31 décembre 2010

Bilan Challenges 2010

L'année se terminant, le moment est venu de passer au bilan...Durant cette année 2010, je me suis inscrite à pas moins de 21 challenges (!!!) soit 13 de plus que l'an dernier (!!!)
Résultat des courses (oui parce que quand on ambitionne de venir à bout de tous ces défis, cela devient une course...) :

Du côté des challenges qui se clôturent en 2010


Challenge lancé par Saphoo
9/1






Un challenge auquel j'ai vraiment pris plaisir à participer car il m'a permis de découvrir de nouvelles plumes prometteuses telles que Victor Rizman et Hélène Grémillon.



Challenge lancé par La plume et la page
3/3




Un challenge qui aurait du me faire découvrir Herta Müller mais à laquelle j'ai finalement préféré Stefan Zweig (ai-je besoin d'en préciser les raisons? :))



Challenge lancé par Fashion
5/1





J'aime beaucoup l'enchaînement roman-adaptation cinématographique et, challenge ou non, je continuerai à publier ce genre de billets quand j'en ai l'occasion.



Challenge lancé par Pimpi
2/1



Mon billet sur "Guerre et Paix" aurait du paraître aujourd'hui mais je n'ai malheureusement pas eu assez de temps à consacrer à cette lecture. Ce n'est que partie remise car j'ai bien l'intention de lire Tolstoï (j'ai d'ailleurs acheté "Anna Karénine" il y a peu !) Affaire à suivre donc...



Challenge lancé par Karine:)
7/2




Un challenge qui m'a permis de découvrir des classiques anglais tels que "Jane Eyre" ou "Orgueils et préjugés". Je ne compte d'ailleurs pas en rester là :)



Challenge lancé par Karine:) et Caroline
2/2



Pour terminer ce challenge, il me manquait la lecture des Correspondances du bonhomme. Là encore, cela viendra !



Challenge lancé par Marie-L
20/13


Un classique à lire chaque mois durant un an, sans doute le challenge qui m'a semblé le moins contraignant étant donné que j'étais résolue à "lire des gens morts" de toute façon ( et puis c'est bien plus pratique, ils sont toujours d'accord avec le contenu de mes billets :))




Challenge lancé par Yoshi73
2/2





Je ne connaissais pas Jacques Chessex, ce challenge m'a donc permis de combler l'une de mes nombreuses lacunes !



Challenge lancé par Lecteurs compulsifs
8/6




Là encore, je sais que je continuerai à découvrir la littérature américaine, classique ou non, et en ce sens, ce challenge représentait du pain béni !



Challenge lancé par Livraddict
3/5




5 romans que j'avais prévu de lire cette année. Il me reste "La Voleuse de livres" (entamé mais pas terminé) et "Les Hauts de Hurle-Vent" dans lequel j'ai hâte de me plonger !


Challenge lancé par Fashion
1/1






THE challenge farce qui m'a non seulement permis de découvrir un vrai Harlequin et d'en parler (presque) sans honte mais qui a également donné lieu à une nouvelle de mon cru que j'ai pris beaucoup de plaisir à rédiger ! (Au fait, qui est le gagnant?)


Challenge lancé par Daniel
0/2


Mon rendez-vous manqué de 2010 mais San Antonio viendra en temps et en heure :)

Du côté des challenges à durée illimitée ou qui se clôturent en 2011




Challenge lancé par moi
13/37




J'aime toujours autant ces collections à prix mini qui permettent aux lecteurs de se faire une idée de l'univers d'un auteur. J'ai encore dans mes tablettes une vingtaine d'ouvrages qui ne demandent qu'à être lus !
(PS : le récapitulatif est à jour, enfin je crois...)




Challenge lancé par Raison et sentiments
3/13





De nombreux titres me font encore de l'oeil dans cette liste, notamment "L'homme invisible" et "Le vieil homme et la mer" !



Challenge lancé par George
1/4




Une auteure au style percutant que j'ai découvert grâce à ce challenge ! Il n'est pas impossible que je lise plusieurs de ses oeuvres d'ici le mois de mars !



Challenge lancé par Theoma
5/7



Bon nombre de vos coups de coeur figurent dans ma PAL. Je pense donc sans trop m'avancer que je dépasserai le nombre prévu :)


Challenge lancé par Choco
7/12





Je m'étais inscrite pour 3 puis pour 6 titres et voilà que ma PAL me signale que j'ai de quoi arriver à au moins 12 titres. La littérature japonaise reste encore un mystère pour moi mais je compte bien lui consacrer quelques heures de lecture supplémentaires !

Challenge lancé par Anneso
4/3-4






Un challenge que j'ai officiellement terminé mais étant donné mon affection pour le genre, je ne compte pas m'arrêter en si bon chemin !


Challenge lancé par Schlabaya
12 (+ deux biographies)/7







Il me reste "Apocalypse bébé" et "La vie extraordinaire des gens ordinaires" pour atteindre les 2%. Je pense que ce sera tout pour cette rentrée littéraire (même si il est possible que je lise le dernier Houellebecq/Nothomb/Claudel dans un avenir plus ou moins proche).


Challenge lancé par Reka
0/3






Thomas Gunzig, Nicolas Ancion, Jacqueline Harpman, Nadine Monfils, des auteurs de mon pays à (re) découvrir et à vous faire connaître !


Challenge lancé par Fashion
0/1






L'intitulé et les conditions de ce challenge m'ont tellement fait rire que je me suis résolue à m'inscrire (beaucoup de titres de ma PAL entrent dans ce challenge, ce qui ma foi tombe plutôt bien ! )

L'année 2011 promet d'être beaucoup plus calme puisque je ne compte plus participer à d'autres challenges que ceux pour lesquels je me suis déjà engagée. Les challenges sont des initiatives intéressantes dans la mesure où ils permettent de découvrir une thématique, un pays ou plusieurs oeuvres d'un même auteur.
Je ne remets donc aucunement en question leur pertinence mais bien la pression que ceux-ci peuvent exercer sur la lectrice que je suis.
Le mois passé, alors que je dressais un bilan de ce qu'il me restait à lire pour clôturer mes différents challenges, je me suis rendue compte que je n'avais pas forcément envie de lire ces titres-là tout de suite.
Loin de moi l'envie de risquer de passer à côté d'un livre faute de temps ou d'attention voire d'entacher mon plaisir de lecture pour quelques gommettes virtuelles.
Au terme de l'année écoulée, j'ai réalisé que mes habitudes de lecture avaient changé, sans cesse plus guidées par des délais supplémentaires (partenariats, lectures communes, challenges,...).
Sans aucunement renoncer à ces formes d'échanges que je trouve malgré tout fort gratifiants, je veux à présent éviter de trop me mettre sur le dos et ainsi retrouver la joie de pouvoir piocher un livre au gré de mon envie du moment. Le plaisir de lecture sans contraintes, en somme le rêve de tout lecteur :)

Je vous souhaite à tous et toutes une excellente année 2011 et des lectures qui vous feront vibrer !

Double Rêve - Arthur Schnitzler


"Double Rêve" est une nouvelle signée de l'autrichien Arthur Schnitzler. Parue en 1925, elle a largement inspiré Stanley Kubrick pour son fameux film "Eyes Wide Shut".
A Vienne, Fridolin, médecin, et Albertine, mère au foyer, forment un couple bourgeois sans histoires. Le lendemain d'un bal masqué, Albertine revient sur les événements de la soirée.
Tandis que son mari s'affichait en compagnie de deux créatures plantureuses, Albertine se voyait courtisée par un riche notable.
Tous deux grossissent volontairement les faits afin d'attiser la jalousie de l'autre. Commence alors pour l'un comme pour l'autre une véritable quête qui bouleversera leurs acquits de couple.

