4 mai 2010

Ecrivain cherche place concierge - Nicolas Ancion


"Ecrivain cherche place concierge" est le troisième roman de l'écrivain belge Nicolas Ancion, paru en 1998 aux éditions Luc Pire.
Comme le titre le laisse deviner, nous partons à la rencontre d'un écrivain, Victor, en panne d'argent comme d'inspiration. Si seulement il pouvait mener la vie de château, ça ferait bien ses affaires ! Et voilà justement que Victor a posté une annonce, "ECRIV.CH.PL.CONCIERGE", et qu'un châtelain souhaite l'engager. C'est ainsi que le jeune homme part pour le lugubre village de Soheit-Tinlot et rejoint le château où il est accueilli par le bras droit du maître de maison, Pinot, qui n'est autre qu'un...lapin en peluche !
Alors qu'il pensait trouver le calme dans cette région reculée, Victor va se retrouver coincé dans un petit monde aussi déluré qu'improbable !

Voilà déjà un moment que j'avais repéré ce roman. Malheureusement, je ne parvenais pas à mettre la main dessus. Oui c'est vrai, j'aurais pu le commander en ligne sur machin chose mais voyez-vous, je fais partie de cette vieille école qui a besoin d'entrer en contact avec le livre et d'en feuilleter les pages avant de se décider (je ne me fie désormais plus aux quatrièmes de couverture, comme aux teasers de film d'ailleurs).
Bref. C'est donc à la Foire du Livre de Bruxelles que j'ai enfin eu l'occasion de me procurer cette année ce petit roman au titre alléchant.
A peine avais-je eu sous les yeux les énoncés des différents chapitres que je tenais déjà l'ouvrage sous le bras.

" Où l'on assiste à un bien agréable repas
J'aimerais mieux un lavement ! GUSTAVE FLAUBERT " p.41
" Où l'on parle de chips, de jambes et de tartes au riz
J'ai connu de grands écrivains, ils ne pouvaient jamais parler de ça. MARGUERITE DURAS " p.73
A l'image d'Alice au Pays des Merveilles, Victor tombe lui aussi dans un trou...paumé...au fin fond du Condroz. Un village aussi laid qu'il semble inoffensif et qui pourtant donne tout son sens au proverbe qui nous enjoint à nous méfier de l'eau qui dort. Tout comme la blondinette, il y fera la connaissance d'un lapin blanc qui à défaut de s'en aller pour cause de retards à répétition, se révélera kamikaze et se battra avec lui et Robert l'ours brun contre une armada de manchots féroces.

En marge de ce conflit armé se distille le portrait de Victor qui est avant tout un grand rêveur.
On est d'ailleurs en droit de se demander quelle est l'importance de la part autobiographique apportée dans ce roman quand on prête notamment attention à la dédicace de l'auteur à " la jeune fille qui aime toujours le chocolat" ou encore au texte rédigé par Victor qui se trouve être un ouvrage de l'auteur paru en 1999 : "70 raisons de péter en public " (70? Tant que ça, vraiment?)
Appliqué à Pinot le lapin, ça donnerait plus ou moins ceci :

Bref, un peu de sérieux que diable ! Je disais donc. A l'instar de nombreux écrivains, Victor passe son temps à donner une seconde vie aux événements et à imaginer les différentes possibilités qui s'offraient à lui au moment fatidique où il aurait pu endosser le rôle du héros, notamment auprès des femmes qui restent pour lui des énigmes à résoudre.

" En tout cas, si je n'avais qu'un seul conseil à donner aux jeunes célibataires dans mon genre, songe Victor, c'est d'observer en détail chacun des gestes que j'opère en vue de séduire, de noter avec précision toutes les démarches que j'entreprends pour conquérir le coeur d'une de ces jolies femmes et de veiller, à partir de ces observations, à ne jamais, mais là vraiment jamais, se lancer dans des entreprises aussi stupides. En d'autres termes, le mieux est encore que chacun fasse comme il le sent. Et en ce qui me concerne, tout ce que je sens, c'est que ça pue. J'attire autant les jeunes filles qu'une exposition de marteaux ou une rétrospective sur l'évolution des cailloux depuis l'invention du gravier." p.22

Ce qui fait le charme particulier des récits de Nicolas Ancion, c'est un style toujours très imagé et teinté d'humour pour accompagner les descriptions d'un univers décalé et faussement gentillet.
J'ai retrouvé dans ce roman tout ce qui m'avait déjà plu dans le recueil de nouvelles "Les ours n'ont pas de problème de parking" dont j'avais parlé ici.

