14 août 2009

La maison des lumières - Didier Van Cauwelaert


J'ai achevé ce roman il y a deux mois déjà. Un achat faisant suite à une agréable journée passée à l'inauguration du Musée Magritte à Bruxelles et coupant court à ma résolution de participer même modestement à ce tapage médiatique entourant le peintre et son oeuvre.
S'ajoutait à cela une certaine réticence vis-à-vis de cet auteur qui m'avait tant bouleversée dans les débuts, avec ses personnages extraordinairement ordinaires, attachants, toujours en quête d'un autre ou d'un ailleurs.
A l'aube de mes 18 ans, j'avais eu la chance de tomber sur un prof de français qui, loin de dénigrer les auteurs classiques, encourageait ses élèves à la découverte d'écrivains dont les romans s'inscrivaient dans une réalité plus proche de la leur.
C'est ainsi qu'au hasard d'une liste de lecture et d'un livre choisi uniquement sur base d'un titre, j'ai découvert avec émerveillement " L'Education d'une fée ".
D'année en année, romans après romans, je devenais une lectrice des plus fidèles, attendant avec impatience la sortie du prochain.
Ce n'était pas tant les histoires qui me plaisaient, plutôt cette écriture simple mais traduisant parfaitement des sentiments complexes dans lesquels je finissais par me retrouver d'une manière ou d'une autre.
Mais à grandes attentes, grandes déceptions. C'est ainsi que j'ai décroché à la sortie de "L'Evangile de Jimmy " qui fut suivie de " Cloner le Christ ".
Mais qu'est-ce qu'il me faisait là avec ses élucubrations surnaturelles!

Seconde déception à la lecture de " La nuit dernière au 15ème siècle " dans lequel l'auteur marie ses deux thèmes de prédilection : des histoires d'amour torturées pimentées d'expériences aux frontières du réel.
Comme toujours on y retrouve des anti-héros, des personnages aux professions ordinaires, marqués au fer rouge par l'absence d'une stabilité familiale et en quête d'identité, d'un sens de la vie qui leur échappe.
Mais ce qui me dérange dans les derniers romans de Van Cauwelaert, c'est cette idée récurrente selon laquelle la découverte de la clé, de cette clé qui signe la fin d'un parcours initiatique et fait passer les personnages de victimes à acteurs de leur propre vie, passe irrémédiablement par une expérience mystique.
Qu'il n'y a qu'en cotoyant un monde parallèle, un phénomène inexplicable, une fausse mort qu'on peut vraiment apprécier la vie.

" La maison des lumières " suit la même voie.
L'histoire débute à Venise par une rencontre entre Jérémie Rex, ancienne star de sitcom reconvertie en "intermittent du pain", et Philippe Necker, un illuminé chasseur de fantômes.
Rien ne les rapproche si ce n'est le vécu d'un amour à sens unique qui les rend aussi paumés l'un que l'autre.
Se remémorant la fascination de son ex pour le tableau "L'Empire des Lumières" de Magritte, Jérémie se rend dans un musée de la Cité des Doges et y découvre la célèbre toile.



Il sort alors de son propre corps et intègre durant 4 minutes 30 le tableau dans lequel il revivra les premiers instants vécus avec la femme de sa vie.
Il se met en tête de revivre cette "NDE" (Near Death Experience), à jouer les Dr Spok grâce à l'appui de Philippe Necker et d'une poignée de scientifiques un peu douteux pour finalement attérir à Mantes-la-jolie, à fumer un pétard avec Chico, un chamane qui parle aux plantes.
Il mène l'enquête, continue de creuser jusqu'à réaliser que le sens de sa vie ne se trouve peut-être pas dans ce tableau comme il le pensait.

Pourquoi l'avoir lu malgré tout? Je crois tout simplement que lorsqu'on s'est attaché à un auteur durant de nombreuses années, il est difficile de "décrocher" en éludant cette tentation de lui laisser une dernière chance.
Le début s'annonçait bien mais j'ai vite déchanté avec ces histoires de "NDE" et de "moi superlumineux". Repousser ses limites pour avancer oui mais j'ai sans doute un esprit trop cartésien pour ce genre de lubies.
Sans compter que j'avais constamment en tête ce générique de "X Files" qui perturbait mes tentatives de concentration et a transformé ma lecture en grosse rigolade (ce qui dans le fond n'était peut-être pas plus mal).
Bah voilà, même si je n'ai pas tourné la page concernant les romans précédents de l'auteur, je me dis que pour ceux à venir, ce sera une autre histoire. Pitié pas les vierges qui pleurent du sang!

Pour tout de même finir par une note positive, je pioche quelques idées trouvées dans un article du Télérama Hors- Série consacré à Magritte et intitulé "Le pot(pourri) belge" :

- La Belgique est le seul pays au monde où un ministre parvient à chanter l'hymne national français à défaut de "La Brabançonne" sans qu'il lui soit demandé de démissionner.
Où même un roi a réussi à abdiquer pour une journée afin d'éviter de manifester son désaccord par rapport à la dépénalisation de l'avortement (pour remonter sur le trône dès le lendemain bien entendu).
- Elle est également le seul pays au monde à disposer d'un réseau d'autoroutes visible depuis les satellites et navettes spaciales.
- Les Belges cafouillent dans leur architecture comme dans leur langage. C'est ainsi que pour dire "oui", on dit "non, peut-être!"
- Evidemment, l'allusion à Jean-Claude Van Damme était trop tentante!
" Si tu es perdu dans la forêt et que tu restes immobile pendant deux ans, il va pousser de la mousse sur un côté de tes jambes : c'est le nord!"
Personnellement, je préfère laisser Jean-Claude dans son ouest et continuer d'apprécier "ce plat pays qui est le mien".




D'autres avis : Mille et une pages

5 commentaires:

  1. Enfin j'ai la réponse à "Qui était n°1 au hit-parade le jour de votre naissance? Je ne pouvais pas m'attendre à mieux (sourire).

    Je connais de cet auteur que le nom mais pourquoi pas en lire un.
    Au moins ton avis est plein de franchise.J'aime bien.
    Bonne fin de journée

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  2. C'est un auteur plus prisé par la gente féminine je pense, alors que ses héros sont majoritairement des hommes.
    Je crois que l'appréciation/la non-appréciation de cet auteur dépend des sensibilités de tout un chacun, d'un genre ou d'un autre.

    Bonne soirée:)

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  3. ça dépend aussi largement des livres... Certains sont vraiment excellents et d'autres franchement médiocres. J'ai adoré UN ALLER SIMPLE et j'ai été plus que déçue par le très mauvais LA DEMIE PENSIONNAIRE

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  4. L'auteur, je ne connais pas. Mais fan de Magritte, je serai bien capable de lire le livre juste pour cela. Quoi que ça ne m'a pas porté chance avec "La jeune fille à la perle", ces réactions-là...

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  5. Déçu moi aussi. pas à la hauteur d'un auteur de renom !

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