J'ai éprouvé d'étranges sensations en lisant cette nouvelle. Comme son nom l'indique, il est question de l'univers onirique d'un homme et d'une femme mais également de la confusion constante qui semble s'opérer entre rêve et réalité.
Suite aux révélations de son épouse, Fridolin éprouve une jalousie qu'il feint de pouvoir contenir mais qui le mènera dans les rues de Vienne, à la recherche de plaisirs auxquels il ne cèdera cependant jamais.
"Double Rêve" apparaît comme un voyage initiatique au coeur de toutes les tentations. Le lecteur suit Fridolin au gré de ses pérégrinations nocturnes, de ses fantasmes et de ses rencontres avec des femmes énigmatiques, exprimés sous la forme de monologues intérieurs.
Il pose en toile de fond la question de l'importance de la communication au sein du couple - faut-il absolument tout se dire, abolir toute forme de jardin secret au risque de blesser l'autre et de mettre en danger son couple? - comme celle de la faculté de deux êtres à pouvoir exister librement en dehors de la sphère conjugale.

" Car même s'ils s'appartenaient corps et âme, ils savaient qu'hier, et ce n'était pas la première fois, un souffle d'aventure, de liberté et de danger les avait effleurés ; pris à la fois par la crainte, le désir de se tourmenter et une déloyale curiosité, ils essayaient de soutirer à l'autre des révélations et, se rapprochant avec une certaine angoisse, chacun cherchait en soi un fait quelconque, même sans importance, un événement, même insignifiant, qui aurait pu passer pour l'expression de l'indicible et dont l'aveu honnête aurait peut-être pu les délivrer d'une tension mais aussi d'une méfiance qui commençaient à devenir insupportables." p.25

Mystère, sensualité, érotisme latent, chaque ligne joue volontairement sur une ambiguïté qui tend à balader le lecteur entre réalité et fiction. Si la langue se veut classique, le sujet lui demeure d'actualité et je ne peux que saluer la finesse de l'analyse du couple dont l'auteur a su faire preuve en regard de son époque. Son amitié avec Stefan Zweig y serait-elle pour quelque chose? :)

" Plus elle avait avancé dans son récit, plus ce qu'il avait vécu lui était apparu ridicule et dérisoire, du moins jusqu'au stade où il était allé, et il se jura de vivre toutes ces aventures jusqu'au bout, de lui en faire ensuite un récit fidèle et de prendre ainsi sa revanche sur cette femme qui, dans son rêve, s'était dévoilée telle qu'elle était, infidèle, cruelle et traîtresse, et qu'il croyait haïr en cet instant plus profondément qu'il ne l'avait jamais aimée." p.122

D'autres avis : Cachou - Val - Caro(line)

30 décembre 2010

Confessions d'un fumeur de tabac français - Roland Dubillard


Rédigé en 1974, "Confessions d'un fumeur de tabac français" est le journal tenu par l'écrivain français Roland Dubillard alors qu'il tentait de se débarrasser de son addiction à la cigarette.

Contrairement à Fabrice Valantine, héros du désormais célèbre "Fume et tue", le narrateur ne tue ici rien d'autre que le temps, notion qui, comme chaque fumeur repenti ou non le sait, s'avère des plus cruelles en période de sevrage.
Le narrateur n'en est pas à son premier coup d'essai mais cette fois-ci c'est certain, dresser la chronique de son combat quotidien le fera parvenir à ses fins !
En une petite centaine de pages, il nous dispense dès lors ses pensées présentées en vrac au fil de 14 journées qui verront se succéder la peur de faillir, la difficulté à changer ses habitudes et à se concentrer sur autre chose que sur l'abstinence, le caractère irremplaçable de cet objet pourtant si futile qu'est la cigarette, la mauvaise foi et la solitude dans laquelle le plonge cette démarche d'autant plus pénible qu'elle se doit d'être définitive pour être considérée comme réussie.

Continuer à arrêter, jour après jour, est devenu son obsession et une source d'angoisse permanente. Fumeur, il ne se posait pas de questions sur sa condition.
Mais voilà qu'il porte un regard neuf sur le monde maintenant qu'il se trouve de l'autre côté de la barrière. De nouvelles sensations olfactives apparaissent. A moins qu'il ne s'agisse en fait d'odeurs oubliées par des années de tabagisme?

" La cigarette creuse, avec son bout allumé, un terrier dans lequel il est possible d'oublier l'urgence du monde.
Il y a de la magie dans cette petite chose dont on ne parle pas. Ce soir, dans le métro, à la pensée que je n'allais pas fumer, il m'a soudain paru qu'il fallait un grand courage pour accepter le monde comme ça tout de suite. Tant qu'on accomplit cet acte futile, on se sent dispensé de vivre sérieusement, c'est-à-dire comme si on existait, comme si on était né.
Non par ses effets, mais par sa combustion même, le tabac est l'oubli, comme l'alcool." p.36

Il ne faut pas voir en ce petit opus une méthode miraculeuse pour arrêter de fumer mais le récit d'une expérience singulière.
Le narrateur s'intéresse ici au rapport étroit, intime même, qui unit le fumeur à la cigarette, objet qu'il met volontiers en parallèle avec Béatrice, cette femme tentatrice qu'il observe avec convoitise et qui représente pour lui une seconde source de frustration.

" La pipe est un objet. C'est l'adjectif possessif du tabac. Elle demeure, alors que du tabac rien ne séjourne. Elle vieillit.
Cette cigarette, l'essentiel est qu'elle soit fumée, peu importe par qui. Mais ma pipe, je la garde dans un tiroir. On prête une femme, on ne prête pas le désir qu'on a pu avoir d'elle, ni l'organe de ce désir." p.91

"
Ce n'est pas d'un vêtement qu'on manque quand on est tout nu; c'est d'un regard; qu'on le craigne ou qu'on le souhaite; qu'il soit seulement possible ou qu'il soit réel, incarné dans un oeil; ou qu'il soit rêvé.
Ainsi, ce que j'appelle ma faim cessait de se promener décemment, presque invisible, dans sa robe de fumée. Elle était nue.
" p.106

Sur base de principes philosophiques - que je n'arrivais pas toujours à suivre je l'avoue - déclinés dans une forme avant tout poétique, le propos se veut dénué de tout jugement critique et illustre parfaitement la contradiction rejet/désir qui opère en chacun de nous lorsqu'il est question de plaisir et d'addiction.

Et pour ceux qui voudraient s'essayer aux bonnes résolutions pour l'année à venir ;)




24 décembre 2010

Les Visages - Jesse Kellerman (livre audio)


Paru en 2008 aux USA et traduit en français en 2009, "Les Visages" est le troisième roman de l'écrivain américain Jesse Kellerman.

