25 octobre 2009

La maladie de la mort - Marguerite Duras


"La maladie de la mort" est le récit d'un huis clos mettant en scène un homme incapable d'aimer et une femme payée pour se soumettre à ses volontés durant plusieurs nuits passées à l'hôtel.
Tous les soirs se tient le même cérémonial, la femme arrive, s'étend nue sur le lit et s'endort.
L'homme la détaille, la touche, dort et pleure contre son corps, la regarde à nouveau mais sans jamais la voir.
Ils se parlent parfois, jamais très longtemps, il veut comprendre, elle lui révèle qu'il est atteint de la maladie de la mort.
Arrivera-t-il à guérir auprès d'elle?

Voilà un texte magnifique, très court mais qui mérite d'être lu en prenant le temps de la réflexion.
La situation de huis clos que dépeint ce récit laisse entrevoir au lecteur l'intimité de deux êtres pourtant "seuls l'un avec l'autre", dans leurs mots comme dans leurs gestes, mais sans jamais tomber dans le voyeurisme car l'homme dont il est ici question c'est le lecteur.
En faisant parler son personnage masculin à la 2ème personne du pluriel, l'auteure nous invite à envisager notre propre (in) capacité d'aimer (émotionnellement et physiquement), notre relation au corps, à l'autre voire même au monde.
Mais rien n'est jamais imposé car une partie du texte est rédigée à la forme conditionnelle, laissant le lecteur libre de s'identifier ou non au personnage.
Il ne se passe pas grand chose dans le récit et pourtant je n'ai à aucun moment ressenti de l'ennui tant l'auteure parvient avec simplicité et justesse à faire éprouver chaque sensation comme à faire parler les silences.
Les personnages ne se parlent pas beaucoup mais l'histoire continue malgré tout, chaque nuit se ressemble mais n'est pourtant jamais exactement la même.
Un texte qui m'a beaucoup touchée et que je ne suis pas prête d'oublier.


Extraits :

" Elle vous demande de le lui dire clairement. Vous le lui dites : Je n'aime pas.
Elle dit : Jamais?
Vous dites : Jamais.
Elle dit : L'envie d'être au bord de tuer un amant, de le garder pour vous, pour vous seul, de le prendre, de le voler contre toutes les lois, contre tous les empires de la morale, vous ne la connaissez pas, vous ne l'avez jamais connue?
Vous dites : Jamais.
Elle vous regarde, elle répète : C'est curieux un mort. " p.44

" Ainsi cependant vous avez pu vivre cet amour de la seule façon qui puisse se faire pour vous, en le perdant avant qu'il soit advenu." p.57

18 commentaires:

  1. Bel article vraiment,ponctué en beauté par l'extrait de l'auteur! Ce style si particulier!

    RépondreSupprimer
  2. Ton billet va même réussir à faire tomber mes réticences vis à vis de Marguerite Duras. Si je le rencontre au détour d'une allée de bibli, je lirai ce livre...

    RépondreSupprimer
  3. Au fait, mieux vaut tard que jamais, j'ai enfin listé mes livres pour le challenge Folio 2 €...

    Ce challenge est vraiment sympa car j'ai retrouvé des romans et nouvelles que j'avais totalement oublié de lire !

    RépondreSupprimer
  4. Je l'avoue, je n'ai encore jamais lu d'ouvrage de Marguerite Duras (honte sur moi!!!). En fait, j'ai un peu peur de m'ennuyer ou de ne rien comprendre.

    Si ce texte est court, je tenterai peut-être l'aventure un de ces jours.

    RépondreSupprimer
  5. Comme Keltia, je n'ai encore jamais lu Marguerite Duras, pourtant j'en ai plusieurs dans ma bibliothèque. Tu as lu autre chose de l'auteur?

    RépondreSupprimer
  6. @Choco : mici^^
    @Mango : pas facile d'en parler non plus même si j'ai vraiment bien accroché à ce texte!
    @Marie : j'ai attendu longtemps avant d'attaquer cette auteure car je savais que les thèmes abordés n'étaient pas des plus réjouissants.
    Mais quelle écriture magnifique, il faudrait au moins lire un Duras dans sa vie!
    Ah ce challenge fait déterrer des livres oubliés, tant mieux alors ;)
    @Keltia : c'était mon premier de cette auteure et j'avais également des appréhensions.
    J'ai pris mon temps pour lire celui-ci même si il est très court.
    Ca m'a permis de vraiment me plonger dans le texte et je n'ai pas été déçue ;)
    @zarline : pas encore mais ce blog parlera certainement d'autres opus de Duras dans les semaines à venir!

    RépondreSupprimer
  7. Je vais commencer par le début, "L'amant" m'attend dans ma PAL. Je verrai après si j'ai envie de continuer avec cet auteur.

    RépondreSupprimer
  8. @Emilie : pas encore dans ma PAL mais je le lirai certainement!

    RépondreSupprimer
  9. j'ai lu l'amant, que j'ai adoré. Par contre, j'ai détesté Dix heures du soir en été. Alors j'hésite à me relancer dans un autre roman de l'auteure.

    RépondreSupprimer
  10. @Géraldine : un adoré, un autre détesté, il en faudra au moins un 3ème pour te décider^^

    RépondreSupprimer
  11. Je connais ce texte par une lecture publique à laquelle j'ai assisté - très beau!

    A lire à haute voix, donc?

    RépondreSupprimer
  12. @Daniel : Pourquoi pas, cela fait bien longtemps que je n'ai pas fait l'expérience de la lecture à voix haute maintenant que tu m'y fais penser!
    Peut-être serait-ce une façon de mieux s'imprégner de chaque mot du texte, je ne sais pas...A tenter donc ;)

    RépondreSupprimer
  13. Très joli texte, très étrange aussi, que je ne connaissais pas du tout...
    A vrai dire, il y a longtemps que j'avais envie de relire Duras (je pensais commencer par La douleur), pourquoi pas celui-ci ?

    RépondreSupprimer
  14. @Lily : c'était une première pour moi mais j'ai bien envie de poursuivre! "La douleur", jamais entendu ce titre, je vais me renseigner ;)

    RépondreSupprimer
  15. Houlala, je ne suis d'accord avec rien de ce que dit Cynthia sur la forme et ce n'est pas tellement mieux sur le fond.

    RépondreSupprimer
  16. @Cécile : je suis d'autant plus curieuse de lire ton billet ;)

    RépondreSupprimer
  17. Amusant de mettre en parallèle ton commentaire et celui de Cécile...

    RépondreSupprimer