23 août 2010

La seule - Maud Basan


"La seule", premier roman de l'écrivaine française Maud Basan, est paru le 18 août aux éditions Denoël.
Récemment quittée par son compagnon, Perluète ne parvient pas à encaisser le choc de la rupture et entame un voyage au coeur d'elle-même et de ses souvenirs.

Voici un récit qui démarre sur les chapeaux de roues. C'est fini. L'autre est parti. Et la nouvelle tombe comme un couperet sur le lecteur comme sur Perluète.
Reste plus qu'à apprivoiser le silence, l'absence, le manque, les incertitudes, les questions, le temps suspendu, l'attente, la tristesse, les souvenirs, les lieux, les objets, les odeurs, les angoisses à toute heure du jour, la peur, la paralysie, l'air raréfié, l'inertie, le renoncement, le vide.
Imaginez/replongez-vous à l'instant de votre rupture. Celui/celle qui partageait votre vie vient de claquer la porte et vous voilà seul(e) dans cet endroit qui restera votre chez vous, mais au singulier cette fois.

" Nous n'existe plus nous devient autre, totalement incongru imprononçable contresens impensable de folie mortelle." p.54

Une rame de feuilles, un stylo et vous commencez à coucher sur le papier tout ce qui vous passe par la tête sur le moment.
Bien entendu, dans votre tête, tout ce que vous écrivez tombe sous le sens mais honnêtement, il n'est pas certain qu'un lecteur extérieur comprenne ce flot de pensées (souvent inabouties) avec la même évidence.
C'est là l'effet que m'a procuré ce roman.
J'ai cru déceler dans la démarche de l'auteur une volonté de restituer au lecteur les pensées en vrac de la femme quittée, de lui faire partager la confusion de l'esprit et la succession de chamboulements physiques qu'occasionne la séparation.
Maud Basan use d'une écriture instantanée, presque automatique, qui évolue par saccades à l'image de pulsations cardiaques, ne s'encombre pas de règles de ponctuation, se joue de la syntaxe pour ne s'attacher qu'aux mots, laissés en pâture au lecteur.

" Pas de mots mis ensemble qui conviennent qui ressemblent qui disent cela, seulement des bouts de phrases où l'on se perd on part ailleurs, manque le montage la syntaxe, les mots les phrases se figent s'ankylosent puis déploient leur plumage ouvrent leurs bras s'allongent, offertes." p.170

Et à l'image de Perluète, le lecteur perd tous ses repères. Il n'y a plus vraiment de notion du temps, entre le passé qui n'est plus, l'amour au conditionnel et le présent en suspens.
Les souvenirs se chamaillent, rejaillissent sous forme d'inventaire (toutes les premières fois, le nombre de fois, les dernières fois sans savoir que ce sont les dernières) et se heurtent à la réalité.

" Le réel est irracontable. Ca pourrait ressembler, mais non. C'est rempli envahi saturé d'absence, ça occupe tout, on ne voit que ça, mais on ne voit rien justement, c'est fait de son absence à lui, à laquelle s'ajoute la négation d'elle (ôtée d'elle-même, vidée de sa substance, quelque chose s'est entièrement écoulé par une brèche laissée ouverte), c'est fait d'absences qui s'additionnent, somme de valeurs négatives, combinaison impossible, ça n'existe doublement pas, ça donne le tournis, absences pas en abyme, non, juxtaposées, en chiens de faïence, immobiles et pétrifiées, sans issue, pas de chemin, cela dépasse l'entendement." p.33

"La seule" est donc un roman qui évoque plus des sensations qu'il ne raconte une histoire.
Malheureusement, si j'ai vraiment apprécié la démarche originale de l'auteure, j'ai toutefois peiné à arriver au bout de cette lecture.
Appliqué à la nouvelle ou à la poésie, ce style d'écriture peut contribuer à alléger un texte et à laisser les mots à l'appréciation du lecteur mais s'agissant d'un roman de 224 pages, ce rendu m'a semblé trop fastidieux à la lecture...

Un autre avis : Clara

Ce livre a été chroniqué dans le cadre d'un partenariat avec et


14 commentaires:

  1. C'est typiquement le genre de livres que je redoute! J'ai déjà lu quelques livres de jeunes romancières qui écrivent ainsi. J'abandonne très vite une lecture aussi fastidieuse!

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  2. Bon alors je crois que je vais passer, je n'ai pas un super moral en ce moment et je pense que cette lecture n'arrangera rien! De toutes façons les extraits ne m'attirent pas même si en effet la démarche est intéressante.

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  3. J'aime beaucoup son ecriture mais le sujet me fait fuir !

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  4. Cette fois ci moi aussi je passe... Le sujet pourrait m'intéresser mais le style ne me fait ni chaud ni froid

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  5. J'ai l'impression de voir beaucoup de romans sur la rupture ces temps-ci. Et j'avoue que ce n'est pas vraiment un thème qui m'émeut plus qu'un autre... (je suis un monstre en fait ^_^)
    Donc je passe mon tour.

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  6. Les passages que tu cites auraient plutôt tendance à me faire fuir! Je passe donc!

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  7. Guère plus de succès avec moi : je passe aussi !

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  8. Bon, je dois dire que j'étais plutôt tentée au début. Voilà un thème quime parle et que tout le monde a du ressentir au mins une fois avec ses tripeS. Après effectivement, les extraits que tu mets ne m'inspirent pas des masses...

    Sinon, tu savais qu'il y avait un challenge litté belge qui tourne ?!

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  9. Le sujet ne me tente pas vraiment et ton impression globale de lecture confirme cela : je ne choisirai pas ce roman pour être le 7ème de mon 1%....

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  10. Je ne suis vraiment pas tentée

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  11. Comme toi, je ne sais pas si j'apprécierai ce style sur plus de 200 pages.

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  12. @Mango : le thème de ce livre m'intéressait mais cette façon de le traiter m'a lassée sur la longueur :/

    @Hathaway : ça n'est franchement pas le genre de lecture qui redonne le moral...

    @L'Ogresse : ah! bon ben dans ce cas effectivement mieux vaut t'abstenir...

    @L'or des chambres : un style particulier, ça passe ou ça casse !

    @Restling : mais tu n'as donc pas de coeur? ^^

    @Pimprenelle, Cécile, Zorane : je peux comprendre...

    @Choco : non je ne savais pas. Qui l'organise? Pourquoi m'en parles-tu? Tu trouves que je n'ai pas assez de challenges? ^^

    @Géraldine : déjà le 7ème? Hé ben dis donc tu ne chômes pas ;)

    @Alex : je m'attendais à une lecture éprouvante en regard du thème et finalement c'est le style qui m'a donné du fil à retordre...

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  13. ben contrairement aux autres blogueurs, c'est justement ce genre de style de pas tout le monde qui m'attire, woauhhhhhh je dois être aussi bizarre que le style de ce premier roman... bien que le thème semble du réchauffé mais comme chaque histoire d'amour est unique chaque rupture également, non ? bon à lire si il tombe entre mes mains mais je n'irai pas dépenser pour lire les malheurs des autres, il y a déjà suffisamment d'horreurs autour de nous pour en rajouter une couche... mais intéressant de connaître, le développement psychologique du personnage relégué au placard;;; curieuse serai-je ?

    je te remercie dans tous les cas pour cette belle contribution au c1r
    A bientôt

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  14. Non aucun cœur en réalité ! Mais je pleure souvent, ça fait illusion... Hihihi

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