Ethan Muller, 32 ans, tient une galerie d'art à Chelsea. Lorsque Tony, le bras droit de son père, lui propose de se déplacer pour venir admirer les dessins d'un artiste, Ethan commence par refuser compte tenu des liens ténus qu'il entretient avec son père.
Finalement, intrigué, il monte dans un taxi pour rejoindre Tony dans un appartement lugubre situé dans le Queens.
Sur place, il découvre plusieurs centaines de boîtes remplies de dessins numérotés représentant des visages d'enfants d'un réalisme troublant.
L'artiste, Victor Cracke, a disparu mais malgré le succès de son exposition, Ethan n'est pas décidé à en rester là.
Aidé d'un inspecteur à la retraite et de sa fille, il découvre que ces dessins évoquent trait pour trait plusieurs enfants assassinés bien des années plus tôt.
Mais où se cache donc Victor Cracke?

"Les Visages" était ma première expérience avec le livre audio et, je ne sais si cela tient à la spécificité dudit format ou à la densité de cette histoire, mais ce premier essai fut pour moi assez laborieux.
Le boîtier annonçait une durée totale de 14h. J'avais donc prévu une écoute étalée sur une semaine, à raison de 2h par jour. Que nenni !
Confortablement installée dans mon canapé, j'entamais ma première heure d'écoute.
Tandis que je me laissais happer par la voix du narrateur, j'ai rapidement cherché quoi faire de mes petites mains, chose que je n'arrivais pas vraiment à m'expliquer étant donné que ce genre de souci ne se pose pas lorsque je regarde un film.
La position de lectrice écoutant une histoire par l'intermédiaire d'un lecteur expose à une certaine passivité au sens où il n'y a pas d'"effort de lecture" comme c'est le cas lorsqu'il nous faut identifier chaque mot dans un livre papier.
Bref, au bout d'une heure, je lâchais l'affaire pour retourner à mon traditionnel objet "Guttenberg" comme dirait l'autre.
Ce roman a donc malheureusement fait l'objet d'une écoute saccadée et, en y pensant, je me dis que la (trop lente) progression de l'histoire a certainement joué un rôle dans ce découragement.
Je renouvellerai toutefois l'expérience, sans doute avec un livre plus court.

"Les Visages" apparaît comme la confession d'Ethan Muller, un trentenaire ressenti comme narcissique et cynique, du genre à porter un regard critique sur tout et sur tout le monde.
Etant donné que la narration se fait dans un style oral mené à la 1ère personne, j'ai trouvé qu'en ce sens le roman se prêtait plutôt bien à l'écoute.
Si au départ il est question d'une enquête, j'ai eu tendance à oublier cet aspect de l'histoire tant ce que je pensais être des digressions fusaient de toutes parts.
Plusieurs interludes interviennent dans le récit au point que je qualifierais aussi (et surtout) ce roman de saga familiale.
En effet, il est grandement question de la famille Muller et des ancêtres d'Ethan. Déconcertée au départ, je me demandais ce qui pouvait motiver l'auteur à dresser ses ponts généalogiques.
J'ai ensuite compris en quoi ils étaient liés à l'affaire qui occupait Ethan.
Mais je ne développerai pas cet aspect de l'histoire au risque de vous dévoiler le fil de l'intrigue.

Le lecteur suit donc Ethan dans son enquête qui va de pair avec une quête identitaire. Outre deux femmes qui lui causent bien des soucis, la vie d'Ethan semble être guidée par deux choses : la haine de son père et l'art, particulièrement celui de Victor Cracke vis-à-vis duquel il nourrit une véritable obsession.
Il n'est d'ailleurs pas rare qu'Ethan exprime son avis sur ce que devrait ou non être l'art en évoquant des personnalités telles que Duchamp ou Borgès et qu'il soulève toute la superficialité du milieu mondain dans lequel il évolue, un monde au sein duquel l'art se veut davantage perçu pour ce qu'il représente (financièrement) que pour ce qu'il est.

Mais l'enquête dans tout ça? Qu'en est-il de Victor Cracke, de ses dessins et des enfants assassinés? C'est justement là que le bat blesse selon moi.
J'ai trouvé la progression de l'enquête beaucoup trop lente, ennuyée que j'étais par les propos d'Ethan qui soulevaient davantage de nouvelles questions qu'ils n'apportaient de réponses.
A croire que le narrateur - Ethan -(et l'auteur) semblait trouver un malin plaisir à tirer cette histoire en longueur pour pouvoir monopoliser l'attention du lecteur le plus longtemps possible, ce qui concorde finalement assez bien avec l'égocentrisme d'Ethan.

J'ai trouvé l'écriture de Jesse Kellerman particulièrement soignée et précise (parfois un peu trop!), j'ai aimé le portrait de Victor Cracke ainsi que les considérations sur l'art en général mais mon enthousiasme s'est vu freiné par l'extrême lenteur de l'enquête. Dommage...

Plein d'autres avis chez BOB !

MERCI à de m'avoir offert ce livre !

22 décembre 2010

La pluie, avant qu'elle tombe - Jonathan Coe


Après plusieurs romans tels que le célèbre "Testament à l'anglaise" ou encore "La maison du sommeil", "La pluie, avant qu'elle tombe" est le 8ème et dernier roman en date, paru en 2007 et traduit en français en 2009, de l'écrivain britannique Jonathan Coe.

Suite à la mort de sa tante Rosamond, Gill retourne dans le Shropshire pour assister aux funérailles et vider la maison.
Alors qu'elle pénètre les lieux, elle tombe sur des albums photo ainsi que sur plusieurs cassettes enregistrées par Rosamond peu avant son décès. Une note figure sur l'un des boîtiers : " Gill, Ces cassettes sont pour Imogen. Si tu ne la retrouves pas, écoute-les toi-même".
Imogen, la petite fille aveugle que Gill avait croisé autrefois, est introuvable. Aussi Gill entreprend-t-elle d'écouter les enregistrements qui renferment 20 descriptions réalisées à partir d'anciennes photos et qui en disent long sur le passé des uns et des autres...

Je ne connaissais Jonathan Coe que de nom mais, en voyant les avis postés ici et là sur ce roman, j'avais hâte de faire connaissance avec cet auteur !
"La pluie, avant qu'elle tombe" constitue le testament de Rosamond légué à la petite Imogen.
J'ai beaucoup aimé le schéma narratif de ce roman. Etant donné qu'il est question de 20 photos ni plus ni moins, le chapitrage s'est imposé naturellement. Le récit n'en est pas pour autant linéaire car si les anecdotes se suivent, elles ne se ressemblent guère.
Bien sûr au départ, il est question pour Rosamond de décrire de son mieux les différents éléments qui composent la photo, l'occasion pour l'auteur de convoquer des images d'une infime précision et qui donnent assurément un certain relief au récit.
Les détails fournis par Rosamond n'ont rien d'anodin et concourent à dresser l'envers du décor, les différents niveaux de lecture de chaque photo pour soulever le climat glacial dans lequel baignent les différents personnages.
Les propos de Rosamond se révèlent teintés d'une mélancolie qui n'échappe pas à un certain cynisme, rien de plus normal lorsque l'on connaît les tenants et aboutissants de cette histoire traversée par 3 générations de femmes à qui le manque d'amour maternel fait cruellement défaut.
Mal aimées, irresponsables, lunatiques, toutes ont choisi de préférer un homme à leur propre enfant, pour s'en mordre les doigts, malheureusement trop tard, et céder la place à la suivante.
Et au milieu du jeu de quilles, Rosamond, cette femme qui essaiera toute sa vie de réparer les pots cassés, toujours à la recherche d'affection, et se voudra systématiquement mal reçue et manipulée. Une femme restée malgré tout sentimentale et à laquelle on ne peut que s'attacher.