" Un lapin disque-jocquet, un ours déménageur : tout s'annonce pour le mieux. Tout à l'heure, on apprendra à Victor que la mariée est une grenouille et sa belle-mère une brosse à ongles. Il ne bronchera pas. C'est normal. Il aura vidé trois ou quatre bouteilles de champagne, selon toute probabilité, et il sera allongé sur le palier de bois verni, juste en dessous de la somptueuse tapisserie qui représente une tuerie de cerfs. Victor aimerait qu'un faon et une biche se présentent à la noce. Ca mettrait de l'ambiance de les voir s'offusquer devant la crudité du tableau. Et les animaux ne sont pas moins susceptibles que les êtres humains, bien que quelques acharnés du genre Saint-Exupéry tentent de faire croire le contraire aux enfants en bas-âge." p.78
Je vous invite à découvrir la plume de Nicolas Ancion si ce n'est pas déjà fait ! Quant à moi, j'y reviendrai certainement avec l'espoir d'un plaisir de lecture sans cesse renouvelé !

Un autre avis : Lily et ses livres

"Ecrivain cherche place concierge" était une lecture commune avec Manu dont je file découvrir le billet !

18 commentaires:

  1. Un écrivain que je ne connais pas et hop noté ! tu m'as fait rire de matin avec ton logo de lapin péteur ..

    RépondreSupprimer
  2. Très tentant ! De l' humour comme je l'aime, je pense. Bravo pour la photo du lapin ( j'étais pliée de rire!)

    RépondreSupprimer
  3. Je ne connaissais pas jusqu'à ce que j'en entende parler en bien sur je ne sais plus quel blog. Je l'ai déjà noté, là ton billet ne fait qu'attiser un peu plus ma curiosité ! :)

    RépondreSupprimer
  4. Bizarre, bizarre mais pourquoi pas ? Au contraire! J'ai noté!

    RépondreSupprimer
  5. je viens de lire le billet enthousiaste de manu; je note donc

    RépondreSupprimer
  6. @Aifelle : oui, à croire que l'auteur m'a inspirée ^^

    @Clara : tu devrais l'apprécier miss !

    @Leiloona : tant mieux alors ;)

    @Mango : yes ! Bonne lecture !

    @niki : c'est une lecture commune réussie ^^

    RépondreSupprimer
  7. C'est noté, et j'avais déjà noté "l'ours...". Ton livre ne serait pas tenté par un petit voyage, par hasard ?

    RépondreSupprimer
  8. J'adore ton billet. Je n'avais pas fait gaffe pour le livre "70 raisons de péter en public". Je pense que je sais à qui je vais l'offrir celui-là !

    RépondreSupprimer
  9. Merci pour la lecture détaillée. Une note de blog, ça fait déjà plaisir, mais deux le même jour, c'est l'avalanche. Mille mercis pour l'enthousiasme !

    RépondreSupprimer
  10. Dites les filles, s'il est Bruxellois ce Nicolas Ancion, et vu notre enthousiasme, moi je dis que peut-être...., non ? Si !

    RépondreSupprimer
  11. @Liliba : ça peut se négocier si tu m'envoies ton adresse par mail ;)

    @Manu : pas à ton mari quand même? ^^

    @Nicolas Ancion : mais de rien ! "J'aime beaucoup ce que vous faites" comme dirait l'autre ;)

    @Ys : il est liégeois mais je dis que si quand même ^^

    RépondreSupprimer
  12. J'aime bien aussi cet auteur, surtout qu'en plus, il est très sympatique. je n'ai pas lu ce titre par contre, je te conseille le dernier, l'homme qui valait 35 milliards ! Excellent !

    RépondreSupprimer
  13. de cet auteur je suis en train de lire "nous sommes tous des playmobiles", je ne suis pas amatrice de nouvelles et là, pourtant, j'adore ! cet humour décalé est vraiment surprenant ! je note aussi ce titre. Merci

    RépondreSupprimer
  14. Un auteur qu'il faudra que je relise! J'ai l'impression qu'on retrouve ici l'univers un rien déglingué du "Cahier gonflable", avec cependant un ancrage plus appuyé dans le réel.

    RépondreSupprimer
  15. @Géraldine : je crois que je suis bien partie pour lire tous ses titres ;)

    @Doriane : ah dans ce cas je ne manquerai pas ton billet, ce recueil est dans ma PAL depuis peu ;)

    @DF : je ne connaissais pas le Cahier gonflable mais comme je le disais à Géraldine, ils vont tous y passer ;)

    RépondreSupprimer
  16. 3 éclats de rire par ta faute... Pfeuhhh

    RépondreSupprimer
  17. Il me parle bien ce roman-ci! Ça fait un bail que je me dis que je vais lire du Nicolas Ancion (généralement à chaque nouvelle parution lol) mais là je sens que celui-ci est vraiment pour moi!!

    RépondreSupprimer
  18. @Cécile : Trois?? Bon dans ce cas, mon billet est réussi ^^

    @A girl from earth : Fonce Alphonse! ;)

    RépondreSupprimer