9 août 2009

Jours sans faim - Delphine de Vigan


Il serait sans doute légèrement déplacé de ma part de dire que j'ai "dévoré" ce roman en regard du sujet dont il est question ici. Et pourtant.
Plus qu'un nième témoignage sur l'anorexie, " Jours sans faim" évoque le lien tortueux entre le corps et l'esprit au travers du personnage de Laure et de son double schizophrène Leanor.
Pas de détails trash, pas de clichés sous forme de purges à répétition pour ressembler aux squelettes de magazines, Laure veut juste rétrécir, disparaître. Elle a choisi de ne plus manger.
Autour d'elle gravitent démons intérieurs, parents toxiques, patients (le personnage de "la bleue" est particulièrement méprisant) et amis, causes ou remèdes de ce mal-être avant tout intérieur.
Et puis il y a ce médecin doucement impartial en qui Laure placera toute sa confiance et dont elle dira qu'il lui a sauvé la vie.

Deux incohérences tout de même selon moi :
- le médecin qui réussit à la convaincre de se faire hospitaliser sort de je ne sais où : un soir il l'appelle pour lui proposer son aide et elle ne semble pas trouver ça anormal, trop heureuse sans doute que quelqu'un veuille l'aider.
- Laure ne voit aucun psychologue durant ses 3 mois passés à l'hôpital. Non pas qu'un compte-rendu psy soit indispensable à la compréhension de la détresse du personnage mais quand on sait à quel point l'esprit peut influencer le corps dans ce genre de maladies, la présence d'un psy dans l'histoire me semblait tout de même indispensable voire logique.

Cela dit, ces deux détails n'enlèvent rien à l'histoire ni à la capacité de l'auteur d'illustrer avec justesse la palette de sentiments souvent contradictoires qui sied à l'anorexie mentale et aux troubles des comportements alimentaires en général.

3 commentaires:

  1. as-tu lu le pavillon des enfants fous de Valérie Valère ?

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  2. Non, je reste toujours un peu méfiante vis-à-vis de ce qui touche aux témoignages/récits de vie, sans doute à cause d'une appréhension pudique à voir le pathos/trash déborder sur l'objectivité du narrateur.
    J'ai d'ailleurs apprécié "Jours sans faim" pour la prise de recul et l'absence de jugement de l'auteur.
    Je suis allée lire le résumé du pavillon des enfants fous, l'appréhension est là mais pourquoi pas? :) ( peut-être pas tout de suite, enchaîner les deux ne me semble pas une bonne idée).
    Amusant nom de plume choisi par l'auteur cela dit mais heu...le service psychiatrique dans l'hôtel parisien mérite de plus amples explications (ou simplement une lecture):)

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  3. Je viens de finir ce livre magnifique.
    L'absence de psy que tu mentionnes ici ne me surprend pas plus que cela. Je connais un peu ce genre de "séjour" et je peux te dire que tu peux rester 3 semaines en clinique psy sans voirun psychologue pour discuter vraiment. Tu as le psy médoc qui passe tous les jours, qui demande, ça va, ca va pas, bien dormi ? On laisse comme ça les médicaments... 5 mn top chrono, pas le temps d'ouvrir les barrière ou de faire une fente dans la forteresse.

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