J'ai été soufflée par la faculté de l'auteur à s'emparer d'un sujet aussi...féminin jusque dans sa sphère la plus intime, un don que je n'avais jusque là constaté que chez Stefan Zweig.
On sent également chez Jonathan Coe un goût accru pour le déterminisme dans cette façon de présenter ces différents destins comme liés par un sort indéfectible.
Dans la mesure où cette fatalité s'avère être le fil conducteur de l'histoire, cela ne m'a pas dérangée outre mesure sauf - et c'est là le seul bémol de ce roman selon moi - à la toute fin de l'histoire où il est question d'une énième coïncidence (ceux/celles qui l'ont lu se souviendront de l'épisode du chien !) que j'ai trouvée beaucoup trop grosse et qui selon moi était superflue.

Ce petit bémol mis à part, j'ai vraiment été enchantée par cette lecture !

" Je revois Thea fronçant les sourcils en méditant ces paroles, et puis elle a proclamé : "Eh bien moi, j'aime la pluie avant qu'elle tombe." Rebecca s'est contentée de sourire, mais moi j'ai répliqué (de façon assez pédante, je suppose) : "Tu sais, ma chérie, avant qu'elle tombe, ce n'est pas vraiment de la pluie. - Qu'est-ce que c'est alors?" Et j'ai expliqué : " C'est de l'humidité, rien de plus. De l'humidité dans les nuages." Thea a baissé les yeux et s'est de nouveau affairée à trier les galets de la plage : elle en a ramassé deux et s'est mise à les frapper l'un contre l'autre.
Elle semblait trouver plaisir à ce bruit et à ce contact. J'ai continué : "Tu comprends, ça n'existe pas, la pluie, avant qu'elle tombe, sinon ça n'est pas de la pluie."
C'était un peu ridicule de vouloir expliquer ça à une enfant, et je regrettais de m'être lancée là-dedans. Mais Thea ne semblait avoir aucun mal à saisir ce concept - bien au contraire : au bout de quelques instants, elle m'a regardée avec pitié en secouant la tête, comme si c'était éprouvant pour elle de discuter de ces matières avec quelqu'un d'aussi obtus.
" Bien sûr que ça n'existe pas, elle a dit. C'est bien pour ça que c'est ma préférée. Une chose n'a pas besoin d'exister pour rendre les gens heureux, pas vrai?"
Et puis elle a couru dans l'eau avec un sourire jusqu'aux oreilles, ravie que sa logique lui ait valu une si insolente victoire." p.164

"La pluie, avant qu'elle tombe" était une lecture commune avec Liliba que je remercie de m'avoir attendue et dont je file découvrir le billet.
Merci à Choco pour ce cadeau offert à Bruxelles :)

D'autres avis chez BOB !

30 novembre 2010

Easter parade - Richard Yates


"Easter parade" est un roman publié aux USA en 1976 et traduit cette année en français.
Son auteur, Richard Yates, est particulièrement connu pour son premier roman "Revolutionary Road" ("La fenêtre panoramique" en français) dont l'adaptation cinématographique ( "Les Noces rebelles") fut réalisée par Sam Mendes en 2008.

1930. Les parents des soeurs Grimes divorcent et les deux petites filles, Sarah (9 ans) et Emily (4 ans) partent vivre avec leur mère, Pookie, à Tenafly tandis que leur père continue de travailler à New-York en tant que préparateur de copie pour le Sun.
Trimbalées aux 4 coins des USA au gré des caprices d'une mère instable et rêveuse, elles finissent par s'établir à New-York où Sarah s'éprend du fils des voisins, Tony Wilson, qu'elle finit par épouser.
Emily obtient quant à elle une bourse pour aller étudier la littérature anglaise à Barnard.
Tandis que l'aînée se cantonne à son rôle de mère de famille, la cadette prend la tangente. Electron libre passant d'un homme et d'un boulot à un autre, elle n'en est pas plus heureuse pour autant...

" Aucune des deux soeurs Grimes ne serait heureuse dans la vie, et à regarder en arrière, il apparaît que les ennuis commencèrent avec le divorce de leurs parents."

Le moins qu'on puisse dire c'est que l'auteur annonce le ton du récit dès la première ligne.
"Easter Parade" évoque les destins croisés de deux soeurs que tout oppose. Alors que l'une a choisi de mener une vie à la campagne, entourée de ses enfants et d'un mari alcoolique à la main légère, l'autre accumule les rencontres et les boulots éphémères sans vraiment se poser de questions.
Emily qui a toujours été jalouse de son aînée en raison de sa relation privilégiée avec leur père comme avec celui qui deviendra son beau-frère, porte un regard à la fois dur et amusé sur sa soeur dont elle critique le manque de culture.
Au delà du fossé intellectuel qui les sépare, les deux soeurs ne sont pas vraiment liées par des liens affectifs. Emily fait en sorte de rester éloignée de sa soeur comme de sa mère, deux femmes portées sur l'alcool qu'elle n'estime pas dignes d'intérêt.
Aussi se contente-t-elle de se manifester qu'en cas d'extrême d'urgence, lorsque l'une ou l'autre nécessite son aide, plus par devoir filial et pour avoir la conscience tranquille que par réelle sollicitude.

" - Qu'est-ce que tu en penses? demanda Emily à Howard, quand il eut lu la lettre.

- Qu'est-ce que tu veux que j'en pense? C'est une petite lettre enjouée, voilà tout.

- Mais justement, Howard, elle est trop enjouée.
En dehors de sa référence à ses cheveux qui repoussent, on croirait la femme au foyer la plus heureuse et la plus satisfaite du monde.

- Peut-être que c'est ainsi qu'elle aime s'imaginer.

- Hum, mais le fait est que je sais ce qu'il en est, et qu'elle sait que je sais ce qu'il en est.

- Allons bon, dit Howard, en se levant de son fauteuil pour faire quelques pas impatients dans la pièce. Qu'est-ce que tu attends d'elle? Tu veux qu'elle t'ouvre son coeur toutes les cinq minutes? Qu'elle te dise combien de fois il l'a battue ce mois-ci? Et, quand elle le fera, tu diras que tu ne "veux pas qu'elle plombe ta vie". Tu es une drôle de fille, Emily." p.204

Autour d'elles gravitent des hommes qui ne sont guère mieux lotis. Lâches, violents, alcooliques, ils semblent être passés à côté de leur vie, s'apitoient sur leur sort et s'en prennent souvent à leurs compagnes à défaut de pointer leurs propres erreurs.

Difficile de m'attacher à ces personnages tant leur comportement me poussait à me maintenir à distance, à l'image de l'indifférence qu'adopte Emily vis-à-vis de sa famille.
Comme dans "les Noces rebelles" (attention, n'ayant pas lu le roman je ne me base que sur le film), Richard Yates brosse le portrait d'individus qui aspirent à un idéal qu'ils n'atteindront jamais. Qu'il s'agisse d'Emily qui se complait dans l'anticonformisme et assouvit son désir d'indépendance ou de Sarah qui au contraire de sa soeur se plie aux conventions sociales et tente de préserver sa vie de famille coûte que coûte, l'auteur semble vouloir démontrer par le biais de ses personnages antithétiques que, dans un cas comme dans l'autre, le bonheur n'est pas forcément au rendez-vous.
Mais, à la différence de "Les Noces rebelles", j'ai trouvé cette histoire un peu trop "mou du genou". Les personnages côtoyés ici se laissent passivement happer par leurs désillusions, ne manifestant que peu de volonté à s'en sortir, partant à la dérive pour finalement sombrer dans l'alcool.
Sans jamais verser dans le misérabilisme, l'auteur adopte un ton acerbe frisant souvent l'ironie et qui laisse au final un goût amer dans la bouche. Même si je ne regrette en rien cette lecture, je conseillerais de l'éviter en cas de baisse de moral tant le paysage de cette Amérique d'après-guerre et les personnages qui l'habitent se révèlent peu reluisants.

