12 octobre 2009

Le dernier jour d'un condamné - Victor Hugo


" Le dernier jour d'un condamné" est le journal d'un homme condamné à la peine capitale pour avoir fait couler le sang. Son identité ainsi que la description de son crime ne sont pas dévoilés.
Le journal se décline en 47 chapitres inégaux qui constituent le long monologue intérieur de cet homme à qui il ne restait que 6 semaines à vivre avant la décapitation par guillotine.
La description des lieux (le Bicêtre, la Conciergerie, l'Hôtel de ville), des rencontres avec des personnages souvent maladroitement cruels (le gêolier, l'aumonier, l'huissier, le bourreau), des réactions poignantes d'une enfant et d'une foule implacable mais aussi de la mise au fer et des rudes conditions de détention des prisonniers permettent de rendre compte de toute l'angoisse ressentie à l'attente d'une mort certaine.

Victor Hugo n'a jamais caché son opposition à la peine de mort qu'il assimilait à de la barbarie et, en choisissant de ne donner ni l'identité ni le récit du crime de ce condamné, l'auteur dédie ce roman à tous ces accusés dont le crime sera sanctionné par une sentence fatale.
Le "héros" est dépeint comme un homme presque ordinaire, ni foncièrement bête ni d'une grande intelligence, qui nous emmène dans les coins sombres de sa prison et de son esprit, faisant de nous lecteurs les spectateurs de chaque instant précédant son exécution.
Un homme qui suscite un certain attachement de par ses réactions d'une touchante simplicité mais à qui le manque de repentir fait également défaut.
Serait-ce en raison d'une (trop) courte période d'emprisonnement que le condamné ne fait qu'appréhender sa propre mort au lieu d'évoquer avec regret celle de sa victime ou la culpabilité serait-elle plutôt, comme il le dit, un sentiment précédant la condamnation?
A moins de connaître pareille situation, il est sans doute impossible de pouvoir répondre à cette question.
En revanche, "Le Dernier jour du condamné" invite chacun de nous à réfléchir à la question de la légitimité de la peine de mort, pratique abolie dans quasiment toute l'Europe mais qui reste encore de mise aux USA ainsi que dans la plupart des pays d'Afrique et d'Asie.

Extraits :

" Condamné à mort! dit la foule; et, tandis qu'on m'emmenait, tout ce peuple se rua sur mes pas avec le fracas d'un édifice qui se démolit. Moi, je marchais, ivre et stupéfait. Une révolution venait de se faire en moi. Jusqu'à l'arrêt de mort, je m'étais senti respirer, palpiter, vivre dans le même milieu que les autres hommes; maintenant je distinguais clairement comme une clôture entre le monde et moi. " p.13

" Les hommes sont tous condamnés à mort avec des sursis indéfinis." p.14

" Une fois rivé à cette chaîne, on est plus qu'une fraction de ce tout hideux qu'on appelle le cordon, et qui se meut comme un seul homme. L'intelligence doit abdiquer, le carcan du bagne la condamne à mort; et quant à l'animal lui-même, il ne doit plus avoir de besoins et d'appétits qu'à heures fixes." p.36

" Non, folie! Plus d'espérance! Le pourvoi, c'est une corde qui vous tient suspendu au-dessus de l'abîme, et qu'on entend craquer à chaque instant, jusqu'à ce qu'elle se casse. C'est comme si le couteau de la guillotine mettait six semaines à tomber." p.38

" Ils disent que ce n'est rien, qu'on ne souffre pas, que c'est une fin douce, que la mort de cette façon est bien simplifiée. Eh! qu'est-ce donc que cette agonie de six semaines et ce râle de tout un jour? Qu'est-ce que les angoisses de cette journée irréparable, qui s'écoule si lentement et si vite? Qu'est-ce que cette échelle de torture qui aboutit à l'échafaud?
Apparemment ce n'est pas là souffrir." p.77


Pour la version écrite du texte intégral : ici
Pour la version audio :


19 commentaires:

  1. Tu me donnes envie de me replonger dans mes classiques surtout que je ne connais pas ce texte de Victor Hugo.

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  2. Ce qui est incroyable avec ce livre, c'est qu'il a été écrit il y a 180 ans. Il était en avance sur son temps, le Victor !

