17 novembre 2013

La lettre à Helga - Bergsveinn Birgisson






Paru en Islande en 2010 et traduit en français cette année, "La lettre à Helga" est un roman épistolaire de l'écrivain islandais Bergsveinn Birgisson.

A la mort de sa femme Unnur, le vieux Bjarni décide de prendre la plume pour écrire à Helga, la femme qu'il aimait autrefois et n'a jamais cessé d'aimer bien qu'il ait fait le choix de ne pas vivre leur histoire.
Unis par ce même sentiment de solitude dans leurs mariages respectifs - elle, du fait d'un mari toujours absent, lui d'une épouse qui devenue stérile ne lui témoigne plus aucune tendresse - tous deux entameront une brève liaison qui prendra fin lorsque Bjarni refusera de tout quitter pour partir s'installer en ville avec Helga.
Bjarni détaille à Helga ses longues années de solitude, passées à contempler de loin une vie qu'il aurait pu mener et à laquelle il a renoncé pour conserver ses terres et sa passion des bêtes.


" Je te le dis du fond du coeur, ma Belle, je ne suis plus qu'une vieille bûche vermoulue et pourrie gisant sur le rivage du temps, d'où le ressac m'emportera bientôt. Et nul ne pleurera ma disparition.
C'est bien vrai ce que disaient les anciens : on devient lâche en vieillissant." p.111


Autant dire que ce n'était pas tant par amour pour sa femme (dont il fait assez peu de cas finalement) que pour son métier que Bjarni a fait le choix de renoncer à Helga.
Un choix qu'il ne regrette pas mais dont il a beaucoup souffert toute sa vie.
Peut-on parler d'une histoire d'amour manquée ? Je ne suis pas de cet avis car à part jouer à saute-moutons dans une grange, qu'ont-ils partagé si ce n'est un désir qu'on pourrait qualifier de bestial ?
Durant 130 pages, la nostalgie de Bjarni ne se décline qu'en une série de souvenirs et de fantasmes liés aux courbes d'Helga vis-à-vis desquelles il a nourri une véritable obsession (souvent assez schato d'ailleurs, ah la scène de la golden shower page 37...).

" Mais moi, je dépendais de toi. Je l'ai compris, là, à te voir dressée dans la lumière de la lucarne, blanche comme la femelle du saumon tout juste arrivée sur les hauts-fonds, embaumant l'urine et les feuilles de tabac." p.42

Dans un premier temps, j'ai beaucoup ri des propos crus de Bjarni compensés par une certaine poésie. "Expert palpeur" chargé d'évaluer la santé des brebis en vue de la reproduction, Bjarni dresse de nombreux parallèles entre son métier et ses galipettes avec Helga.
Ce qui donne lieu à des descriptions assez cocasses même si parfois répétitives.


" Quand nous avons fait l'amour, tes seins ballottaient contre le râtelier. Comme des cygnes sur la vague." p.66



"Je me suis engouffré dans la bergerie pour m'effondrer sur une botte de foin, à l'endroit où nous avions joui l'un de l'autre si peu de temps auparavant, à ce qu'il me semblait, là même où j'avais
regardé tes seins onduler contre la mangeoire comme des cygnes sur la vague." p.77


J'étais donc tour à tour amusée et un peu blasée jusqu'au moment d'arriver à une scène qui laisse transparaître toute la "contre-nature" de cet homme.
Un homme qui à partir de là ne m'apparaissait plus comme un être à la lubricité bon enfant mais comme un cinglé...
Une scène qui pour moi a complètement remis en cause toute la crédibilité des valeurs qu'il défendait et continue de défendre après coup (!) Je ne suis pas une petite nature mais tout de même, certains mots et images peuvent me donner la nausée et ce fut le cas ici.
En ouvrant "La lettre à Helga", je pensais découvrir une lettre d'amour - certes un peu crue - et non la confession d'un pervers égoïste en fin de vie.
Certains trouveront peut-être que j'exagère et que Bjarni ne saurait être résumé à cela mais que voulez-vous, certaines choses me dérangent parfois tellement que j'en oublie tout le reste...

D'autres avis : Leiloona - Stephie - Marilyne

challenge album


22 commentaires:

  1. J'en ai lu la moitié et tu attises ma curiosité pour terminer ce livre.... mais je n'aime pas trop et il va attendre un peu

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    1. Franchement, si tu n'es déjà pas emballée au bout de la moitié, ça ne risque pas de s'arranger dans la seconde :/

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  2. ah tes seins contre la mangeoire !!!! j'adoooore ! mais bon, du coup, moins tentée par le bouquin...

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    1. Oh je pense que certains passages te feraient bien rire quand même ;)

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  3. un pervers égoïste, carrément ! Je n'irais pas jusque là mais il m'a aussi bien agacée le Bjarni. Et bouh et bouh bouh, x pages de lamentations.... Cependant, j'ai bien aimé le côté rural de l'écriture, les descriptions de la nature...

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    1. Moi aussi au début mais tout cela pour moi a été "sali" par le comportement de Bjarni...

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  4. Aaah oui la scène de la golden shower ^^. J'ai aimé de bout en bout, il y avait quelque chose de complètement décalé dans tout ça, et peut-être ai-je aimé justement parce que je m'attendais à une lettre d'amour planplan, mille fois lues, et que je suis tombée sur un dingos ! ^^ Pas encore rédigé mon billet.

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  5. Nous sommes loin des premières impressions sur ce livre, que j'avais imaginé comme surtout poétique et plein d'amour ! Voilà qui remet les pendules à l'heure, je le prendrai à la bibliothèque pour voir, mais si j'ai le même ressenti que toi, j'abandonnerai ..

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  6. mes ressentis sont comme ceux de Théoma...

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    1. Oui là pour le coup je passe pour une jeune vierge effarouchée héhé

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  7. Voilà un avis qui m'intrigue au plus haut point ! Hâte de savoir dans quel camp je vais me situer !

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  8. Lors de cet évènement troublant, je me suis vraiment dit qu'il avait perdu la boule, à cause de cet amour déçu ...

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    1. En lisant ton commentaire, il m'est venu un jeu de mots de circonstance ^^ Franchement, il est surtout vachement en manque de sexe. Pas vraiment perçu d'amour dans cette histoire-là :/

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  9. Cet épisode est de trop en effet. Pour moi, c'est tout le livre qui était de trop en fait !

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  10. J'ai bien aimé et même si je me suis complètement déphasée avec Bjarni (thanks god!), je l'ai trouvé assez attachant. Je viens de le prêter à ma mère et, no offense, j'ai vraiment peur qu'elle réagisse comme toi. Le "petit" écart vers la fin, je sens qu'il ne va pas passer chez elle... Wait and see ;-)

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  11. Ah, dommage... j'ai bien envie de le découvrir mais plus ça va, plus les avis sont mitigés...

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