D'autres avis : Sabbio - Jostein - Amanda Meyre

Un grand MERCI à et aux de m'avoir offert ce livre!

26 novembre 2010

Votre mort nous appartient - Antoine Lencou


"Votre mort nous appartient" est une nouvelle publiée en 2009 et signée de l'écrivain français Antoine Lencou.
Roïn Venkoo est un homme mal dans sa peau et dans son époque. Marié à Olcéana Xinava, une créatrice de mode fantasque et égocentrique, il mène une vie sans plaisir dans ce monde cloisonné où les hommes servis par des machines et des androïdes restent confinés chez eux, travaillant à domicile et communiquant majoritairement par l'intermédiaire de réseaux de communication. Les religions ont disparu sous le poids de la promesse d'une vie éternelle et depuis que le Forum Féminin Familial désapprouve la grossesse, le taux de natalité est en chute.
Aliéné par cette société régie par une virtualité permanente, Roïn décide d'introduire une requête auprès du Service des Suicidés.
Mais son désir d'en finir avec la vie se heurte à une administration peu compatissante qui ne lui accorde un rendez-vous que dans 6 mois.
" Vous n'imaginez pas la quantité de dérogations nécessaires à l'obtention d'un permis de suicide, la prise en charge de l'euthanasie et le remplacement de votre poste vacant. Sans compter que les services d'enregistrement des décès sont complètement surchargés avec la nouvelle loi sur la classification et l'évaluation des âmes sauvegardées sur support holographique." p.9

Or Roïn n'en peut plus d'attendre et décide de se jeter du haut d'un immeuble.
A son réveil, il se rend compte qu'il a survécu et qu'il est sur le point de connaître sa sentence pour avoir outrepassé la loi. Le juge fait annuler sa demande de suicide pour une durée de 107 ans et l'oblige à intégrer l'administration.

" Il avait surtout oublié que la société, sa société, ne pouvait tolérer un décès qui n'entrait pas dans ses préceptes de vie. Elle l'avait donc ressuscité, et ses interrogations de son vivant laissaient place à des craintes sur son après-mort. Qui était-il devenu? Comment? Dans quelles conditions? Chaque cellule de ses chairs, chaque pore de sa peau, chaque pensée de sa conscience lui posaient tous la seule et même question : suis-je encore moi-même? Nul - et surtout pas lui - ne pouvait l'affirmer. Il en souffrait le martyre." p.37

Roïn choisit d'être affecté à l'Administration des Défunts. Bien que les décès surviennent encore, les âmes sont conservées sur support magnétique et peuvent être réimplantées dans un corps si besoin est. La mission de Roïn consiste à repérer les doublons et à les effacer.
Mais au bout de quelques jours, le jeune homme constate une faille dans le système...
" Décidément, il ne comprenait pas sa société, ses aspirations et ses desseins. Sans doute, ces enregistrements étaient à l'origine de son propre devenir. La technologie et la médecine de son époque les avaient transformés en une arme contre la mort, et la plupart de ses concitoyens, sinon la totalité, voyaient en eux le progrès ultime, définitif. Mais à quel prix? Celui de leur avilissement." p.57

Découpé en 25 chapitres courts, "Votre mort nous appartient" nous plonge dès les premières lignes dans un univers aux accents futuristes, lisse et aseptisé, au sein duquel les technologies régissent les rapports entre les êtres humains.
Portés par un individualisme exacerbé, les hommes vivent en autarcie dans des appartements minimalistes mais modulables à souhait et qui contiennent tout ce qui est nécessaire à une vie d'assisté. Qui ne rêverait pas de se faire masser par un coussin qui lui tend les bras ou de se voir offrir n'importe quel rafraîchissement par sa table de salon?
A l'évidence plus humain que les autres individus de son espèce, Roïn est un incompris, une âme sensible et réfléchie à qui cette oisiveté ne suffit pas. Contrairement aux autres, il aime se rendre au travail et prendre l'air pour admirer le monde extérieur.
C'est pourtant depuis son salon que Roïn devra s'en remettre à une table espionne et un coussin hacker pour mener l'enquête et prouver la faillibilité du système en place, un système qui a fait de la mort son fond de commerce.

" L'avenir appartient à ceux qui savent l'anticiper." p.19

Même si au cours de ma lecture, j'ai ressenti comme un goût de déjà lu/vu (je pense notamment aux oeuvres d'Orwell et de Wells, le tout baignant dans une absurdité toute kafkaïenne), j'ai trouvé l'intrigue cohérente et les personnages fort bien brossés et surtout, j'ai pris plaisir à voir les dérives de notre société (surpopulation, pollution, rentabilité maximum, mécanisation croissante des services, invasion du virtuel,...) soumises à l'imagination et à la plume vive et souvent drôle d'Antoine Lencou !

MERCI à et à de m'avoir offert ce livre !


16 novembre 2010

Le réprouvé - Mikaël Hirsch


Paru le 19 août, "Le réprouvé" est le second roman, après "OMIcRON", de Mikaël Hirsch.
Saint-Germain-des-Prés, 1954. Jean Giono s'apprête à succéder à Colette à l'Académie Goncourt, Simone de Beauvoir est en passe de gagner le prestigieux prix du même nom et pendant ce temps, Gérard Cohen, coursier chez Gallimard, doit se rendre comme toutes les semaines chez le docteur Destouches alias Louis-Ferdinand Céline pour lui remettre quelques plis.
Mais au lieu d'emprunter la route qui mène à Meudon, Gérard flâne et se perd dans un monde où se confondent réalité, souvenirs et rêveries...

" Comme son nom l'indique, le Milieu se trouve au centre. Il ne touche pas les bords, évite soigneusement tout contact avec la périphérie. La force centrifuge est sa seule angoisse.
Lorsqu'il s'éparpille, ce n'est que pour mieux occuper le terrain disponible. Episodiquement, il se regroupe alors en un point géographique qui, l'espace d'un instant, devient l'épicentre du microcosme." p.16

"Le réprouvé" ou le récit d'une journée dans les coulisses du milieu de l'édition.
Un milieu que Gérard, narrateur, connaît bien puisqu'il y a grandi et qu'il y travaille grâce à l'appui de son père. Le jeune homme traverse une crise identitaire liée à sa réticence à rentrer dans le moule comme à la question de ses origines juives, origines qu'il peine à s'approprier dans cette France opulente d'après-guerre où l'on se doit de tout afficher noir sur blanc.

