs solides :P

      Supprimer
  3. J'avais beaucoup aimé "Le combat ordinaire".

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Moi aussi mais je serais bien incapable de dire quelle série j'ai préféré. Tout en étant toutes deux psychologiques, elles sont quand même très différentes.

      Supprimer
  4. Cette série est extraordinaire ! Et oui tu as raison, elle ne se lit pas, elle se vit !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Elle se vit même durement :) L'auteur nous emmène là où on a pas forcément envie d'aller. Et on le suit sans poser de questions ou presque :)

      Supprimer
  5. J'ai prévu de les lire, il faut d'abord que je les réserve à la biblio, ils sont toujours sortis. Mais je ne ferai pas cul sec, je pense que j'aurai besoin de respirer entre deux.

    RépondreSupprimer
  6. J'ai lu cette série aussi, j'ai beaucoup aimé...
    C'est bizarre, je me rends compte que je nourris plus d'empathie vis-à-vis de certains personnages pourtant amoraux ou déséquilibrés que beaucoup de lecteurs...
    Je n'ai pas nourri d'antipathie à l'égard de Polza. C'est comme dans J'abandonne aux chiens l'exploit de nous juger : je n'ai jamais été tentée de juger les protagonistes. Étrange, non?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Peut-être parce que tu considères que les gens ne sont jamais 100% mauvais ? Sous certains aspects, Polza est également une victime.Certes, on a souvent tendance à l'oublier au fil des tomes mais il en bave à certains moments...

      Supprimer