4 octobre 2009

La rafale des tambours - Carol Ann Lee


J'établis souvent des comparaisons, des liens, des ressemblances entre les choses ou les gens et bien souvent, on a tendance à me signifier d'un rire moqueur que je suis décidément encore une fois à côté de la plaque.
Mais je maintiens que de temps en temps quand même je ne vise pas trop mal, par exemple quand je dis que Greg Grunberg (aka Matt Parkman de "Heroes") est un Keanu Reeves accro aux donuts :

















Bref. Mais où veut-elle en venir et quel est le rapport avec ce roman historique de Carol Ann Lee?
Je m'explique. La première impression qui m'ait traversé l'esprit en découvrant "La rafale des tambours" est cette triple similitude avec le film "Pearl Harbor"(oui oui celui avec le séduisant Josh Hartnett et le beaucoup-moins-séduisant-je-trouve Ben Affleck), tous deux traitant des mêmes sujets : la guerre et le trio amoureux.
Deux amis aiment la même femme mais, manque de bol, elle a rencontré l'un des deux en premier et l'a épousé.
Cela l'empêche-t-elle de renoncer à l'autre pour autant? Non, évidemment!

Seconde similitude : la femme dont il est question dans cette histoire est infirmière (Oui oui comme Kate Beckinsale, en même temps il n'y avait pas 36 000 options pour les femmes durant les guerres, infirmières ou fabricantes d'armes).

Troisième similitude : l'un des deux hommes va mourir.
Bon, la comparaison s'arrête là et c'est heureusement tout à la faveur du livre.

" La rafale des tambours" se déroule durant la première guerre mondiale et nous emmène au coeur des tranchées.
Mais le récit commence par la fin, à Londres, le 10 novembre 1920 alors que la guerre est achevée depuis deux ans et que le corps du soldat inconnu est acheminé par 12 hommes vers l'abbaye de Westminster.
Un soldat inconnu? Oui, pour les milliers de personnes présentes lors de la cérémonie mais pas pour Alex Dyer, un correspondant de guerre ayant fait des pieds et des mains pour intégrer le Comité de Sélection chargé de choisir le corps de celui qui incarnera à lui seul les milliers de soldats disparus au combat.
Alex leur devait bien cela à Ted et à Clare...
4 mois plus tôt, à Ypres, Alex rencontrait Daniel Lombardi, un ancien soldat reconverti en jardinier chargé avec 400 autres hommes de créer quelques 700 cimetières en France et en Belgique afin d'y accueillir les sépultures de toutes les victimes de la Grande Guerre.
Les deux hommes se lient d'amitié à tel point qu'Alex parvient à se confier quant aux souvenirs de ces dernières années.

" Muet et songeur, Lombardi écoute le journaliste tourner les pages de son carnet; tantôt il lit, tantôt il se souvient." p.196

Au fil des discussions entre les deux hommes et de la lecture d'extraits de son journal, Alex revient sur les affres de la guerre, sur l'amitié fraternelle qui l'unit à Ted devenu soldat au front et sur son aventure avec l'épouse de Ted, Clare, une infirmière officiant dans les trains-hôpitaux puis dans un centre de reconstruction faciale.

" La rafale des tambours" est un roman traduit de l'anglais et pourtant l'écriture est si limpide et si juste que l'on pourrait penser que le français fut sa première langue d'écriture.
Le récit a ceci d'original qu'il nous présente de la première guerre mondiale 3 facettes à la fois différentes et intimement liées, à l'image des 3 personnages centraux.
Alex est correspondant de guerre et lutte contre la censure journalistique entourant les récits des conflits armés. Ted est soldat et se bat en première ligne pour défendre son pays, son portrait servant de prétexte à la description de la dureté des combats et à leur impact psychologique.
Clare est infirmière et tente au mieux de panser les plaies mais aussi de soulager les angoisses de ces héros et victimes de guerre.
Grosse différence par rapport à "Pearl Harbor" (elle s'accroche à son idée la ptite) : l'histoire d'amour ne prend pas toute la place.
L'auteure est ainsi parvenue à équilibrer parfaitement les deux sujets, bien que ceux-ci s'entremêlent, et à romancer "juste ce qu'il faut".
Le récit se veut richement documenté sans toutefois verser dans le documentaire ennuyeux (ce que j'appréhendais), émouvant et dur sans tomber dans les ficelles du mélodrame.
En un mot : MAGNIFIQUE (et très justement en lice pour le Prix Femina).

Extraits :

" Si, pour un homme, le passé est plus tangible que le présent, est-ce encore le passé? Quand le présent ne veut rien dire? Et que sa propre histoire est une chose qui vit et respire, qui le soutient quand tout espoir a disparu? S'il ne peut oublier ce qui appartient au passé, comment peut-il vivre? " p.38

" Je possède encore un article du Times de ce Noël, qui encourageait les vieilles dames à brosser leurs petits roquets, genre pékinois, plusieurs fois par jour. Les poils qu'elles rassemblaient servaient à tisser des vêtements légers pour habiller les soldats blessés qui ne supportaient aucun poids sur la peau. Je collectionnais les nouvelles absurdes de ce genre et les introduisais dans mes conférences, qui renfermaient plus de vérités que n'importe lequel de mes articles parus dans les journaux." p.143

" Debout au pied du clocher de l'église, Clare contemplait la campagne sur laquelle flottait une brume blanche.
Dans ses oreilles, l'effroyable bourdonnement se poursuivait, tandis que là-bas, sur le champ de bataille, des légions de mouches noires voltigeaient, se posaient et festoyaient sur les corps des blessés et des morts.
Elle ferma les yeux et tomba à genoux.
La civilisation avait été détruite, impossible désormais, pour quiconque, de recommencer à vivre comme avant." p.222

" Car il n'existe pas de plus grand défi que l'amour : le trouver, le garder, le perdre. Parfois, je me dis que l'amour est la dernière aventure offerte à l'humanité; nous avons épuisé toutes les autres possibilités." p.253

D'autres avis : Leiloona - Winnie



Un ENORME MERCI à et aux Editions pour ce premier partenariat!

6 commentaires:

  1. Vu et noté chez Leiloona; on verra!

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  2. Je ne suis pas tellement tentée...
    En tous cas, je ne suis pas du tout d'accord avec ta comparaison sacrilège avec Keanu Reaves !!!! ;-)

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  3. Je te suis : magnifique aussi ! :D

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  4. Je suis en train de le terminer et je suis tout à fait d'accord avec toi pour la comparaison avec Pearl Harbor :-) Y a de ça. Mais pas que, heureusement !

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  5. Une maison d'édition que j'aime beaucoup.

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