" D'où vient qu'on me demande en permanence de commenter ma nature? C'est le problème du verre à moitié vide. Tout est une question de point de vue. Si ma mère était juive, je pourrais être le pire des mécréants sans qu'il y ait pour autant la moindre ambiguïté.
En conséquence, je le serais toujours trop pour ceux qui ne le sont pas du tout et jamais assez pour ceux qui le sont tout à fait.
J'ai passé la première partie de ma vie à m'excuser auprès des uns et la seconde à me justifier auprès des autres." p.51

Gérard revient sur les événements ayant profondément marqué sa jeunesse, des souvenirs principalement liés à l'exode durant lequel il s'est mis en danger plusieurs fois et qui trouvent bien souvent une résonance dans ses préoccupations actuelles.
Il évoque également sa rencontre avec l'écrivain Céline, le "théoricien de la haine" qui lui rappelle son malaise vis-à-vis de ses origines et exerce sur lui une étrange sensation formée par un mélange de fascination et de dégoût.

" C'est un homme défait, au sens où les hommes passent une moitié de leur vie à se bâtir et l'autre à tout démonter. Le type est à l'image de sa cage à poules. C'est un projet abandonné, ou plutôt un édifice frappé par la foudre. Ses cheveux poivre et sel sont tirés en arrière.
Des sillons parallèles marquent son front. Il porte une succession de frusques empilées comme les couches d'un oignon, chandail tricoté, gilet de laine et pour finir une veste de berger en peau de mouton retournée. " p.150

Autant le dire tout de suite, j'ai eu un vrai coup de coeur pour ce roman ! J'ai aimé entrer dans la peau de ce personnage coincé entre deux étiquettes, partager la colère et les doutes de cet homme qui peine à donner une direction à sa propre existence.
J'ai découvert une écriture soignée, enrichie de mots que l'on sent savamment choisis (à défaut d'être pesés) et de détails qui loin d'alourdir le récit contribuent à rendre compte d'un milieu souvent admiré de l'extérieur mais décidément peu reluisant si l'on en croit l'auteur.

" La rivalité est un jeu qui nous stimule et nous déride tous. C'est une guerre de positions à laquelle nous jouons dans un périmètre restreint, un champ de manoeuvre débordant sur deux arrondissements tout au plus.
Chacun place ses pions, intrigue, rivalise de publicité et d'esbroufe. Avec l'ami Giono au coeur de la machine à médailles, l'avenir de Gallimard semble maintenant assuré pour les années à venir. C'est qu'il nous les faut ces récompenses en chocolat, ces satisfecit absurdes. Le monde fonctionne comme ça, notre monde dérisoire que l'on croit universel et qui nous obsède à longueur d'années. Triste consolation." p.114

D'autres avis : Mango - Cogito Rebello - Sylire - Aifelle - Clara - Stephie - Pimprenelle - Daniel Fattore

MERCI à de m'avoir offert ce livre !

15 novembre 2010

Tag Relais de l'amitié

Taguée par Clara et Mango, il m'a fallu fouiller dans mes lointains souvenirs pour répondre aux questions.


1) Quand vous étiez petit(e), que répondiez-vous à la question " Et toi, que veux-tu faire quand tu seras plus grand(e)?"

Si mes souvenirs sont bons, le premier métier auquel j'avais pensé était hôtesse de l'air...A croire que l'idée de parler plusieurs langues tout en voyageant et en me gavant de sandwiches à moitié congelés me plaisait bien.
Il semblerait que j'ai changé d'avis quand mes parents m'ont expliqué que je ne verrais pas grand chose du pays, que ma pratique des langues se limiterait à " thé, thee, tea, café, coffie, coffee" et que mon job consisterait principalement à mouliner des bras durant les 5 premières minutes de vol.
Je sais que j'ai connu une brève phase durant laquelle je voulais être chanteuse (sosie d'Edith Piaf plus exactement, oui riez...). Je m'entraînais d'ailleurs avec assiduité sur ma chaîne karaoké.
Hum bref...après ça j'ai rêvé d'être écrivain et quelque part, j'ai toujours gardé mon âme d'enfant...

2) Quels ont été vos bd's et dessins animés préférés?

Je crois que j'ai du lire tous les Tintin, les (Petit) Spirou et les Bob et Bobette. Après je suis passée aux Agatha Christie jusqu'à l'overdose (raison pour laquelle je suis incapable d'en lire à l'heure actuelle).
Du côté des dessins animés, il y a eu "Denver le dernier Dinosaure" ( "c'est mon ami et bien plus encore, Denver le dernier dinosaure, vient d'un monde jamais vuuuuuuu encore!"), les Snorky, Mimi Cracra, les Chevaliers du Zodiaque, Goldorak (ah Daktarus !) et bien entendu Boumbo dont je connais encore le générique par coeur...



3) Quels ont été vos jeux préférés?

Je jouais surtout au Monopoly ( je ne pouvais jamais m'empêcher de tricher quand j'y jouais seulement avec mon frère, il n'a jamais compris pourquoi je tenais toujours absolument à faire la banque...).
En bonne petite fille que j'étais, j'avais aussi un "Shopping Folies" et un "Dessinons la mode" qui loin de susciter une vocation chez moi a cédé la place au "Dessiner c'est gagné", un genre de Pictionnary (qui n'a pas non plus réussi à initier un quelconque talent...).
Je jouais aussi beaucoup aux "Mystères de Pékin" (variante asiatique du "Cluedo") et à "Stratego" (où je trichais aussi en changeant mon drapeau de place alors que c'était interdit...) et j'adorais aussi "Atmosfear" !

4) Quel a été votre meilleur anniversaire et pourquoi?

Celui de mes 25 ans ! Une petite fête surprise cosy entre gens drôles et deux tonnes de nourriture préparée par ma petite maman :)

5) Qu'est-ce que vous auriez absolument voulu faire que vous n'avez pas encore fait?

La liste est longue...Voyager! Ca fait tellement longtemps que je n'ai pas décollé les pieds de chez moi que je ne suis pas difficile pour ce qui est de la destination (toute proposition monétaire est bien entendue la bienvenue). Du moment que le trajet ne se fait pas en bateau. Même une croisière grand luxe sur un énorme yacht où l'on ne ressent (soi-disant) pas le mal de mer, merci mais non merci. En revanche, pour le tour du monde en Orient-Express, je suis preneuse !
Manger dans un resto étoilé juste pour pouvoir dire que "leur réputation est vraiment surfaite", sauter à l'élastique (mais je sens que je manquerais de courage/pensées suicidaires au moment fatidique), avoir les cheveux très longs (il y a toujours un moment où les ciseaux me démangent), nager avec des dauphins (oui vous pouvez glousser mais n'empêche que bon voilà, j'aimerais bien), racheter une vieille bicoque (au bord de la mer si possible) et la rafistoler complètement moi-même (bon pour la bibliothèque en mezzanine, je devrais peut-être solliciter une aide...).
Finalement pour réaliser tout ça, j'aimerais absolument gagner à l'Euromillions !
Evidemment, il y a aussi un rêve dont j'ai déjà parlé à la question 1...

6) Quel était votre premier sport préféré?

Ben mince...je crois bien que c'était le foot... Mon frère a joué en club et je me souviens d'un match mémorable post-remise de trophées. J'étais la seule fille et je tacklais beaucoup...(toujours ce côté triche qui revient ^^).
Encore aujourd'hui, j'irais bien jouer à la ba-balle dans un parc. Par contre, pas question pour moi de regarder le foot à la télé, aucun sport d'ailleurs. Ca m'ennuie terriblement (mais la palme revient selon moi au cyclisme voire à la formule 1). De toute façon je n'ai pas la télé donc le problème est réglé...

7) Quelle était votre première idole de musique?

