22 août 2009

Firmin - Sam Savage



Un titre qui aurait pu se lire en verlan tant le personnage illustré en couverture fait peine à voir ( à moins qu'il ne soit tout simplement hypnotisé par les livres?).
Outre la recommandation flatteuse figurant sur le bandeau, j'avais été attirée par le sous-titre "Autobiographie d'un grignoteur de livres", idéal pour activer un réflexe pavlovien de bibliophile!

L'histoire nous plonge dans l'univers de Firmin, un rat aux airs de vilain petit canard, laissé pour compte d'une famille de 13 enfants.
Firmin et sa fratrie élisent domicile chez Pembroke Books, une librairie située dans un quartier de Boston où, pour échapper à la faim, tous croquent les pages à pleines dents.
Resté finalement seul dans ce temple dédié aux livres, Firmin se régale du quotidien du libraire Norman Shine.
Un amour vécu en coulisses, c'est bien là le seul trait commun entre Firmin et Rémy de Ratatouille ( ça fait aristo-rat dit comme ça).
Firmin n'a rien d'un personnage de Disney comme le glisse l'auteur :
" La seule littérature que je hais de toute mon âme est la littérature consacrée aux rats, souris comprises. Je méprise ce brave vieux Ratty dans Du vent dans les saules. Je pisse à la raie de Mickey Mouse et Stuart Little. Si affables, si mignons avec leurs petites pattes, ils me restent en travers de la gorge comme de grosses arêtes de poissons." (p.56)
Mais les personnages de Disney sont-ils si innocents dans le fond?
Lui a l'air d'en douter, comme certains ici et .

Firmin prend conscience que ces livres jusque là assimilés à une vulgaire nourriture peuvent aussi alimenter ses pensées et ses rêves.
Loin de verser dans un animalisme à la Orwell, il s'avère sans cesse plus excédé par la bestialité de ses congénères et tente par tous les moyens de communiquer avec les hommes sans rencontrer le moindre succès si ce n'est auprès de Jerry Magoon, un écrivain expérimental et bohème qui loge au-dessus de la librairie.
Les solitudes se rejoignent alors dans une complicité à demi-mots entre l'animal et l'homme.
Malheureusement le petit monde de Firmin finira par s'effriter à l'image des murs de son quartier.
Une fin à la "Fight Club" (ah les Pixies!) avec le phallus en moins (quoique).

J'ai aimé le choix du récit à la première personne qui amorce une connivence entre le personnage et le lecteur et qui laisse penser à une confession, les nombreuses mentions de livres ( bien que pas assez développées selon moi) et la transition assez bien menée par l'auteur pour faire passer Firmin de simple rat à rat civilisé (et non domestiqué comme il le souligne).
Firmin m'a fait penser à un humain prisonnier dans un corps de rat, un personnage au fond dépressif ( les livres et les "Mignonnes" le divertissent, le reste le déprime) qui ne se sent à sa place ni parmi les rats dont il méprise la bassesse ni parmi les humains qui le jugent selon des clichés liés à sa race.
Un portrait en dents de scie d'un personnage à qui la vie offre de petits répits à défaut de grands bonheurs.

Je n'ai pas aimé le début de l'histoire qui annonce très vite la couleur façon Inspecteur Columbo :
" Mais je ne vais pas m'angoisser là-dessus maintenant. J'aurais toujours l'occasion d'angoisser plus tard." (p.18)
" Les bombardements avaient transformé la ville en un champ de ruines, ce à quoi Scollay Square va ressembler dans quelques chapitres." (p.25)
" La créature chétive que j'étais à l'époque n'avait pas la moindre idée des souffrances qui l'attendaient." (p.33)
Globalement, je n'ai pas vraiment réussi à rentrer dans le livre et à éprouver sinon de l'empathie, de la tendresse pour Firmin, peut-être à cause de cette ambivalence qui domine le portrait et qui présente un côté dérangeant.

Un avis "moit-moit" qui présage donc un conseil : soyez rats et gardez vos sous en Poche.

D'autres avis : Mobylivres - La pause lecture - Musarder - Yspaddaden - Vilaine Fifi - L'accro des livres - Clarabel - Miss Orchidée - Happy few

3 commentaires:

  1. Il est sur ma LAL depuis un moment... Il figurera peut-être sur la liste de mon Challenge ABC 2010. Ton avis m'a alléchée.

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  2. Disons que l'appréciation de ce livre dépend, comme c'est le cas pour la majorité des livres, de ton état d'esprit au moment de la lecture.
    A éviter en cas de coup de blues en tout cas!

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  3. Nos avis se rejoignent un peu, j'ai eu beaucoup de mal au début aussi, puis finalement j'ai apprécié ce petit rat qui ne trouve pas sa place. Je vois que le passage sur les personnages Disney t'as aussi marquée, je me suis fait regarder de travers dans le métro parce que je souriais bêtement!

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