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  4. Je recommande: ça permet de lire du Hugo, de la littérature engagée, dans une langue belle et simple et avec un suspens terrible. Je recommande aussi "Claude Gueux" sur le même principe.

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  5. @Leiloona : et à juste titre!
    @Restling : Je n'avais jamais rien lu de Rousseau à part de la poésie et bien qu'ayant beaucoup apprécié ce roman-ci, je ne sais pas si je me déciderais pour autant à entamer "Les Misérables" ou "Notre Dame de Paris". Le temps me le dira...
    @Bouh : oui, il tranchait déjà dans le vif si je puis dire...
    Enfin heureusement quand même que les guillotines trônent à présent dans les musées plutôt que dans les prisons ;)
    @Mélusine : je ne connais pas "Claude Gueux", j'irai me renseigner ;)

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  6. Je ne l'ai jamais lu, mais vu sur scène. Nous en avons ensuite parlé avec le prof. Mais le débat a tourné cours car le seul but du prof était de nous convaincre d'être contre la peine de mort...
    Bonne soirée Cynthia

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  7. Un texte qui m'a beaucoup touchée! Je l'avais trouvé d'un ton très juste et même moderne. Je me demande si j'éprouverais encore la même chose!

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  8. @Jansheng
    L'abolition de la peine de mort est le point de vue défendu par l'auteur, il est naturel que ton prof ait choisi d'en discuter avec sa classe. On ne peut certes pas imposer une vision à quelqu'un mais il me semble plutôt normal qu'un prof n'encourage pas ses élèves à approuver cette forme de loi du Talion, non?

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  9. Il faut absolument que je trouve le temps de lire ce roman. En effet, vu le thème il me paraît incontournable... Et depuis l'adolescence, c'est toujours un plaisir de lire Victor Hugo...

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  10. Je l'avais commencé il y a quelques années et pas achevé, je ne sais plus pourquoi, étant pourtant une enthousiaste des écrits de Victor Hugo et ce thème me parlant particulièrement. Il faudrait que je m'y replonge.

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  11. @Mango, Marie et A girl from earth :
    Le roman ne fait même pas 100 pages, vous ne perdez rien à le (re)tenter!

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  12. je me demande si je l'ai déjà lu? ou alors peut être étudié?
    en tout cas, c'est un roman qu'il faudrait que je lise!

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  13. "Mon corps est aux fers dans un cachots, mon esprit est en prison dans une idée" ... souvenirs de 1ere ^^

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  14. Incroyable mais je n'ai toujours pas lu Hugo. ce titre devrait pouvoir me le faire découvrir. Enfin !

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  15. Justement en parlant de la peine de mort aux USA, je te conseille la lecture de "Le chant du boureau" de Norman Mailler, basé sur un fait réel. Une grosse claque pour moi à l'époque. Ce livre là je m'en sépare pas.

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  16. @esmeraldae : à lire ou à relire ;)
    @Choco : j'en ai beaucoup moi aussi^^
    @Tiphanie : quelle mémoire, vraiment!
    Même quand un livre m'a marquée, je suis incapable d'en citer des extraits ou alors rien qu'une phrase^^
    @La liseuse : ce fut mon cas aussi, je n'ai encore rien lu d'autre de lui!
    @Kactusss : je le note, d'autant plus que cet auteur m'a déjà été conseillé il me semble ;)

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  17. Coucou ! Très en retard sur cet article, je découvre ce challenge 2 euros que je trouve super mais c'est surtout pour cette lecture que je suis tombée de nouveau sur ton blog : Je pense la lire dans le cadre d'un autre challenge alors je voulais savoir un peu à quoi m'attendre : merci pour cet aperçu !

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