Je crois que ça a d'abord du être Chantal Goya puis Edith Piaf, ensuite il y a eu Whitney Houston. Le premier cd que j'ai reçu était le Hit Box 90 (que j'ai toujours) .
Mince, j'avais seulement 8 ans et à l'époque on écoutait ça.




8) Quel est le plus beau cadeau de Noël (ou équivalent) que vous ayez reçu?

Pas de souvenirs plus mémorables que d'autres mais je sais que j'ai été gâtée de nombreuses fois. En revanche, je me souviens du pire cadeau reçu pour Noël. Une mandarine offerte par une infirmière pendant un séjour à l'hôpital durant les fêtes, mandarine qu'elle s'est empressée de me retirer des mains 2min plus tard lorsqu'elle s'est souvenue que je ne pouvais rien manger...
Arghhhh...

Je dédie ce tag à Reka (parce qu'elle aime ça^^), Choco (idem^^), George (idem^^), Restling (même si elle y répondra l'an prochain^^) et tous ceux qui le veulent ou que je n'ai pas désigné parce qu'ils y ont déjà répondu ;)



11 novembre 2010

Une éducation américaine - Barry Gifford


Paru le 8 septembre, "Une éducation américaine" est un roman de Barry Gifford, écrivain et scénariste américain particulièrement connu pour avoir écrit la série "Sailor and Lula" ainsi que le scénario de "Lost Highway", tous deux adaptés à l'écran par David Lynch.

"Une éducation américaine" retrace le parcours de Roy, de ses 5 à ses 18 ans. Seul ou accompagné de quelques amis, si le jeune garçon ne peut compter sur ses parents toujours absents, il multiplie les rencontres et les petits boulots dans ce Chicago des années 50 où la criminalité des uns côtoie l'indifférence des autres.
Fan de sport et de cinéma, fervent lecteur de Joseph Conrad, il traverse la vie et trouve réponses à ses questions par ses propres moyens, là où il peut.

Présenté ainsi, "Une éducation américaine" laisse croire à un roman relatant les aventures de Roy au fil des âges, roman qui pourrait être qualifié d'initiatique au sens où le jeune homme, livré à lui-même, apprend la rudesse de la vie et franchit ses étapes au gré de rencontres et d'expériences qui sortent de l'ordinaire.
Or la découpe en 69 chapitres courts, l'alternance aléatoire entre focalisations interne et externe et les nombreuses incohérences dans les âges et la situation familiale de Roy donnent à penser qu'"Une éducation américaine" pourrait être un recueil rassemblant autant d'anecdotes qui par l'entremise d'un personnage unique permettent d'aborder des thèmes graves comme la mort, la criminalité, la solitude, la corruption, le racisme, l'injustice ou encore la religion.
Dans Mon catéchisme, Roy se fait exclure de l'école du dimanche à cause d'une simple question.

" - Ma soeur, pourquoi Dieu a-t-il fait tout cela?

- Pourquoi Dieu a fait tout cela? répéta-t-elle.

- Tous ces trucs.

- Vous n'existeriez pas, ni Peter, ni Paul, ni son fils unique, s'il ne nous avait pas créés, répondit soeur Margaret Mary.

- Je sais bien, ma soeur, mais pour quoi faire? Je veux dire : quel intérêt avait-il à tout cela?

Soeur Margaret Mary me fixa pendant un long moment, et pour la première et unique fois je pus discerner des traces de couleur sur son visage. Puis elle détourna son attention de moi et continua comme si ma question ne méritait pas plus ample réponse." p.42

J'ai vraiment accroché aux premiers chapitres mais au fil de ma lecture, j'ai senti poindre en moi une certaine forme d'ennui.
Au chapitre suivant, j'étais pratiquement certaine d'assister à un fait divers concernant un personnage à l'histoire un peu étrange comme un boxeur ou un joueur de bowling unijambiste affublé d'un surnom comme l'auteur sait les donner (le Sultan, la Vipère, le Bras, le Calme,...).
Une énième anecdote sur Roy souvent agrémentée d'une pointe de sport ou de cinéma et laquelle se clôture par une fin en eau de boudin ou une conclusion faussement légère censée interpeller le lecteur sur la gravité des thèmes abordés.
J'ai également trouvé que les dessins enfantins, comme croqués sur le vif, illustrant les chapitres de la seconde partie n'ajoutaient rien au récit si ce n'est une pagination plus touffue.

J'ai bien saisi que l'auteur souhaitait dresser une fresque de ce Chicago des années 50 en éclairant le lecteur quant à la difficulté de se faire sa propre éducation dans un milieu où règne l'indifférence générale.
Une indifférence qui va jusqu'à s'emparer de Roy mais qui a également réussi à me contaminer, tant le recours aux mêmes procédés a fini par me lasser sur la longueur.

" Plus tard cette nuit-là, une fois que Roy fut rentré du travail et eut regardé les informations à la télévision, il repensa à ce que la fille lui avait affirmé : l'assassinat du Président était la pire chose qui lui fût jamais arrivée, même si ce n'était pas elle qui avait été tuée.
Roy en conclut que quand les choses vont mal, les gens sont traumatisés de découvrir à quel point ils manquent de maîtrise sur les événements.
Peut-être que désormais la fille avait compris combien l'ordre apparent du monde était fragile.
Mais Roy préférait se rappeler combien elle était jolie et comme c'était bon de la serrer dans ses bras." p.123

D'autres avis : Choco - Amanda Meyre - Mobylivres


MERCI à et à de m'avoir offert ce livre !

9 novembre 2010

Tag des 15 auteurs

Taguée par Sandrine et Val, voici les 15 noms d'auteurs qui me sont venus spontanément en 2min (en théorie j'avais 15min devant moi).

- Louis-Ferdinand Céline (je vais bientôt lire un roman qui parle de lui)
- Barry Gifford (lecture du moment, billet demain si tout va bien)
- Aki Shimazaki (dernière lecture, ouf)
- Margaret Atwood (lecture en cours aussi pour le prix QD9 et je l'adore!)
- Jane Austen (je meurs d'envie de lire enfin "Persuasion")
- Edith Wharton (je viens d'acquérir "Chez les Heureux du monde" accompagné du dvd)
- Stefan Zweig (mon chouchou auquel je ne consacre pas assez de temps, sorry Stefan)
- Joyce Carol Oates ( je suis censée lire "Zarbie les yeux verts" ce mois-ci pour le challenge de George)
- Amélie Nothomb ( lira, lira pas la cuvée 2010?)
- Virginie Despentes ( auteure détestée et adorée, "Apocalypse bébé" devrait m'aider à trancher)
- Michel Houellebecq ( le buzz du moment, auteur toujours pas lu et le Goncourt ne va pas accélérer les choses)
- Emily Brontë (mon auteure classique du mois)
- Nicolas Ancion ( quitte à lire du belge, j'aime autant que ce soit lui)
- Richard Yates ( prévu pour ce mois-ci, merci BOB)
- Ian Mc Ewan ( passage obligé lors de ma prochaine virée en librairie, la faute à Manu entre autres ^^)

Et comme il s'agit ensuite de refiler ce tag à 15 personnes, voici les noms : Daniel - Manu - Choco - Liliba - Cécile QD9 - Lili Galipette - Reka - L'Ogresse - Hathaway - Aifelle - A girl from earth - La plume et la page - Alex - Pascale - Emilie.

