"Papier machine" est le 6ème roman, paru en 2010, de l'écrivaine française Corinne Roche à qui l'on doit notamment les titres "Une petite fête sur la planète", "Tu devrais te maquiller" ou encore "Tout va bien dans le service".
Alors que sa fille Tali rentre de vacances, sa mère lui annonce que son père est décédé quelques jours avant.
Ne sachant comment réagir à la mort de cet homme dont elle était séparée depuis 15 ans, brouillée avec son amie d'enfance qui ne semble pas la comprendre, elle décide de raconter les tenants et aboutissants de ces deux relations tout en distillant au fil du récit son rapport particulier et indispensable à l'écriture.
Ah une histoire d'écrivain qui parle d'écriture! Voilà qui avait de quoi m'intriguer !
Au centre de ce roman se trouve une femme qui apparaît rapidement comme une femme forte, capable de mener plusieurs vies de front. Entre son métier d'infirmière (un job alimentaire à défaut d'être une vocation), ses responsabilités de mère célibataire et sa vie de femme, elle tient à ce moment privilégié qui lui donnera l'occasion de prendre la plume.
Et cette fois, elle se lancera dans le récit de sa propre vie.
" - Qui veut du Coca et des cookies au chocolat?" dis-je en soupirant, tandis que mes pensées filent de nouveau vers l'amie, ennemie jurée du Coca et des graisses cachées.De sa rencontre avec Antoine lors d'un atelier d'écriture à leur étrange séparation, en passant par la naissance de sa fille Tali, événement qui lui permet de dresser un parallèle entre création et procréation...Si cette femme semble pouvoir gérer les événements, on se rend compte au fil du récit qu'elle n'agit pas pour autant sans se poser de questions.
Qui veut du jus de pamplemousse et une pomme? aurait-elle demandé en croquant elle-même dans une granny-smith. Qui veut rester mince et jeune, qui me pourrit la vie depuis quinze jours et plus de trente ans? Et tout naturellement, comme une réponse à mon désespoir, une merveilleuse, une monstrueuse idée éclot dans mon cerveau fatigué. Une idée de génie.
ECRIRE.
Seule l'écriture me sauvera." p.29
" Mais qu'est-ce que je vais faire? C'est foutu, je ne m'extasie pas devant les petites brassières, je ne lis pas Un prénom pour la vie. Il me manque quelque chose. Je ne suis même pas sûre de l'aimer, cet enfant. Après tout, on ne s'est jamais vus, on ne se connaît pas.
- J'ai eu une mère dans le genre de ces folles, dit-il en m'embrassant. Oublie toutes leurs conneries. Je suis un homme et je crève de peur, moi aussi ! Mais je sais au moins une chose, c'est que l'amour maternel ne se trouve pas dans un bocal de cornichons." p.95
Mais mais mais... il y a quelque chose qui m'a manqué dans ce récit. Je n'ai pas ressenti de réelle émotion chez cette femme.
Au contraire, j'ai eu l'impression que seule l'écriture comptait pour elle et qu'elle l'utilisait comme échappatoire pour souffler, s'évader de sa vie et des autres. Si elle assume tant bien que mal son rôle de mère, elle semble à peine atteinte par le départ de son mari (on ne connaîtra d'ailleurs pas sa réaction à ce sujet) et sa dispute avec son amie d'enfance.
Mais après avoir aperçu la mention en couverture "L'écriture ou la vie", je me dis que le dessein de l'auteure était sans doute d'exposer la difficulté à concilier réalité et fiction...
" Ecrire, c'est comme boire ou presque. L'alcool appelle l'alcool et l'écriture engendre une soif que seule l'écriture apaise. Une soif dévorante. Boire tout court, voilà où les ennuis commencent.Malgré de jolies idées, je suis donc restée quelque peu à distance de ce récit que j'aurais voulu un brin plus intimiste.
Dans mon cas aussi, écrire est intransitif." p.164
D'autres avis : Cathulu - Un livre à la main - Calypso
Un grand MERCI à et aux éditions de m'avoir offert ce livre !