En librairie depuis le 22 août, "Manuel de survie à l'usage des incapables" est un roman de l'écrivain belge Thomas Gunzig, notamment auteur de "Mort d'un parfait bilingue", "De la terrible et magnifique histoire des créatures les plus moches de l'univers" ou encore du recueil de nouvelles "Assortiment pour une vie meilleure".
Jean-Jean, agent de sécurité dans un supermarché, installe des caméras de surveillance pour tenter de surprendre la liaison entre la caissière Martine Laverdure et Jacques Chirac Oussomo, responsable du rayon primeurs.
Lorsque la DRH leur annonce leur intention de les licencier pour faute grave, un incident ôte la vie à Martine.
Pendant ce temps, une bande de 4 frères loups (Blanc, Noir, Gris et Brun) issue d'une cité braque un supermarché.
A l'annonce de la mort de leur mère, la meute décide de se venger et se lance à la poursuite de Jean-Jean, se heurtant au passage à Marianne, la femme de celui-ci, dotée de gênes de mamba vert...
" On avait beau tourner la chose dans tous les sens, la seule réponse possible à l'existence de l'homme sur terre, c'est qu'il est là pour contrôler le système, c'est ce qu'il fait de mieux, c'est son plus grand talent.Tout comme dans "Mort d'un parfait bilingue", Thomas Gunzig nous dévoile à nouveau une vision désabusée du monde, qui s'incarne cette fois dans un supermarché corrompu par les lois du capitalisme.
Et le contrôle du vivant n'a été qu'une étape dans un processus beaucoup plus large, un processus qui plonge ses racines dans cette longue évolution qui dure depuis la domestication du feu, la maîtrise de l'agriculture, l'économie de marché, la copyright de la recette des nuggets par Ray Croc, la privatisation de l'eau potable par Nestlé, la privatisation de l'eau de mer par Apple, la privatisation de la reproduction humaine et l'immense marché qu'elle a ouvert à tous les grands groupes industriels...
Le vivant n'est qu'une étape et d'autres choses se passent à très très haut niveau ! " p.364
Pourquoi s'emmerder à licencier une caissière au motif qu'elle scanne un peu trop lentement alors qu'on peut lui coller une liaison sur le dos et la virer pour faute grave sans indemnités ?
Quant à Jacques Chirac Oussomo, peu importe ses années d'ancienneté, c'est malheureusement "un dommage collatéral"...
Après tout, c'est chacun pour soi. Le rendement passe avant l'humain, interchangeable et relayé à un simple maillon de la grande chaîne de distribution.
Symbole par excellence de ce monde sans scrupules, Marianne se révèle prête à tout pour servir au mieux ses intérêts.
En marge de cet univers implacable, une meute de 4 loups qui n'obéissent qu'à la féroce loi de la jungle sèmeront un bordel tout sauf joyeux dans cette organisation bien rôdée.
La police ? Nul besoin d'intervenir, les assurances rembourseront...
Cible au centre de cette chasse à l'homme, Jean-Jean compte sur l'aide de Blanche de Castille, agent au service Sécurité et Protection qui, contrairement à sa femme ne possède pas des gênes de mamba vert mais de loutre...
Certains humains (mais pas tous, pourquoi ?) ont ainsi fait l'objet de croisements génétiques avec des animaux mais je n'ai pas compris en quoi le recours aux gênes de loup constituait un délit par rapport à d'autres animaux, comme je n'ai pas saisi cette histoire d'upgrade HP (si quelqu'un peut éclairer ma lanterne à ce sujet ?)...
Tout est ainsi placé sous copyright, y compris la vie après la mort (rachetée par Ikea...).
Si l'on s'en tient strictement à son histoire, "Manuel de survie à l'usage des incapables" n'offre rien de bien particulier : récit d'une chasse à l'homme pimenté d'une dose de romance et de science-fiction.
Non ce qui m'a surtout intéressé dans ce roman, c'est précisément son emballage, la façon dont l'auteur inscrit son histoire dans un contexte économique et social aussi glaçant que réaliste sur bien des points, dressant ainsi la chronique d'un monde sans pitié.
Au lecteur d'en tirer les conclusions qui s'imposent, l'auteure ne se pose ici pas en juge.
Sujet sombre voire carrément noir auquel viennent pourtant brillamment se greffer l'humour de l'auteur et cette écriture visuelle qui me parle toujours.
Un roman qui vaut le détour !
MERCI à Babelio de m'avoir envoyé ce roman !
Bon ton avis est quand même positif, ça me rassure sur ma prochaine lecture !
RépondreSupprimerOui oui, j'ai vraiment passé un bon moment avec ce roman. Curieuse de te lire à ce propos :)
SupprimerLe titre ne de disait rein mais après ton billet ma curiosité est titillée !
RépondreSupprimerAlors si ce roman est bien emballé....
RépondreSupprimerJ'ai aimé ma découverte de cet auteur, avec ce roman! J'espère y revenir.
RépondreSupprimerMode blonde on: je ne suis pas sûre d'avoir tout compris au résumé! mode blonde off !
RépondreSupprimerJ'ai eu plusieurs fois le livre en mains depuis qu'il est sorti et j'ai toujours eu un doute sur "l'emballage", justement. Mais ton billet donne envie d'aller plus loin...
RépondreSupprimerJ'ai eu plusieurs fois le livre en mains depuis qu'il est sorti et j'ai toujours eu un doute sur "l'emballage", justement. Mais ton billet donne envie d'aller plus loin...
RépondreSupprimerUn auteur que je n'ai jamais lu, à tort sans doute.
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