Enjoy :)

Hotaru - Aki Shimazaki

Cinquième et dernier tome de la pentalogie "Le poids des secrets" (rappel des précédents billets : tome 1 - tome 2 - tome 3 - tome 4), "Hotaru" (luciole en japonais) évoque les confidences de Mariko Takahashi, alors âgée de 84 ans, à sa petite-fille Tsubaki.
Afin de lui éviter le même destin qu'elle, Mariko lui dévoile le secret qu'abrita sa vie, un pan de son histoire qui commença à la saison des lucioles...

"J'ai appris quelque part, dans un livre scientifique, qu'il y a des lucioles qui clignotent à l'unisson, et même à un certain rythme. C'est comme un orchestre sans chef. Cette synchronisation était un mystère jusqu'à récemment, les gens pensaient qu'elle se produisait accidentellement. En fait, d'après le livre, le mécanisme de ce phénomène est simple : chaque insecte comporte un oscillateur, comme un métronome, dont le minutage s'ajuste automatiquement en réponse aux flashes des autres.
Je crois qu'il n'y a peut-être pas de coïncidences dans ce monde. Il doit y avoir un rapport entre les phénomènes qui arrivent en même temps." p.127

Ce dernier tome permet de recroiser à nouveau Mariko Takahashi, déjà présente dans le tome 3 où elle évoquait la question de ses origines.
Ce personnage occupe un rôle-clé dans l'histoire qui implique les autres protagonistes. Son histoire de vie et le secret qui la sous-tend font d'elle un personnage que j'ai trouvé plus attachant que les autres. Aussi n'ai-je pas été étonnée de lire que plusieurs blogueuses avaient préféré les tomes 3 et 5.

"Le poids des secrets" présente une structure précise, semblable à un puzzle. Si le tome 1 permettait d'en définir le contour à l'image d'un teasing suffisant pour jeter les bases de l'histoire et introduire les différents personnages, les tomes suivants offrent à chaque protagoniste l'occasion de donner sa version des faits, une "vérité" qui varie en fonction de ses connaissances et de son rôle dans l'histoire.
Ainsi, tome après tome, le lecteur reçoit une pièce de puzzle supplémentaire, un détail qui modifie légèrement la perception qu'il avait de l'histoire originale.
Cette structure particulière a l'avantage de proposer différents points de vue mais comme elle en réfère toujours à la même histoire initiale, elle engendre fatalement un certain nombre de redites (événements historiques, symboles, caractérisation des personnages) !

"Le poids des secrets" évoque les retentissements que peuvent provoquer les secrets sur différentes personnes unies par le malheur. Des secrets qui ne sont jamais divulgués aux personnes directement concernées mais laissés en héritage par des ancêtres morts (ou presque) au détour d'une lettre, d'un journal ou suite aux questions posées par la génération suivante dont la vie menace de suivre le même chemin.
Si je n'ai pas du tout été emballée par le style minimaliste de l'auteure (mais je pense l'avoir assez souligné...), je reconnais que ce récit à plusieurs voix, abstraction faite des récurrences, a toutefois le don d'accrocher le lecteur par l'empathie qu'il suggère (plus qu'il ne dévoile), chez le lecteur.
Je crois que c'est sans doute la raison qui m'a poussée à aller jusqu'au bout de cette série malgré mes réserves et bémols... Si je n'ai pas été séduite comme d'autres l'ont été, je ne regrette pas ce "Dallas" asiatique pour autant :)

"Hotaru" était une lecture commune avec Manu et Restling dont je file découvrir les billets !

D'autres avis : Leiloona - Clara - George - Keisha - Stephie - Marie - Theoma

2 novembre 2010

Wasurenagusa - Aki Shimazaki

Quatrième tome de la pentalogie "Le poids des secrets" (rappel des précédents billets : tome 1 - tome 2 - tome 3), "Wasurenagusa"(myosotis en japonais) retrace le parcours de Kenji Takahashi, mari de Mariko et beau-père de Yukio.
Kenji Takahashi, narrateur, songe à son enfance passée auprès de parents autoritaires et se souvient avec tendresse de Sono, la nurse qui veilla sur lui lorsque sa mère tomba malade.
Les origines douteuses de la jeune femme poussèrent les parents de Kenji à l'exclure de la maisonnée mais le jeune homme continua de lui rendre visite en cachette de sa famille.
Divorcé de Satoko avec laquelle il ne parvint pas à avoir d'enfant au bout de 3 années de mariage, il vit mal la solitude et ses parents poussent leur fils unique à se remarier afin de concevoir un héritier.
Au détour d'une promenade, Kenji tombe sur une église dont le toit nécessite quelques réparations. C'est à cet endroit qu'il rencontrera Mariko, cette mère célibataire qui deviendra son épouse malgré le désapprobation de ses parents...

Comme c'était déjà le cas pour les précédents tomes, "Wasurenagusa" présente une structure bipartite enfance-vieillesse.
A 46 ans d'intervalle, Kenji évoque majoritairement les deux êtres qui comptent le plus dans sa vie : Mariko - son épouse - et Sono - son ancienne nurse -, deux femmes qui ont en commun des "origines douteuses" tel que l'avancent ses parents, un passé sentimental et familial similaire dissimulé par un secret gardé toute une vie ainsi qu'un même amour pour ces fleurs que sont les "wasurenagusa".

" Connais-tu l'histoire de wasurenagusa?

Je répète :

- L'histoire de wasurenagusa?

- Oui. Sais-tu pourquoi cette fleur s'appelle comme ça?

- Non. Pourquoi?

Elle raconte :

- Au Moyen Age, un chevalier se promenait avec sa belle au bord du Danube. Il s'appelait Rudolf et elle, Berta. La fille aperçut, sur la rive, de petites fleurs bleues et elle voulut les avoir. Rudolf descendit. En les cueillant, il tomba dans le courant rapide. Désespéré, il se débattit, mais en vain. Berta paniqua. Il cria, en lançant les fleurs vers elle : "Ne m'oublie pas!" et il disparut dans l'eau...

En l'écoutant, je me rappelle la rivière d'Irtych que j'ai vue dans la région d'Omsk où s'épanouissaient les fleurs de niezabudoka. Une jeune femme danse, portant une guirlande sur les cheveux. Un petit garçon court autour d'elle." p.121

Le style minimaliste de Shimazaki ne réussit toujours pas à me convaincre, je l'ai même trouvé très factuel dans ce tome, plus que dans les précédents.
S'ajoute à cela une structure répétitive qui commence à me lasser. Toujours cette seconde partie qui offre une révélation faisant office de coup de théâtre final et cette impression que de toute façon, personne n'est ce qu'il croit être.
L'auteure glisse des allusions à des événements historiques et des considérations personnelles sur l'histoire de son pays dans la bouche de ses personnages mais toujours par petites touches, comme si elle ne désirait pas approfondir le sujet.
Les clins d'oeil aux tomes précédents se manifestent par le biais des différents symboles évoqués (tsubaki, hamaguri, tsubame) et quelques détails laissés en suspens trouvent explication.
Je n'ai pas appris grand chose dans ce tome 4 si ce n'est un secret supplémentaire. J'ai eu comme l'impression de tourner en rond et si je suis quand même résolue à lire le dernier tome, c'est uniquement pour clore le sujet...

"Wasurenagusa" était une lecture commune avec Manu et Restling dont je file découvrir les billets !

D'autres avis : Pimprenelle - Leiloona - Clara - George - Keisha - Karine:) - Stephie - Marie - Theoma